
l’appelle ainfi^ mais parce que ceux de tannée
précédeme fe décollent, pendant l’hiver ; au plus
petit effort, par le poids d'un oifeaù, par exemple,
tombent & prennent racines lorfque les cir-
conftances leur font favorables. Tbut ce que jai
dit du faule blanc lui eft applicable.
J’ai cultivé fous le nom de faule décipîent, une
efpèce fort différente de celle-ci, avec laquelle
elle a été cependant confondue. Elle a l’écorce
blanchâtre, les boutons frefque noirs en hiver.
Elle a les bourgeons de’ l’année précédente très-
flexibles , & elle mérite d’être cultivée comme
O siçr. Je la foupçonne indigène , mais je ne l’ ai
jamais trouvée dans mes herborifations.
Le faule de Babyione nous a été apporté de
l ’Orient dans les premières années du dernier
fiècle. Il eft en ce moment généralement cultivé
d.ans les jardins d'agrément, autour des eaux ,
fous le nom de faule pleureur, à raifon delà récli—
naifon naturelle de fes branches, qui lui donnent
uti afpeét tout particulier & fort remarquable.
Nous ne poffédons que des pieds femelles. Un fol
hiimidelui eft le plus convenable, mais il s accommode
ailez bien de tous ceux qui ne font pas très-
acides.
Quelque précieux que foit cet arbre pour les
jardins payfagers, il ne faut pas trop 1 y multiplier,
car il y amène la monotonie. 1! ne produit de bons
effets qu’ifolé ou groupé en petit nombre fur le
bord des eaux, où fes branches fe réfléchiffent.
Un banc autour defon tronc, où on peut fe réfugier
& méditer pendant la chaleur, eft fouvent un
accompagnement très-avantageux. La fefpette
doit rarement le toucher j mais, dans fa jeuneffe,
il elt fouvent utile de diriger fes^ branches au
moyen de fupports, de manière à ce qu’elles
s;étendent au loin & régulièrement, pour former
un cabinet de verdure. 11-arrivé fréquemment que
les dernières gelées du printemps frappent fes
bourgeonsn ai Sa ns, mais il ne faut pas s’èn inquiéter,
fes pertes fe rétablilfant promptement, &
même, le plus fouvent, les branches mortes tombant
toutes feules par l’effort de la végétation.
En général, les fautes dé'Babyione produiient
plus d’effet de l’âge de fis à vingt ans, que -plus
jeunes ou plus vieux.
La multiplication de ce faute s’exécute par
marcottes eu par boutures à la fin dè 1 hiver. Les
premières s'enracinent toujours dans l’année'} les
fécondés manquent fouvent, lorfau on les fait
avec des pouffès de l’année précédente, parce
que-ces.pouffes fe defièchent avanr devoir fourni
dès racines, mais elles reufliftent fort bien effectuées
avec des ^rameaux de U groffeur du pouce ,
couchés dans des: toffes :de fix pouces de profondeur,
de manière que toutes leurs lommités fortent
de terre.
Pendant l’hiver fuiVant, tant les marcottes que
les boAiiyres iojit relevées, plantées en ligues.
à deux pieds de diftance , taillées en crochet &
affujetties à un tuteur. On peut généralement les
mettre en place à leur troiftème année.
Tout ce que j’ ai dit des qualités du bois 8c des
feuilles du faule blanc s’applique à cdui-ci.
Tous les fautes fpivans , julqu’au quarante-
fixième , s’élèvent peu & ne fe cultivent que
dans les écoles de botanique & dans les grandes
collections. Ils fe multiplient comme il a été dit
plus haut. Leur utilité pour la nourriture des
beltiaux au fommet des Alpes & aux approches
des pôles eft inconteftable, mais elle devient nulle
dans nos climats, à raifon des grandes efpèces qui
s’ y trouvent. Cependant ceux à feuilles de laurier,
à feuillès de pommier , à feuilles de prunier,
femblent offrir des avantages fous ce rapport.
Le faule marteau elt exceflivemenc commun
dans les bois & fleurit dès que les gelées ont
cellé. Il offre plulîeuis variétés , qui ont été regardées
comme des efpèces par les botaniftes.
Celle qui croît dans les terrains fecs, & dont les
boutons font très-rapprochés & très-gros pendant
l’hiver, me paroit principalement dans le cas d’être
placée parmi les efpèces.
Ce faule fait, fous le nom de vorle, la richeffe
de la Champagne ftérile , & peut faire celle de
toutes les autres parties de la France qui manquent
de bois & de pâturages. At-cun arbre ne pouffe
plus vigoureufement, .ne s'accommode mieux
de routes les natures de terrain , depuis les plus
faugeufes jufqu’aux plus arides. Ses variations en
grandeur , en forme & couleur des feuilles , font
lans fin. Ses chatons foumiflént aux abeilles une
récolte précoee & abondante d’un excellent miel,
auquel ;le pain d’épice, de Reims doit fa fupé-
riorité; Son écorce lert au tannage des cuirs > elle
eft, au rapport de quelques médecins , fupérieure
à celle du faute blanc pour guérir de la fièvre.
Ses pouffes de l’année précédente s’ utilifent pou*
faire de la grofle vannerie. Ses perches de cinq
à fix ans font très-convenables pour faire; des
cercles, des échaias , & c’eft principalement pour
ces deux articles qué fa culture eft très-avanra-
geufe dans les pays de vignoble, & doit y être
encouragée par tous les amis de notre prospérité
agricole. Son bois prend affez bien le poli, offre
une couleur de chair agréable , pefe , fe c , 41 livres
6 onces 6 gros par pied cube , & fe retrait
d’un douzième par la defticcation. Le feu qu il
donne eft peu ardent & peu durable. C ’eft pour
chauffer le four, cuire la chaux, la brique , & c .,
qu’il fe recherche le plus..Son charbon eft très-
léger & Tort propre à fervir à la fabrication de
la poudre à canon.
Mais quelque profitable que foit le faute marteau
par (on bois., c’eft pour fies feuilles qu i je
youdrois ile ) Voir cultiver , car il fournit plus de
nourriture' apx^animaux domeiiiques qu’aucun des
fourrages ordinaires ; & tous les beftiaux , meme
ries chevaux:,irfaimenc avec paffion. Je ne fâche
cependant que les deux rives dü Rhône , vers
fpn embouchure, où on l’utilife généralement
fous ce rapport , quoique beaucoup de cultivateurs
des montagnes de la ci-devant Bourgogne,
de la ci-devant Champagne, de la cfedefont Lorraine
en donnent à leurs vaches, à lëurs moutons,
& furtout à leurs chèvres, foit pendant
l’é té , foit pendant l’hiver.
Il eft deux manières de cultiver le faule mar-
ceau pour fourrage , (avoir, en le ^coupant rez-
terre, & en le tenant en têtard élevé de cinq à fix
pieds. Dans ces deux modes , tantôt on coupe
fes repouffes par moitié,, tous les ans, en août;
tantôt on les coupe tous les deux ans en totalité j
.tantôt on les coupe fucceflîvement, à mefure des
befoins. ( Voyez T êtard & Ramée. ) Je ne
puis dire laquelle de ces manières c nierve les
pieds plus long-temps en meilleur état; mais la :
multiplication du faute marceau eft fi facile & fi rapide
, qu’on doit avoir peu d’inquiétudes à cet
&gard. . .
Cette multiplication a lieu par le femis de fes
graines, par B o u t u r e s , par M a r c o t t e s &
par R a c i n e s . Voye\ c e s mots. -
Les graines fe lèment d’elies-mêmes , & leurs
«bondans produits peuvent être levés dans les bois
avec fort peu de dépenfe pour être placés en lieu
convenable.
Les boutures ne réuffiffent qu autant qu on
les exécute dans un terrain frais, avec des ramées,
ainfi qu'il a été dit à Tarticle du faute de
Babyione. .
Les marcottes né manquent jamais de s enraciner
dans le courant de la première année ,
& peuvent être' par conféquent levées dès 1 hiver
fuivant, quelles aient été faites, foit avec les
pouffes d’un an , d’ une fouche, foit avec 1 extrémité
des branches de tout âge.
Les racines font, à mon avis, le moyen le
plus rapide & le plus économique de faire des
plantations en grandi puifque l’ on peut fouiller,
lans leur être nuifible , autour des vieux pieds ,
tous les deux ou trois ans, & y trouver des milliers
de tronçons de huit à dix pouces de long,
qui tous fourniront un nouveau pied, après avoir
été^enterrés obliquement aux deux tiers de leur
longueur,^ .... .-- . . ,
Si pn veut faire une plantation de fautes mar-
ceaux èn quinconce, on les efpacera de.fix pieds
en tous .fens, Si on veut conftituer des haies,
la moitié de cette diftance fuffira. Si on veut
les faire fery.ir.à favori fer par leur ombre le femis
ou la plantation des bois d’autre effence dans
les terrains arides , on en fera des lignes, dirigées,
du levant au couchant, d’autant moins ef-
fans i-nconvénienspour eux & avec'avantage pouf
lés taillis , couper ceux qui y croiffent fponta-
nément. Il eft cependant b®h de dire que leurs
feuilles ayant été ombragées, font moins nourrif-
fantes. _ #
pacëês , que lé fol fera plus mauvais. Voye[ To-
IUNAMBOUR’. . •
Dans les pays boifés, il eft rarerr,* nt néceffaire
de faire des plantations de fautes marceaux pour
ia nourriture des beftiaux,-puifqu’on peut prefque
Le faute acuminé paroit bien diftinét du précédent,
quoiqu’ il ait été confiée ré comme une de fes'
variërés. Tout ce que je viens dé dire lui eft applicable;
cependant fes feuilles étant moins larges,
il fournit moins de nourriture aux troupeaux. Il
m’a paru qu’il.profpéroit plus dans-les terrains ar-
: gileux , qué dans les'fablo^neiix. On le cultive
beaucoup aux environs de Paris, comme ofier,
fous le nom de vache,brane^ quoique fes bourgeons
de l’année précédente (oient caffans, parce' qu il
èn fournit beaucoup & de longs, Lefqùels le
vendent bien dans cette ville pour la groffe vamie-
I rie. Il defeend beaucoup de ces pouffes par la
! Seine, de forte que j’ ai lieu de croire qu’il fournit
la moitié de l’ôfier qui y eft employé.
La culture du faute acuminé ne diffère pas de
celle des fautes à longues feuilles , jaune, rouge 8c
autres qui fourniffent de l’ofier.
I.e faule auriculé fait quelquefois le fond des
bois en terrain tourbeux, remplir fouvent les mares
de ceux en terrain argileux: cinq à fix pieds d eau
fur fes racines pendant la moitié de l’année, ne lui
nuifent aucunement. Je ne l ’ai jamais vu qu’en buif-
fôns, mais ces buiifons s’élèvent jufqu’à vingt
pieds. Il vaiie infiniment par fes feuilles; cependant
il fe reconnoît toujours à fes tiges divari-
quées, irrégulières , aplaties , unies , blanchâtres.
C ’eft un des arbres qui contribuent le plus à élever
le loi où il fe trouve, fes racines étant nombreufes
& fuperficielles. On peut emplaÿer. fes feuilles
comme celles du faute marceau, à la-nourriture des
beltiaux; mais comme elles font beaucoup plus
petites, il 11’y a pas d’avantages à le cultiver fous
ce rapport. Ses bourgeons de l’année précédente
peuvent s’ utilifer dans la vannerie grofr
fière. Sa plantation fur le bord des eaux , dans
les j dins payfagers, doit être recommandée, car
l’irrégularité de fes touffes 8«> la couleur grifâcre
qu’elles offrent, le font contrafter avec ies autres
arbres. Son bois ne fert qu’au chauffage; il m'a
paru donner plus- de chaleur que celui du faute
marceau. Malgré ces avantages, ce faule doit
être arraché partout où on peut lui fubfifter I’A une
ou le Frene, deux arbres d’une^plus grande valeur.
Voye[ ces mots.
Les fautes cendré & fphacellé fe rapprochent
infiniment de celui-ci & croiffent dans des lieux
femblablés, c’eft-à-dire, dans les petits matais des
plaines. Rarement ils parviennent à dix ou douze
pieds de haut. On les coupe à quatre ou cinq ars
I pour les donner aux beftiaux ou chauffer le four.
* Il n'y. a aucun intérêt à les cultiver.
Parmi le refte des fautes que j’ai indiqués comme
■ cultivés dans nos jardins, je ne. citerai : i°. que
le violet, n°. 94, qui m’a é?é envoyé comme