
excefiîve, par exemple, de dix-huit pieds à cinquante.
J’ai vu , eh effet, de ces arbres raillés en
boule, qui, à cinquante uns, n’offroient pas un
diamètre de plus de lîx.pieds, & 'd’autres, aban-'
donnés à eux-mêmes, préfenter trente pieds de
longueur de branches de chaque côté. Voye\
F e u i l l e s & T a i l l e .
La manière la moins contraire à la raifon de
diriger la tête des tilleuls plantés en allées , c’eft
de les tailler, au croiliant,en dedans & en dehors
de l’allée, en coupant leur tête a une hauteur
convenue proportionnée à la nature du foi,
& de laifier leurs branches croître librement dans
leurs intervalles. On appelle cette difpofirion pa-
liffad: fur t'ge, pour la diftinguer de celle où les
branches partent du collet des racines. Voye^ ce
mot & celui C h a r m i l l e .
Fréquemment on force les branches de la tête
des tilleuls y p2lï une taille annuelle, à fe porter
exclufïvemeiu fur l’ intérieur de l’allée, & par fuite
à former un berceau; mais ce berceau ne tard©
pas à n’ offrir que des branches mortes, d’un effet
défagivable r la vue, ce à quoi on cherche à remédier
pa», un Rappro chement co..j les trois à
quatre ans. ce moç.) Mais il en réfulce une
Kuftitijde de petits têtards au-deffus les uns des
su res, dV.: afpedt extrêmement défagréable pour
les promeneurs. Je propofe, en conféquer.ce» de
renoncer aux berceaux de tilleuls, toujours rr.al-
fains par î’exqès de leur humidité, 6c de les remplacer
par des allées de têtards, dont les plus
fortes branches feront coupées tous 'es ans. Il en
refuItéra qu’ il y aura en même temps de l’ombre
&: de la féchereffe, & nul afpëdt defagréabie. Plu-
fîeurs propriétaires, auxquels j'ai confeillé cette
pratique/, s*en font fi bien trouvés, qu’ ils la citent
pour exemple à leurs voifins.
Les jardins payfagers emploient en petite quantité
ces deux tilleuls, foit en tiges, foit en buif-
fhns, au milieu des gazons, aux t roi fie rie ou
quatrième rangs des maffifs. L à -, on doit les iaifl/r
le développer librement, car, à mon avis, ils font
plus, beaux dans l’état de nature que gênés par
la ferpette ou le croilfant.
Le tilleul argenté eft une nouvelle acquifîtion
pour nos jardins. Olivier en a vu de grandes plantations
aux environs de' Conflantinople, ou il
croie naturellement.
Quoique très-remarquable quand on le regarde
de près, il ne produit pas de loin des effets auffi .bbilans
qu’on le peut croire , ce qui tient fans doute
à ce que fa tête étant touffue, elle majfe trop,
pour me fervir de l’expreffion technique. D’ ailleurs,
il donne peu de fleurs en comparaifou
des autres.
Le tilleul d’Amérique eft une des plus belles
efpèces, par la raifon contraire, fes feuilles étant
très-larges & rares fe s bran ch e s fort élancées, &
fes fleurs, en ap pa rence doubles, très-nombreu-
feij On le voit a ans nos jardins depuis le commencernent
du dernier fiècle, mais il n’y eft pas auffi
multiplié que les avantages dont il eft pourvu
femblent le faire defirer.
Le tilleul pubefeent ne diffère pas affez, au
premier coup d’oeil, du tilleul de Hollande,
pour mériter d’être cultivé de préférence; au (fi
ne fe voit-il que dans Us écoles de botanique &
dans les col le étions d.-.s amateurs.
J’ai confervé ave-c foin les mères de cette ef-
pèce, que j’avois trouvée dans les pépinières confiées
à ma furveillance ; mais je ne faurois dire où
fe trouvent lés nombreux produits qu’elles m’a-
voiep.E donnés, parce qu’ils ont été livrés mêlé».
Le tilleul de la Louifiane eft à ce dernier pefi-
tivemer.t ce que le tilleul de Coiinrh? eft au tilleul
de Hollande. Je l’ai autant lultiplié qu'il
m’a été pcffible, mais je ne pourra: ; pas dire dans
quel jardin bu en pourrait trouve? un pied. C ’elt
fâcheux, car il eft.très-beau.
La multiplication dès tilleuls sVffe-étue dans les
pépinières par graines, par rejeter.«, par marcotte
s , par boutures & par greffe.
Excepté le tilleul urgence, tous donnent im-
menfément de graines, mais il eft rare que le
dixième de celles des deux o u’o:? cultive le plus,
c’eft-à-dire, de ceux de Hollande 2' de Corinthe,
foit fertile, & le ph-nç que doivent donner ces
dernières le tait quelquefois actenrbe deux ans;
c’elt pourquoi le moven de* fer-,.1; , qui donne les
meilleuis arbres, n’elt nulle part & j'ai été
moi-même obligé d-y renoncer après l’avoir effayé
pendant plufieurs années’ très çn grand i car il me
falloir, dans les pépinières de Verlai.!les , deux ou
trois mille pieds de ces arbres, tous les ans, pour
faitisfaire aux befoins.
Les graines de tilleul doivent être mifes en
terre dès qu’elles font cueillies c’eft-à-diie ,
avanr l'hiver, foie dans la planche' du femis ,. où
elles font expo fées, à être mangées par les mulots,
foit dans une folfe de deux pieds de profondeur,
lion veut qu’elles lèvent au printemps fui van t. J’en
ai vu ne germer qu’à la cinquième année du femis.
Le, plan: le relève deux ans après, pour être
planté à deux pieds en tout fens, être récépé , mis
fur un brin, taillé en crochet, arrêté à fix pieds;
enfin, pour -lubir toutes les opérations des pépinières
propres à accélérer fa croifïance 6c lui
donner une belle tige, y oye^ G r a i n e , S e m i s ,
G e r m o i r .
Les rejetons font fréquens fur le collet des racines
des tilleuls : les enlever tous les hivers eft
même un foin qu j’ai oublie de rappeler, mais ils
font rares fur les racines mêmes, &.on ne peut
compter fur eux pour une multiplication de quel-
qu’écendue. Les boutures réunifient difficilement
lorfqu’on les fait en pleine terre. On eft rarement
dans le cas de faire ufage des greffes, toutes les
efpèces connues étant dans nos pépinières. Refie
donc l’emploi des marcottes pour opérer en grand,
& c’eli celui auquel on fe tient.
Faire des marcottes avec les branches d’arbres
qui s’élèvent à foixànte pieds de haut, & qui prennent
plufieurs pieds de diamètre , n’ eft pas.chofe
facile fans une grande dépenfe d’échaffaudages, de
cornets, & c . Il a donc fallu les. tenir très bas par
une coupe annuelle ou bifnnnuelle, en faire, enfin,
ce qu’ f-n appelle des M è r e s . K°yel c e m o t &
celui M a r c o t t e .
Toutes les pépinières ont donc des mères de
chacune des efpèces de tilleuls plantées dans leur
partie la plus fraîche & la plus fertile. Leur nombre
eft proportionné à leur étendue. Il y en avoir
une centaine de mon temps dans celles de Verfail-
les, dont les deux tiers appartenaient aux efpèces
les plus employées dans les jardins, celles des
nos. 2 & 3.. Chaque hiver on enlevoit les marcottes
enracinées & on couchoit les pouffes de
l’année précédente. Voye\ Pé p i n i è r e .
Les marcottes des tilleuls font plantées en lignes
à deux pieds de diftance, récépées pendant
l’hiver fuivant, mifes fur un brin fix mois aprqs,
mis taillées en crochet & arrêtées à fix piedsfde
auteur, à leur troifième année. On peut les lever
pour les mettre en place dès la quatrième, mais
généralement on veut que les pieds foient arrivés
à la grolfeur du bras, & en conséquencebn lèslaifïe
cinq, fix,fept & même huit ans dans la pépinière ;
leur tranfplantation pouvant s’effeétuer à un âge
fort avancé, à cinquante ans, par exemple.
Pour que ia tranfplantation des jeunes tilleuls
réuffiffe mieux, il ne faut pas leur couper la tête
entière, comme on le fait fi généralement, mais
feulement couper les grofiès branches à quelque
diftance du tronc & laifler les petites , les boutons
qui fe trouvent fur ces dernières attirant la fève &
aflùrant bien plutôt la reprife dé l’arbre. J’ai vu
des tilleuls pour lefquels on n’ avoit pas pris cette
précaution, refter deux ans fans pouffer, parla
difficulté qiie les boutons adventifs de leur tronc
trouvoient à percer Pëcorce épaifîe & defiechée
de ce tronc.
On ne peut faire trop tôt les trous dans lefquels
on fe propofe de planter les tilleuls, par
l’utilité qu’ il y a que la. terre s’approprie les principes
de l’air. V^oye^ P l a n t a t i o n , A v e n u e ,
A l l é e .
TILLIACÉES. Voyei T i l i a c é e s .
TITHYMALOÏDES. Voye^ E u p h o r b i a c é e s .
TOLLE . Synonyme de S a r m e n t dans le Jura.
Voye\ V ig n e .
TRAITS DES CHEVAUX . Lanières de cuir,
ou cordes, ou chaînes attachées d’un côté au
C o l l i e r des chevaux, & de l’autre à une des
parties de l’avant-train d’une C h a r r e t t e , d’ un
C h a r , d’ un T o m b e r e a u , & c . , & qui fervent
à faire fuivre à ces derniers le cheval ou les chevaiix
qui Marchent devant. V'oye^ V o i t u r e &
A t t e l a g e .
■ TRAMOIS. Mélange de vefee, de gefie, de
pois g r is , de feigle, de froment, d’avoine , de
feves de marais, &rc.0 femés pour fourrages. Voye\^
P r a i r i e t e m p o r a i r e .
■ TR A V A IL . L’homme fe tliftingue de la brute
principalement par !e travail ; fans lu i, les.fociétés
; agricoles ne peuvent fubfifter. La ricb-’ire 6c la
force des nations font d’aftant plus grandes/ que
i ces nations font plus aélives. 11 éloigné des habi-
: tudes vicieufes & du crime.
Un travail forcé à tout âge , & furtout dans
- l'enfance , -nuit certainement aux facultés phyfi-
ques 6c morales de l’homme, & encore plus de la
femme ; mais un travail modéré afiîire, en tous
pays, la fan té Sc le bonheur.
Les gouvernemens qc" » influencés par les prêtres
, multiplient les jours de fêtes au-delà du be-
foin du repos, nuifent donc autant à la fortune
publique qu’à l’ aifance particulière.
Les pères, riches eu pauvres , qui n’ infpirefit
pàs le gaùt du travail ï leurs enfâns , agifient donc
en même temps contre les intérêts de ces derniers
& contre ceux de ta fociété en général.
Malheüreufement., ceux qui ont le plus befoin
de travailler & de faire travailler leurs enfans pour
vivre , font, ceux qui- mettent le moins d’importance
à la perte du temps. Combien de fois j’ai
gémi de voir le cultivateur pauvre pafier la journée
au cabaret, fa femme bavarder dans la rue ,
les bras croifés, avec fes voifines, fes enfans
jouer fur la place -, ou dormir au foieil !
L’expérience prouve que l’inftruélion excite le
goût des joüifiances 6c rend plus faciles les moyens
de fe les procurer par le travail: C ’eft donc de l’inf-
trudtion qu’il faut donner aux habitans pauvres des
villes-& des campagnes. J’ai c ru , au commencement
de la révolution, que des inftitutions fortes
alloient améliorer l’édiication du peuple, & mon
attente a été trompée. J’ai c ru, lorfque l’inftruc-
tion mutuelle a été introduite en France, qu’eile
alloit enfin régénérer Les baffes claffes de la fociété
; mais des obftacles que je n’oferois caradlé-
rifer, tanc leurs motifs font coupables à-mes yeux,
ont été apportés à la multiplication de s écoles.
Dans les pays de grande culture, le travail de la
terre s’exécute par des ouvriers à gage, & eft
furveilié par le propriétaire ou le fermier, l’un &
l’ autre plus ou moins inftruits.
Dans les pays de petite culture, ce font le plus
fouvent les propriétaires qui font ce travail, & il
eft rare qu’ils fâchent même lire; auffi ne mettent-
ils aucune intelligence dans ce qu’ils-font ; aufiî
ne favent-ils calculer ni l’emploi de leur temps,
ni les réfultats de leur travail. Prefque partout ils
i font plus pauvres à la fin de l’année qu’au commencement.
Avoir du pain & être cou vert, femble
être leur feule ambition. L’avenir eft nul pour