
Si le jeune bois ou le recru eft encore très- 1 I
petit, mais bien venant & en quantité fuffifante, ,
ou fi les vieux arbres peuvent être extraits fans
caufer beaucoup de tort au jeune bois, alors on
ne doit pas différer à exécuter cette extraction,
en prenant au refte toutes les précautions pour
éviter les dommages. Mais fi le fous-bois écoit
déjà rabougri, ou en trop fuible, quantité, ou
enfin dans un état te l, que fi on enlevoitles vieux
arbres il ne reftât pas allez, de jeunes plants pour
fournir une confiltance fuffifamment ferrée ( i ) ,
alors ce feroit le cas de procéder à l'enlèvement
de ce fous-bois en choififfant une année oùles
gros arbres feroient très-chargés de graines. Le
diftriét feroit mis dans l'état d'une coupe fombre
ou d’enfémencement d’ après les règles que nous
avons données précédemment ( i) . Par la fuite
on traitera le diftriél ainfi exploité , en fuivant les
règles que nous avons données à l’égard de chaque
efpèce de bois réfineux (3).
Enfin, fi le recru confiftoit déjà en perches &
brins affez forts, &. qu’ il fût non-feulement en
grande quantité, mais encore dans un bel état de
croiffance, ce qui n’arrive que lorfque les gros arbres
font éloignés les uns des autres j alors il n’y,a
pas lieu à abattre ces gros arbres, parce qu'il en
réfulteroit trop de dommage pour le jeune bfois.
Dans ce cas il faut lai lier fur pied le jeune bois crop
foible encore pour être abattu, & le vieux bois, quoiqu'un
feu fur le retour, pourvu cependant qu’il né
foie pas couronné. Par la fuite on exploitera, le
diftriét, en fuivant les règles établies à cet égard.
Il faut en un mot, pour déterminer Xexploitar
tion de ces fortes de forêts, confulter l ’expérience,
qui nous apprend que les jeunes tiges des bois réfineux
écrafées par la chute des arbres ne repouffent
point de fouche, que ces tiges fe rompent facilement,
& que fi elles font renverfée-s,'elles fe relè-
venc bien plus difficilement que les pefch.es de
bois à feuillés; qu’en outre les forêts réfineufes
qui fe trouvent dans'un état trop clair , réfiftent
.beaucoup moins à l’ intempérie, que les forêts de
bois à feuilles qui fe trouvent dans le même
état (4).
( i ) C ’eft-à-dire, un repeuplement complet.
(a) En effet, comme On auroit 'enlevé tout le'fous-bois
8c qu’on n’amoit çonfervé que les gros arbres , la coupe
feroit véritablement une Coupe d’enfemencemerit.
(3) C’eft-à-dire, qu’ on enJevera enfuite les arbres à fe-
menccs en une ou plufieurs~fois, fuivant l’efpèce de bois
ïéfineux ou l’état plus on moins ferré de -la coupe d’enfe-
mencement, & qu’après cet enlèvement total on fera dans
la jeune fucaie lè-s éclaircies périodiques qüte M. Hartig a
freferites.
(4) M. B ofc , à qui j ’avois communiqué ces Mémoires
pour les inférer dans les Anjiales-d‘Agriculture, a fait les
-obfervations fuivantes : « Prefque par-tout on exploite
les forêts d’arbres réfineux en jardinant. Je n’a-i vu dans
■ mes voyages que deux endroits très-circonfçr-k-s où on les
exploicoic autrement. Dans le premier, les landes -de Bor-
C h a p . XI. —- De la maniéré de traiter les futaies
mêlées de bois à feuillés ( chêne, hêtre3 &c. ) , &
de bois réfineux, arrivées a l'époque d'être exploitées
(1).,
Quand il s'agit d’ exploiter des forêts mêlées
de bois à feuilles & de bois réfineux, on doit examiner,
S'il convient de refpetler & de conferver par la fuite
ce mélange d'effences ,(i) *
3 4 Ou s'il convient, au contraire, de ne conferver
qu'une ejfence, 6* dans ce cas, quelle eft celle a laquelle
on doit donner la préférence?
Lorsqu'on juge à-propos de conferver le mélange,
on met le diftriét à exploiter dans l’état
d’une coupe d’enfemencement, en fe conformant
aux règles établies à cet égard & en confervant,
lors de cette coupe, des arbres à femences, tant
parmi ceux réfineux que parmi les autres. De cette
manière on obtient un repeuplement compofé de
deux fortes de bois, que l’on ûébarraffe petit à petit
de la préfence des arbres à femences, parla
coupe fecondaire & la coupe définitive. Par la
deaux, on fuivqit la méthode de M. Ha rtig, c’eft-à-dire,
celle des éclaircies périodiques. Dans 4e fécond, une forée
de la Haute-Auvergne dont je ne puis me rappeler le nom,
on fuivoit celle de M. Bùrgfdorf, c’eft-à-dire, par bandes
étroites. Il m'a paru qu’on agiffoit bien dans les landes , relativement
au but, qui eft d’avoir beaucoup de jeunes tiges
de pin pour les échalas , mais qu’on avoir dans 4a Haute-
Auvergne des repoujfées bien autrement garnies 8ç d’une
belle .venue.
j j Tous ceux qui connoifient la fragilité des arbres réfineux
dans leur jeunefle, Sc la prèfqu’impoffibîlité où ils
iont de S’élever lorfque leur flèche a été eaflëe , doivent en
effet juger que , quoique M. Hartig confeille de n’exploiter
fa dernière coupe que quand la terre eft couverte de neige,
cette manière doit , comine celle en jardinant, mutiler une
immenfe quantité de jeunes arbres, 8c par conséquent caufer
leur-mort. Dans la pratique recommandée par M. Bùrgfdorf,
cet inconvénient n’a pas lieu , parce que dès que les arbres
font coupés, on les enlève, Sc qu’on ne rentre dansla repoujfee
que lorfqu’êlle a acquis quelques années pour l’éclaircir,
opération toujours avanrageufe, qu’on ne fait pas afiez fou-
vent. » "•WÙ •i'â’t
Je répondrai à ces obfervations que les coupes par bandes
fe repeuplent fort mal dans les forêts d’épicéa Sc de fapin
commun , parce que les femences de ces arbres font allez
grofies Sc ne s’enlèvent pas loin j qu’il en eft de même de celles
du pin .maritime fq u ’a.infi.les forêts de ce genre ne peuvent
bien fe-repeupier que par le fyftème des,éclaircies. A 1 égara
de l’obfervaiion que les jeunes pins ou fapins font mutiles
par la chute des gros arbres, Sc fouvenc'privés de leur
flèche, elle n’eft point d’une application générale. Il y a
fans doute beaucoup de planes mutilés, mais ceux qui relient
intaôs Sc le grand nombre. de peux qui lèvent encore apres
la coupe définitive , ’fulfifent pour opérer un bon repeuplement.
Au furplus , l’expérience a prouvé, dans les fqrêts «le
l’Allemagne Sc dans celles que la France pqfledoic fur la rive
gauche du Rhin, que le fyftème des éclaircies eft le plus parfait
pourries forêts réfineufes. ' . .
. ( i ) Il y a plufieurs forêts de ce genre dans le midi de la
France. .. ' . r .
faite
fuite on procède aux éclaircies périodiques de la Lune futaie d’après les inftruétions relatives.à ces
éclaircies. . . . . /
Mais fi on vouloit faire ceffer le mélangé avec
la coupe qu’on auroit à faire actuellement, & qu’on j
fe décidât, par exemple, à conferver les bois à
feuilles, alors il conviendroit d'attaquer la forêt
du côté du fud-oueft ou de l’oueft m e t t r e p a r -
là un obftacle a l ' e x p a n f io n d e s g r a in e s r é fin e u fe s f u r l a
coupe, d’enlever par un .vent favorable ( i ) tous
jes bois réfineux, & de mettre ainfi, & auffi régulièrement
que polfible, le diftrièt dans l’état d'une
coupe d’enfemencement, en ne confervant pour
arbres à femences que des bois à feuilles.
Si, au contraire, on fe détermine en faveur des
bois réfineux & qu’ efi veuille les conferver feuis,
il faut alors enlever tous les bois à feuilles, en commençant
pour X e x p lo it a t io n du côté dunord-eftoude l’eft,
une af v o r i f e r l e v o l d e s f em e n c e s ré fin e u fe s , & établir coupe de réenfemencement auffi régulière que
polfible, en ne confervant que des arbres réfineux.
Dans les deux cas ci-deffus on obtiendra un
fuccès alluré, fi on fuit exactement les règles que
nous avons données dans les chapitres précédens,
& fi on a l’attention de repeupler par des femis &
des plantations à la main les places vides qui peuvent
fe trouver çà & là.
Cependant f i , malgré toutes les précautions
qu’on auroit prifes, la jeune forêt fe trouvoit encore
plus ou moins mêlée des deux fortes de bois,
je ne confeillerai pas alors de chercher à la réduire
à ude feule eflence par des cultures artificielles
coûteufes. Il vaut beaucoup mieux laitier croître
cette forêt mélangée, & fe borner feulement à fa-
vorifer"la multiplication & la croiffance de l ’efpèçe
de bois la plusprécieufe dans les éclaircies qu’ on
auraàfaire par la fuite, en enlevant de préférence
l’effençe la moins utile.
Autant je fuis l’ennemi des forêts compofées
à la fois d’arbres réfineux & de bois à feuilles,
; autant je fuis d’ avis qu’on laiffe fubfifter ce mélange,
plutôt que de faire des dépenfes confidéra-
bles pour.réduire le bois à une effence pure, ou que
de n’obtenir qu’une forêt imparfaitement peuplée.
En effet, il vaut beaucoup mieux entretenir f a n s
f i a i s , par le femis naturel, une forêt bien fournie
de bois à feuilles & de bois réfineux, que d’obtenir,
par des cultures plus coûteufes, une forêt pure,
à la vérité, mais qui feroit mal peuplée ( i ) .
(i) C’eft-à-dire, lorfque le vent n’ eft pas trop fort 8c
qu il ne fouffle pas fur la coupe.
• M Les niotifr pour lefquels M. Hartig préfère une forêt
pure, c’eft-à-dire , compofée feulement de bois à feuilles
ou de bois réfineux, fonc faciles à concevoir : ces deux fortes
de bois exigent un traitement différent dans toutes les
parties de l’économie foreftière. On doit donc^bien fe
garder de les mêler dans les femis & plantations. Il faut,
autant que polfible , que chacune occupe une place leparée.
Obfervations de M . Bofc. « Cependant il eft boa d’ob-
D i f t . d e s A r b r e s Ô* A r b u f i e s ,
G h a p . XII. — Réfumé du préfent Mémoire.
La première partie de ce Mémoire a fait connaître
que la plupart de nos auteurs, qui ne con-
noifioient cependant pas ce qui fe pratiquoit en
Allemagne, s ’étoient prononcés contre Xexploitation
par jardinage des forêts réfineufes, & en faveur
des éclaircies. La différence de ces deux méfervec.
que les arbres réfineux , comme tous les végétaux ,
font fournis à la loi de l'affolement, & qu’un terrain qui
en a porté pendant plufieurs fiècles, demande impérieufe-
ment à les remplacer par des arbres d’une autre nature. Dès
qu’on coupe en Amérique, les pins d’une localité que la
hache n’avoic pas touchés depuis le commencement du
monde , ce font prefqu’exclufivement des arbres feuillus
qui les remplacent, ainfi,que je m’en fuis alluré un grand
. nombre dé fois. S i un tel effet eft aulfi remarquable dans les
Lforées où les débris ont perpétuellement réparé les pertes du
fo l , à plus forte raifon doit-il-exifter dans celles dont on
■ enlève régulièrement les arbres 8c leur dépouille. J ’attribue
principalement à cette caufe la diminution des forêts de pin
8c fapin dans les Alpes 8c fur les montagnes de la ci-devant
Auvergne , diminution relié que déjà beaucoup de hautes
vallées, autrefois peuplées, :M e abandonnées, faute de
chauffage pendant l’hiver / qui y eft-de huit m'ois. Partout,
les habitans que je queftionnois, fé p.aigrioieric de l’inutilité
de leurs efforts pour repeupler leurs bois de pin. Quorque
faffent les habitans d’Uferen, au pied du Saint-Gochard ,
du côté de la Suiffe, ils ne pourront pas empêcher de difpa-
roître le bbuquec de pin qui garantit leur village des avalan-,
I ches j car, ainfi que je l’ai vérifié , il n’y a pas un feul jeune
pied dans ce bouquet , & il en périt tous lès ans des vieux»
Ce village eft obligé de tirer fon bois de trois à quatre lieues,
fes environs en étant totalement dépourvus , au bouquec
ci-deflùs près , donc'il eft défendu de couper-un feul arbre,
fous peine de mort. Sans doute les bois de p in , de fapin
, d’épicéa, de mélèze qui reftent dans les contrées éle-
! vées environnantes , fe détruifent plus rapidement par fuiic
de leur exploitation en jardinant, exploitation qui n’ eft af-
fujettie à aucune règle 8c réellement barbare,, fi je puis
employer ce terme j mais je crois m’être afluré fur les lieux,
je le répète, que leur anéàntiffement venoit eu majeure partie
de l’impolfibilité de leur fubftituer des arbres feuillus ,
puifqu’à des hauteurs moins confidérables, les,bois mélangés
de ces deux fortes d’arbres font encore fore beaux, quoi-
qu’exploités de même, ainfi qu’ on peut le voir dans la même
vallée d’D fcren, plus bas , auprès du fameux pont du
Diable. .
s> L a réunion de ces faits me fonde à faire remarquer ,
i° . que M. Hartig a oublié de parler deTinflueocc de la loi
des affolemens dans l’important Mémoire dont on vient de
lire le réfum.é j .2». qu’il eft indifpenfable , d’après cette
l o i , malgré les inconvéniens réels que cite M. Baudril-
la r t , de mélange., les arbres réfineux aux arbres feuillus,
dans les lieux où ils peuvent croître enfemble, toutes les fois
qu’on veut rendre une forée éternelle j 8c on doit le vouloir
fur toutes les hautes montagnes qui ne font pas fufcepdbles
de culture. D ’ailleurs , ces deux fortes de bois fe protègene
mutuellement, ainfi que j’ai eu ;occafion de le remarquer
dans les lieux cités plus haut. Ce n’ eft que dans les plaines
qu’on peut détruire avantageufemenr les plantations de
pins pour les remplacer par des cultures de plantes annuelles.
Cette pratique a lieu dans beaucoup de parties des landes de
Bordeaux, comme je m’en fuis afluré, principalement dans
le voifiriage de la ville.,
» On me permettra encore d’ajouter que, fi dans ces
I