
S e c t io n p r em iè r e du $. V.
Des procédés employés dans les recherches
fa ite s par M . H a r t ig , sur la combustibilité
dès bois.
Pour s’affurer des rapports de combuftibilité
des bois entr’eux, il falloit mefurer le plus haut
degré & la durée de chaleur quils produifent , à
folidité égale & dans des circonftances toujours
femblables.
« J’ ai penfé , dit l’auteur, que le moyen le plus
fûr d’arriver à ce b u t, étoit de fufpendre, dans
une chaudière remplie d’une certaine quantité
d’eau, un thermomètre au mercure, de Réaumur,
très - fenfible aux variations de la température} de
brûler le bois fous cette chaudière , & d’obferver
tant le plus haut degré de chaleur produit par le
feu , que la durée de cette chaleur, & la perte de
l’eau occafionnée par l’évaporation dans un efpace
de temps donné.
» L’opération qui confifte à ne calculer que d’après
l’évaporation de l’eau, fans fe fervir du thermomètre,
eft inexaéte; je le favois déjà par expérience,
& je m’en fuis encore alluré par mes
recherches.
33 J’ai pris une chaudière de cuivre ayant 1 1 pouces
de haut, 16 pouces de diamètre à fon ouverture,
1 4 pouces de large dans le fond ( 1 ) , & qui
reffembloit ainfi à un cône tronqué. Pour la garantir
de l'aétion de l’air libre, je la fis fceller
dans un mur de 10 pouces d’épaiffeur, de telle
manière qu’elle étoit élevée de 10 pouces au-
deffus du foyer. Je fis faire un fourneau de io'pou-
ces de large & de 6 pouces de haut. Entre la
chaudière & le mur, & vis-à-vis du fourneau, je
fis pratiquer un tuyau perpendiculaire à la hauteur
de la chaudière.
33 Je mis dans cette chaudière, la température
marquée par le baromètre étant toujours la même
ou à peu de chofe près, 45 livres (2) d’eau toujours
également froide> & puifée au même puits.
J’allumai, avec une quantité de paille conftam-
ment la même, une maffe de bois parfaitement
fec , & q u i, v e r t, avoit été de la même groffeur
que tous les autres cubes de bois fournis à l’expérience.
Enfuite j’obfervai dans quel moment le
thermomètre étoit au plus haut degré} le temps
qu’il falloit pour la réduction du bois en charbon 5
le moment où les charbons s’éteignoient}.à quelle
hauteur étoit le thermomètre dans ce moment 5
quelle étoit la quantité d’eau perdue par l’évaporation
pendant i’efpace de 12 heures; fi le bois
avoit donné beaucoup de cendre ; s’il avoit brûlé
(1) Le pied du Rhin ne vaut que 1.37 lignes un tiers du
ied de Paris. Cette obfervàtion, peu importante ic i, ne
oit pas être négligée, dans les calculs qui fuivront.
(2) La livre de Francfort v a 1 1/49 de celle de Paris.
vivement ou d’ une manière durable} s'il avoit
produit beaucoup de fumée} s’il avoit été dif.
pofé à s’éteindre} fi le feu avoit pétillé, craqueté
ou jailli} enfin, j’obfervai les autres différences
qui fe préfentèrent.
»3 Je n’employai pas au-delà de 200 pouces cubes
de bois pour chauffer ma chaudière. Autrement
l’eau eût bouilli, & il n’eût plus été poflïble de
mefurer la chaleur, puifqu’il eft prouvé que l’eau
ne peut prendre un degré de chaleur plus confidé.
rable que celui de l’ébulütion» J’ai dû auffi faire
mes expériences, lorfque le baromètre & le thermomètre
fe trouvoient au même degré, ou à peu
de chofe près, ainfi que dans la même faifon, ou
du moins dans une faifon peu différente, & toujours
aux mêmes heures dans le jour, & me fervir
pour le feu de morceaux de bois de même groffeur
& de même force, parce que toutes ces circonf.
tances pouvoient produire des différences remarquables.
Outre ceîa, il m’ a fallu mettre beaucoup
de foin à choifîr mon bois3 à le préparer, à le calculer
& à le faire fécher, pour éviter » autant que
poffible, de faux réfultats. Je le fis abattre peu de
temps avant Noël, par conféquent hors fève, &
je m’affurai, auffi exaétement qu’il me fut poffible,
que le fol & l’expofition où les arbres avoient
c rû , étoient relativement d’égale bonté} que ces
arbres fe trouvoient dans des endroits également
aérés, & que leur âge étoit proportionnellement
le même. Après cela, je pris de chaque tronc, à
quatre pieds au-deffus de l’endroit où l’arbre avoit
| été coupé, des morceaux de bois q u i, proportion
| gardée, avoient chacun autant de bois parfait &
| d’aubier l’un que l’autre, & contenoient, d’après
le calcul le plus exaéî, 200 pouces.cubes du.Rhin,
ou 312,044,665 fcrupules de Paris.
» Je fis pefer ces tronçons au poids de Francfott,
ainfi que de femblables morceaux provenant de
branches de grands arbres, & de bois qui commen-
çoit à fe pourrir. Je les fis fendre en morceaux
d’égale groffeur & longueur, & je les laiffai fécher
jufqu’à ce que je me fus affuré, par plufieurs examens,
qu’ ils ne perdoient plus rien de leur poids,
& que par conféquent ils étoientarrivés au plus
haut degré de ficcité. Après ce s préparations mi-'
nutieufes, ces morceaux furent brûlés, comme
je l’ai dit précédemment.
33 indépendamment de ces expériences, j ’en ai
exécuté fur plufieurs efpèces de bois que j’avois
fait couper en temps de fè v e , & préparer convenablement
, pour voir fi cette circonftance pro*
duiroit une différence, & quelle feroit cette différence.
J’ ai recherché auffi quel eft le rapport
qui exifte entre l’effet produit par le feu d’une
certaine quantité de bois brûlé dans un endroit
clos ( 1 ) , & celui produit par le feu d’une même
( i ) L ’auceur entend par endroit clos, un efpace fermé dans
lequel on brûle le bois i tels font les fours , les fourneau!)
les chauffes, les poêles ,. &c..
Luantité de bois brûlé dans an endroit libre ou
[dans un foyer, ce dernier feu étant d'ailleurs
Laleinent entretenu. Enfuite j'ai fait des expériences
avec du bois abfolument vert, pour favoir
[de combien l'effet du feu de ce bois feroit moindre
que celui produit par le feu d'une même quant
ité de bois parfaitement fec & de même efpèce.
Enfin, j'ai recherché quel étoit le rapporc du feu
[d’une certaine quantité de livres de bois de branches
fèches, avec celui d’une même quantité de
pair provenant du tronc du même arbre, pour
[pouvoir apprécier la valeur du bois de branchage.
jOuant à cette dernière expérience, je ne l’ai
(point faite avec tomes les efpèces de bois; je l’ai
[feulement répétée quelquefois avec différentes
[efpèces, pour favoir à peu près le rapport du prix
[des branchages avec celui du bois de corde. Mais
[on ne peut guère obtenir d’exaélirude pour Cette
jforte Je bois, parce que les fagots diffèrent beau-
jcoup entr’eu x , & qu'ils contiennent des brins
[tantôt plus forts , tantôt plus foibîes , ce qui
[produit une différence confidérable dans leur
■ qualité.» ■ ;
S e c t i o n s e c o n d e .
iDcs effets et des propriétés remarqués dans
le f e u de chaque espece de bois.
* A. Bois coupés hors fève, parfaitement difficiles,
& brûlés dans un endroit clos.
B o i s a e e -u i l l .e s .
K 1. Chêne rouvre, Quercus robur. Bois d'un
tronc 'de 200 ans.
B Ce bois prôduifit, en 54 minutes, 62 degrés
;de chaleur, & dans le même efpace de temps il
i f ut entièrement converti en charbons (1 ). En
|3 heures, les charbons s’éteignirent, & le ther-
Imomètre descendit à 42 degrés. En 12 heures,
■ l'évaporation de l’eau fut de 4 livres B onces. Il
ïrefta 3 onces 7 gros de charbons, & 3 gros de
■ cendre. •
B Du refte , le bois brûla avec affez. de vigueur :
cependant les charbons tendoient à s’éteindre,
:vquand le feu n’ étoit pas entretenu avec la même
•(;force. Hors du brafier , le charbon mouroit
jtrès-vîte.
B 11 fuit de cette expérience que cette efpèce de
ne convient pas beaucoup au foy e r} mais que
f dans un feu où on brûle beaucoup de bois ï la
I (1) Note de l'auteur. Je fais bbferver une fois pour toutes,
ique pour chaque efpèce de bois .le thermomètre étoit au plus
P auc degré au moment de la dernière flamme , & qu’auflitôc
F?-Ue 4 flamme ceffoit, le mercure s’arrêtoic 8c defcendoic.
^bientôt d’une manière remarquable., |
fo is , & dans un endroit clos, il produit un grand
effet, fi d’ailleurs il eft parfaitement fec.
On peut donc l’employer av=c beaucoup d’avantage
dans les fabriques de tuiles, les fours
à chaux, les braderies, & autres ufines de ce
genre.
2. Chêne a grappes ou a longs pédoncules, Quercus
foemina. Bois d'un tronc de 190 ans.
En 4 y minutes, le thermomètre monta à 62 degrés
, & dans le même efpace de temps, tout le
bois fut réduit en charbons, qui s’éteignirent en
2 heures 45 minutes. Le thermomètre étoit def-
cendu à 42 degrés. La perte de l’eau par l’épavo-
ration fut pendant 12 heures, de 4 livres 4 onces.
Il refta 3 onces 6 gros de charbons, & 3 gros de
cendre.
Ce bois brûla avec affez de vivacité} la flamme
pétilloit, & les braifes tendoient à fe noircir
quand le feu n’étoit pas fort.
Ainfi le chêne à grappes a toutes les propriétés
du chêne rouvre, à la feule exception que ce
dernier procure une chaleur un peu plus longue.
3. Bois de grojfes branches d’un chêne de 19O ans.
Il prôduifit, en yo minutes, 6o degrés de chaleur.
En 2 heures 40 minutes ,, les charbons s’éteignirent,
& le thermomètre marqua 44 degrés.
En 12 heures, l’eau avoit perdu 4 livres 2 onces
4 gros, & il reftoit 4 onces de charbons & 2 gros
de cendre.
Le feu qui craquoit beaucoup , étoit difficile à
entretenir dans le même état, parce que les charbons
avoient une grande tendance à s’éteindre
lorfque la flamme n’étoit pas forte.
4. Bois d'un brin de chêne de 40 ans.
C e bois prôduifit, en 37 minutes, 66,degrés dè
chaleur. En 2 heures 20-minutes, les charbons
s’éteignirent, & le thermomètre redefeendit à
47 degrés. En 12 heures, l'eau perdit 4 livres
13 onces. Les charbons de réfidu pefoient 3 onces,
& la cendre 3 gros.
Le bois brûla très-bien, & le charbon n’avoit
pas la même tendance à s’éteindre que ceux du
bois de tronc & de branches qui avoient fervi aux
expériences précédentes. D’un autre cô té , la
flamme ne_ craquoit pas autant} d’où l’on, peut
conclure que ce bois ëft plus propre au foyer qu®
le vieux bois de chêne.
5. Bois d'un chêne ayant un commencement de
pourriture, mais n étant pas encore pourri.
Il donna, en 41 minutes, 5 6 degrés de chaleur.
Les charbons s’éteignirent.en une heure 44 minutes,.
& le thermomètre marqua 56 degrés. E s