
l'étranger, soit qu’étant plus jeunes et moins avancés que
d ’autres peuples quant à leur état social, mo ral, intellectuel et
religieux, ils sentissent un plus grand besoin de se relever moralement
et de se fortifier politiquement par des alliances ou par
leur mélange avec ces peuples. Cependant certaines tribus et certaines
nations d’origine s c y th e ont conservé, mieux que d’autres,
la pureté de leur sang. C’est ainsi que les S k o lo t e s sont restés plus
purs sous ce rapport que les S a k e s , les G o te s plus que les G è le s ,
les S a x o n s plus que les F r a n c s et les S v è v e s , les Germains d u N o r d
plus que ceux d u M i d i , l e s S c a n d in a v e s plus que les G e rm a in s .
Aussi le génie individuel de la race s c y t h e , ses caractères distinctifs,
ses qualités et ses défauts se montrent-ils dans l’Antiquité
d’une manière plus nette et plus pure dans la langue, dans les
moeurs, dans la religion et dans l’histoire des S a x o n s , des G e r m
a in s du Nord et des S c a n d in a v e s ', que dans la langue, dans les
moeurs, dans la religion et dans l’histoire des F r a n c s , des S v è v e s ,
des A l em a n s et des Germains m é r i d i o n a u x , nations en quelque
sorte abâtardies par leur mélange avec des peuples keltiques ou
avec des peuples slaves (voy. §§ 21-23J-
Plus certaines tribus et nations d’origine scythe se sont mêlées
à d’autres races, plus elles ont perdu leur individualité, leurs traditions,
leurs moeurs, leur religion et jusqu’à leur langue. Mais en
perdant leur individualité, leur importance politique ne put être
que passagère et leur signification historique dut s’effacer complètement
dans la suite. Tels furent les I n d o - S c y th e s , les S a k e s , les
P a r th e s dans l’Asie, qui furent absorbés par les races avec lesquelles
ils s’étaient mêlées. Pour les peuples anciens du moins, on
peut donc dire que la pureté de race était une condition de je u nesse,
de vigueur, et par conséquent de succès et d é durée p o l i tiq
u e . Dans les temps modernes où les conditions physiques des
peuples le cèdent aux conditions morales et historiques et où, par
suite de circonstances purement politiques, les individualités ethniques’
des peuples sont moins nettement prononcées qu’elles ne
l’étaient au Moyen âge et dans l’Antiquité, le mélange des races
semble être pour certains États plutôt un moyen de force que d’affaiblissement
; on dirait que la parole de Napoléon : Ce q u i s ’o p p o s e
à la fu s io n , s ’e x p o s e à la d e s t r u c t i o n , se réalise dans certains pays;
du moins est-il difficile de dire dans l’état actuel des choses si les
NOTIONS ETHNO-GÉNÉALOGIQUES.
peuples tendent plutôt à une unité p o l i t iq u e indépendante des races
ou à un fractionnement indéfini selon les divisions et les subdivisions
des races.
§ î>. La souehe, les brandies et les rameaux ethniques.
— Dans l'Antiquité, la vie et la durée des races rappellent
jusqu’à un certain point la croissance des palmiers ou des
conifères; à mesure que la race se propage dans le temps et que
la cime de l’arbre s’élève plus hau t, les anciennes générations,
tribus et nations, ou les branches inférieures, dépérissent sur la
tige et tombent, c’est-à-dire disparaissent de l’histoire ; et de même
que la fleur et le fruit se montrent non au commencement de la
croissance mais à la fin, suivies branches et non sur la racine, de
même l’énergie et l’individualité des races se produisent plus fortement
et plus souvent dans les cadets que dans les aînés de ces
races. Le point culminant, la fleur de la R a c e d e l a f è t e , se montre
le mieux, avec ses qualités et ses défauts, dans les descendants des
Scythes, dans les anciens Germains et dans les Scandinaves; et si
vous voulez savoir ce dont est capable cette r a c e , pour ne parler
que des temps du paganisme, voyez non pas les compagnons d’Ar-
minius, ni ceux de Wittekind, ni même l’Empire de Théodorik,
voyez les Normands cherchant la liberté sur le rocher volcanique
de l’Islande et sachant créer, p r e s q u e a v e c r i e n , par l’instinct seul
et la puissance native de leur race, leur état social, moral, intellectuel
ét religieux.
L’ethno-généalogie, ou la succession, la lignée et la filiation des
peuples, forme une série continue qui se perd dans la nuit des
temps. Mais l’historien scrutateur, en remontant cette lignée, ne
s’arrêtera dans son investigation à un point quelconque de cette
série ascendante, que lorsqu’il lui sera impossible de remonter
plus haut faute de données positives, soit traditionnelles, soit historiques.
La table ethno-généalogique commencera avec les indi-
j calions les plus anciennes fournies par le hasard de la tradition et
j par l’état fragmentaire des documents. Ce sont là pour 1 historien
; les commencements ou les premiers âges des peuples primitifs. Au
delà de ces commencements, il y a cependant encore les o r ig in e s
proprement dites; il y a l’origine de l’espèce humaine, il y a les
racines ou les souches des races humaines. Mais, on le conçoit, de
; même que dans un arbre les racines enfouies dans le sol sont ca