
pas un trop long labeur pour arriver à la rendre telle. Ce
n’est donc qu’après avoir examiné la pierre brute dans
tous les sens et vu le parti qu’il en pouvait tirer, qu’il
commençait à la tailler.
Ce qui déterminait d’abord son choix, était l’extrémité
devant servir de manche ou d’appui. Si le silex ne lui
présentait pas ce manche naturel, ou s’il ne prévoyait
pas pouvoir le finir par un court travail ou par l’enlèvement
de quelques éclats, il cherchait un autre silex.
L’avait-il trouvé et ce manche offrait-il les proportions
exigées, il mettait alors tous ses soins à préparer le
tranchant: s’il voulait faire une scie, il en dessinait les
dents; si c’était un perçoir, il en ménageait la pointe.
Mais ic i, comme lorsqu’il s’agissait de façonner des
chevilles d’assemblage, il fallait que la cassure l’y aidât.
11 commençait donc par briser beaucoup de pierres et
parmi les éclats, il choisissait ceux qui s’écartaient le
moins de la figure et de la dimension de l’instrument
qu’il voulait faire (1 ). Le silex dit plaquette servait surtout
pour les chevilles et quelques outils.
Le tranchant d’un couteau pouvait être produit d’un
seul coup ou par un simple choc: on sait que le silex,
(1 ) On m’a d em an d é p o u rq u o i c e s h om m e s p r é fé ra ien t le silex
à to u te s le s a u tre s p ie r r es? Ceci s ’e x p liq u e : la d u r e té du s ile x et
sa c a ssu r e tran ch an te leu r o ffra ien t d ’abord un d o u b le av anta g e;
e n su ite , se p r é sen ta n t en fo rm e s v a r ié e s , e t l’ou v r ie r trouvant
p r e sq u e to u jo u r s c e lle qui se ra p p ro ch a it d e l ’o b je t q u ’il désirait
fa ir e , s ’ép a r g n a it la peine q u ’il a u ra it prise p ou r ta iller c ette forme
d a n s un b lo c q u ’il eû t d û d é ta ch e r d ’un ro ch er . Le s ile x a donc
eu so n r è g n e , e t a v a n t la d é c o u v e r te d es m é tau x il a , v u son
u t ilité , jo u i d ’un e hau te e stim e . T ra n sp o r té d an s les pays où l’on
n ’en tr o u v e pa s, il y d e v in t u n o b je t d ’é ch a n g e e t de commerce,
de même que le verre, se divise naturellement en lames.
Mais ces lames si tranchantes sont d’un court usage, à la
moindre résistance elles s’ébrèchent ou se cassent. Pour
rendre leur tranchant solide, c’est en gouge ou en biseau
qu’il devait le faire. C’est ce qu’a compris le coutelier
antédiluvien, et c’est ainsi qu’il a fabriqué des couteaux
assez forts non seulement pour tailler et unir le bois, mais
pour le pénétrer et y creuser des vases, des coffres et
même des bateaux. La cassure du silex ne pouvait seule
produire ce biseau ou cette concavité de la gouge : là il
fallait un calcul et un labeur. Il en fallait plus encore
pour confectionner des tarrières, des vrilles: il fallait
comprendre le jeu de l’hélice.
Pour les rabots, la forme de la pierre et la prise
qu’elle offrait à la main étaient surtout à considérer. Les
pierres convenables à cet utile instrument sont rares, et,
pour les hommes d’alors, c’étaient véritablement des
pierres précieuses.
Percer un silex pour l’emmancher comme marteau
eut demandé trop de temps, on profitait donc de ceux
qui l’étaient naturellement. On en faisait aussi des
masses d’armes et des casse-tête.
peut-être y s e r v a it- il d e m o n n a ie , e t ce r ta in e s fo rm e s d o n t n o u s ne
devinons pas l’em p lo i é ta ien t le s e sp è c e s d ’a lo r s.
Il e st à c r o ir e , d ’a ille u r s , q u e l’o u v r ie r a n t éd ilu v ie n , d e même
que l’ouv r ie r c e ltiq u e , em p lo y a it le s ile x p o u r ta ille r le s ile x . P lu s
tard, lo r sq u ’on e s t a rriv é à p o lir le s h a ch e s , c ’e s t a v e c d u g r è s e t
une pierre v o lc a n iq u e n o ir e , p o r eu s e e t t r è s -d u r e , p u is d u s a b le ,
qu’on op é r a it ce p o lis s a g e . D es to u rb iè r e s m ’o n t p ro cu r é u n e série
d’in strum en ts qui a v a ien t é v id em m en t s e r v i à la c o n fe c tio n d e s
haches. C’e s t par d e s p r o c éd é s a n a lo g u e s q u e l’h om m e a n téd ilu v ien
devait a ig u ise r se s g o u g e s e t s e s b is e a u x .