
au soir ou à l'Occident. Cet usage se maintint encore bien longtemps
après, jusqu'aux temps des descendants des Gètes. Ainsi les Goths
et les Germains admettaient bien les noms de O s t r o g o te s (Gotes
o r i e n ta u x et méridionaux), de O s l- fâ le s (Falahs o r i e n ta u x et méridionaux)
et par opposition à ces noms ceux de V is i-G o te s (Gotes
o c c id e n ta u x et septentrionaux) et de V e s t-fâ le s (Falahs o c c id e n ta u x
et septentrionaux); mais ils ne connaissaient pas encore des noms
comme ceux de IVord-Gotes ou de S u d -Gotes. Ce n’est que beaucoup
plus lard que les Normands et la Norvège tirèrent de la contrée
septentrionale leur nom de N o r d -m e n n (Hommes du nord) et
de N o r d - x e g r (Chemin du nord)1 ; que la mythologie norraine distingua
entre les Dvergs A u s t r i (Oriental) e t S u d r i (Méridional), N o r d r i
(Septentrional) et V e s tr i (Occidental); que les Anglo-Saxons parlèrent
de S u d - d e n e (Danes du sud) , de N o r d f o lk et de N o r d v e a lh a s , et
que les Alemans établirent la distinction entre le N o r d g a u (District
du nord) et le S u n d g a u (District du sud).
§ 4. Mythes iafétiques sur r©cci«ieut et sur le Word
de la terre. — Le Nord ayant été rapproché de l’Ouest se.confondit
en partie avec lui, et c’est pourquoi il fut considéré, ainsi
que l’Occident, comme le lieu du Domicile du Soleil, du Séjour
des dieux et de la demeure des hommes heureux. De là cette particularité,
que chez quelques peuples anciens de la race de l a f è t e , le
N o r d fut substitué à V O r ie n t comme Y E n - f a c e x e v s lequel on se tournait
quand on adorait les dieux. De là, l’habitude desHindoux de
placer le séjour de leurs dieux sur le mont M é r o u , situé au n o r d -
o u e s t du Pays des-Brahmanes ; de là, le mythe indien sur les O u t-
ta r a -K o u r o u s , peuple juste et heureux par excellence, vivant au
pied du mont M é r o u ; de là encore, les mythes grecs sur l ’O l y m p e ,
placé au n o r d de la Hellade et sur la piété et le bonheur des H y p e r -
b o r é e s (Septentrionaux), placés au nord de la Thrace; de là ensuite
le mythe sur Y E ly s é e (v. C h a n ts d e S o l , p. 128), placé à Y O c c id e n t
de la te rre , le mythe sur les H e s p é r id e s (O c c id e n ta le s ) et les l l e s -
fo r tu n é e s placées à l’Occident (gr. H e s p e r ia ) du monde ; de là enfin
le dernier écho et la dernière transformation de ces mythes antiques
dans la légende moderne du P a r a d i s t e r r e s t r e , tel que D a n te
se le figure placé au sommet de la Montagne du Purgatoire , la-
1 Le nom kelte de Nerigon donné dans l’Antiquité à un pays Scandinave, n’a
rien à faire avec Norge, qui esHe nom moderne norvégien de la Norvège.
quelle est située au milieu de l’Océan Atlantique, c’est-à-dire dans
l’hémisphère o c c id e n ta l de Iq te rre , au delà des -lie s fo r tu n é e s des
Anciens. Ces croyances expliquent suffisamment pourquoi les
peuples primitifs, dans une certaine période deThistoire.ancienne,
ont suivi constamment le cours du soleil et se sont dirigés, dans
leurs migrations, de l’Est et du Sud vers l’Ouest et le N o r d . Ils allaient
à la recherche, comme le font tous les émigrants, d’une contrée
où ils pussent trouver le bonheur sur celte terre de misères,
et ils espéraient le trouver à l’endroit où sè r e p o s a i e n t le Soleil et
les autres dieux. Plus tard , ces peuples ne pouvant atteindre le
pays où se couchait le soleil et se voyant trompés dans leur espoir
de trouver jamais le bonheur qu’ils poursuivaient, se sont rappelé
le pays de leurs pères qu’ils avaient quitté à l ’O r i e n t . Désirant re voir
leur mère-patrie, beaucoup de ces peuples ont repris leurs
migrations qui, cette fois-ci, s’opérèrent naturellement dans la
direction opposée à celle qu’ils avaient prise antérieurement1. Dès
lors, la contrée où se lève le soleil exerça de nouveau son ancién
charme sur l’imagination et le sentiment des peuples, et comme
du reste l’O r i e n t , dans la tradition et dans l’h isto ire/était le pays
des richesses et des merveilles, les anciennes traditions sur le P a r
a d is te r r e s tr e placé dans l ’Asie furent reprises en sous-oeuvre et
se reproduisirent dans les légendes chrétiennes sur le Paradis recherché
et trouvé par saint Macaire et par les trois moines T h é o p
h i l e , S e r g e et H y g in ; dans les légendes sur la Royauté sacerdotale
du P r ê tr e -J e a n dans l’Inde'2, sur le C h am p d e l ’Im m o r t e l (norr.
O d â in s -a k r ) des Normands, et sur le P r é d u F ils d e D ieu (anglos.
N e o r g - s u n a - v o n g ) des Anglo-Saxons; enfin, dans les légendes isla-
mites sur le prophète V e r d o y a n t (arab. K h id h ' r ) et la S o u r c e d e la
Vie , etc. Depuis l’expédition des Argonautes jusqu’à Fernand Cortès,
plus d’une migration a été faite et maintes colonies ont été
fondées à la suite d’un voyage ou d’une expédition entreprise par
des hommes avides de bonheur et qui étaient uniquement poussés
dans leurs courses par les promesses imaginaires renfermées dans
quelque mythe, ou légende ou tradition populaire. Ce que nous venons
de rapporter au sujet de la direction qu’ont prise les migrations
des peuples- primitifs, nous explique, en g é n é r a l , pourquoi les
1 Voy. Les Peuples primitifs, p. 53.
*Voy. Sur l’origine et la signification des romans du Saint-Graal, p. 25;.