
ce pays, plutôt qu’au Séeland, ce nom particulier à’lie ombreuse.
Et si ce nom avait été donné par des hommes venus du
nord-est, ils l’auraient donné à tout le pays parcouru par eux, et
non pas exclusivement à la pointe méridionale de la presqu’île
Scandinave où ils ont aborde. Le nom de Skadvein-apia est reste
à cette contrée méridionale; il s’est changé, dans la suite, en
Skcm-ey (p. Skâdn-ey; cf. Svênskr, p. Svedniskr), dont on a formé
le nom latin de Scania (Scanie).
Dans le Nord, le nom de Skadvinapia ou de Skaney n’a jamais
signifié autre chose que la Scanie, et n’a jamais été appliqué a
toute la presqu’île Scandinave. Mais les Grecs et les Latins ont pris
ce nom dans sa signification la plus étendue, pour désigner les pays
du nord delà mer Baltique, dont ils n ’avaient qu’une connaissance
très-vague. Les Latins changèrent Skadvinavia en Scandinavia, et
les Grecs en Skandiaïa, d’où s’est formé le nom de Skandia, non-
seulement par abbrévialion, mais encore par analogie avec le
nom des îles Skandies de la Grèce. Pline l Ancien est le piemiei
auteur de l’Antiquité, de ceux du moins qui nous restent, qui ait
prononcé le nom de Scandinavia. 11 se figurait ce pays hyperboi e e ,
à la manière d’Hékatceus, comme une grande île (lib. c. 4 , 27, .6)
située dans le golfe codan (aujourd’hui Kaitegat), et traversée par
les monts Sevo (aujourd’hui Seve-Ryygcn). Il connaissait aussi, I
mais seulement de nom, une île de Scandia (liv. 4, 30, 3), et il
ne se doutait pas que ce nom n’était que la forme abrégée I
grecque de Scandinavia. Chose singulière! Tacite ne semble pas I
connaître le nom de Scandinavia ; il aurait eu cependant occasion de I
le citer en parlant du district des Sviônes, qu'il se figurait toutefois
assez rapproché du nord-est de la Germanie, et même comme I
faisant partie de ce grand pays. Piolémée parle de plusieurs îles
Scandies, et veut désigner sans doute, par ce nom générique, les
grandes îles de la mer Baltique et du golfe Codan, telles que, par
exemple, C odanonia (Séeland), Bergi, Dumna, Eningia, etc.
Jornandès, Paul fils de Warnfrid, e t , en général, tous les écrivains
des premiers siècles de notre è re , en se servant du nom latin de
Scandinavia, ou du nom grec Scandia, changé en Scantia et Skanza,
n’ont fait que copier les auteurs de l’Antiquité grecque et latine,
et ils n’avaient pas, des contrées septentrionales qu’ils désignaient
par ce nom, une idée plus précise et plus juste que n ’en avaient
eu, avant eux, Pline, Slrabon, Tacite et P tolémée. Le nom de Scandinavia
fut oublié au Moyen âge avec les auteurs anciens qui en
faisaient mention. Même le nom de Scanza fut abandonné, à mesure
que la Norvège, la Suède et le Danemark furent mieux connus.
Adam, de Brème, écrivant en latin, donne aux pays Scandinaves
les noms plus précis de Nortmannia, de Svionia et de Dania. C’est
seulement de nos jours que la science historique, géographique,
i ethnographique et archéologique a de nouveau employé le nom
I de Scandinavie, pour désigner convenlionnellementl’ensemble des
trois pays du Nord. Quant au nom de Scandinaves, qui était inconnu
et aux écrivains de l’Antiquité et à ceux du Moyen âge, nous
remploierons ici, également par convention, pour désigner seule-
1 ment les peuples anciens, issus d e là branche gèle, qui se sont établis
dans ces trois pays et les ont habités pendant l’espace de douze !*■ siècles, à commencer des premières immigrations.
§ 33. lies tr ib u s de la b r a n d ie gète en S candinavie.
— Dès le sixième siècle avant notre ère, des tribus de la branche
| gète, accompagnées de quelques peuplades du nord de la Germa-
| nie, allèrent successivement s’établir dans les contrées septentrionales
qui plus tard ont été nommées la Suède, la Norvège et le
Danemark. A mesure que ces immigrations devinrent plus nombreuses
et plus fréquentes, les habitants primitifs de ces contrées,
d’abord les Finnes, et ensuite les Relies, furent obligés de faire
place aux nouveaux venus. Les Finnes se retirèrent au nord et
à l’est; les Relies, à l’excepiion de la grande tribu des Sitones
! (v. p. 52) qui resta en Scandinavie, se replièrent vers le sud et
vers l’ouest. Cependant, malgré celle retraite générale ^quelques
peuplades finnes se maintinrent dans les contrées peu accessibles
de la presqu’île, c’est-à-dire dans les montagnes de la Suède et
de la Norvège, et dans ce qu’on appelait encore plus tard la
Marche finne (Finn-môrk) et la Forêt finne (Finn-skog), ainsi
que dans les îles qui entourent la Suède et la Norvège. On peut
I considérer comme des restes des anciens Finnes refoulés par les
I nouveaux venus, les peuplades qui sont mentionnées par Ptolémée
I- et Jornandès, telles que les Adogit, les Bergio, les Hallin, les
| Vinoviloth, les Yirvir, les Liothida, les Theusthes, les habitants de
I la Lande finne (norr. Finn-heidï), les Finnes aux patins (norr.
I Skrid-Finnar) , et les habitants primitifs de Sams-ey (Ile de Samr