
de la sagesse qu’il fallait observer dans sa conduite, afin d’acquérir
de la considération, de la richesse et du pouvoir; enfin les règles
de la justice privée et des convenances sociales, afin de savoir ce
que, en dehors du droit public positif (v. p. 115), chaque individu
devait à son prochain. La science surnaturelle passait pour mettre
celui qui la pratiquait en possession de grands avantages, par
des moyens surhumains, tels que Y Inspiration, la Divination et la
Magie. Par le moyen de PInspiration l’homme, à ce qu’on croyait,
acquérait la connaissance de la volonté divine et du destin ; et une
fois inspiré, il prévoyait le destin par la vision (norr. spâ), et énonçait
la volonté divine comme prophète. Par le moyen de la Divination,
l’homme, sans avoir besoin d’être inspiré, arrivait, par
l'observation de certaines enseignes ou indices précurseurs, à la connaissance
du destin et de la volonté des dieux, L’Inspiration, qui
consistait dans la transmission de la sagesse divine aux hommes,
et même la Divination qui se pratiquait le plus souvent au nom et
par l’intermédiaire de la volonté divine, se rattachaient directement,
l’une et l’autre, aux dieux, et appartenaient par conséquent
moins à la science qu’à la religion. Aussi devrons-nous en traiter
spécialement ci-dessous au chapitre de la religion.
§ lies sciesices s u rn a tu r e lle s . — Quant aux sciences
surnaturelles, la seule parmi elles dont nous ayons à nous occuper
ici, c'est la Magie. Loin de faire partie de la religion comme Ylns-
piration et la Divination, la Magie était au contraire en opposition
directe avec elle. Car au lieu de se contenter, comme Ylnspiration
et la Divination, d’être initiée, par le secours des dieux, à la
connaissance du Destin et de la volonté divine, la Magie avait la
prétention de disposer par elle-même, sans les dieux, et souvent
malgré les dieux, des forces de la nature, de déterminer ainsi, et
de modifier, à son gré, le destin, les événements et les choses, en
produisant par des moyens naturels, indiqués et choisis par la
science occulte, les causes qui devaient entraîner nécessairement,
à ce qu’on croyait, les effets qu’on voulait obtenir. La Magie passait
donc pour le suprême degré de la science surnaturelle ; on la
supposait aussi puissante, et même plus puissante que les dieux,
puisqu’elle disposait du Destin en le déterminant à volonté. Aussi
la Magie portait-elle chez les Hindous le nom de science par excellence
(sansc. vidya, science, magie), chez les Latins le nom de
grand art (Plin., ars magna), et chez les Scandinaves celui de
grand-pouvoir (norr. fiôlkyngi; cf. p. 148), Comme la Magie disposait
directement du Destin, en disposant des causes qu’on supposait
pouvoir le produire nécessairement, elle rendait les dieux et
la religion entièrement inutiles. Aussi le reproche d’athéisme,
qu’on adressait aux magiciens, était-il fondé, et la Religion populaire
devait se trouver en lutte permanente avec la Magie prétendue
savante. Si les magiciens avaient été réellement en possession
de la science véritable, ils auraient inévitablement remporté à la
fin la victoire sur les prêtres des religions populaires. Car il est
dans les destinées de la vraie science de renverser à la fin les faux-
dieux quels qu’ils soient, et de détruire toutes espèces de superstition
et d’erreur. Mais au lieu de s’appuyer sur la connaissance
réelle de la nature et du monde spirituel, la Magie ne fit, le plus
souvent, que donner plus d’extension encore aux croyances superstitieuses,
c’est-à-dire matérialistes des religions païennes, et attribuer
des effets surnaturels à Ylnspiration, à la Divination, à la Parole
solennellement prononcée (v. § 173), et à certaines pratiques
ou cArémonies religieuses. A mesure que les connaissances, véritables
ou imaginaires, se sont répandues chez les peuples païens,
la Magie a pris aussi de plus en plus de l’extension et de l’empire
sur les esprits, et elle est allée même jusqu’à créer, à la place des
dieux et pour en tenir lieu, des fétiches (portug. fetisso, objet féé,
enchanté), en communiquant à volonté à un objet quelconque, par
le moyen de la magie, des pouvoirs prétendus surnaturels ou divins,
dont on croyait pouvoir tirer parti aussi bien que des pouvoirs
surnaturels des dieux eux-mêmes. Aussi faut-il considérer le
Fétichisme, partout où il s’est produit dans l’histoire, non comme
une forme primitive de la religion, mais comme le.reste (lat. su-
perstes) d’une religion polythéiste antérieurement très-développée,
qui dans la suite est tombée en décrépitude.