
Othr. Comme ses attributions principales avaient passé à Vâthans
(Odinn, v. p. 462), Othr, ayant ainsi perdu de son importance, ne fut
plus un dieu adoré, mais simplement un personnage myihologique,
l’amant de la déesse de l’été(Freyia; l’ancienne Skalmoskis), qui versait
sur son absence des larmes dorées (v. p. 462). L’ancienne signification
symbolique d’Oihr, comme dieu du vent, s’effaça d’autant
plus facilement que le mot Oihr (Vent), à l’exemple du mot grec
psuchè (p. spuchè, souffle, âme; cf. ali. spuk), du latin spiritus
(souffle, esprit), du latin animus (souffle, âme; cf. grec anemos
vent), du slave duch (souffle, esprit), de l’hébreu rouach (souffle,
esprit), etc., a pris dans la langue Scandinave la signification
de esprit, intelligence, enthousiasme. Dans les idiomes germaniques
, ôto exprimait aussi tout mouvement intellectuel ou moral
(cf. Odo-vakar, lat. Odo-acer; cf. Eudes).
Le dieu Vâthans, adoré déjà par les peuples de la branche gète,
comme dieu des vents orageux, comme dieu des combats, comme
Père universel et Dieu suprême, fut transmis à la religion des Scandinaves
et des Germains, avec ces qualités et sous-les noms de
Othinn ou Vodan, de Heriafodur (Père des Combattants) çt de Allfôdur
ou Allvatar (Père universel). 11 continua à être symbolisé par le
glaive (v. Chants de Sol, p. 470; germ. Cheru; sax. Ear) et, dans les
traditions germaniques, les dieux porte-glaives Cheru, Ear, Sax-
nôt, etc., devinrent fils ù’Odinn et pères de nations (cf. Cheru-iskes,
Cheruskes, ou fils de Cheru). De même que le mot ôthr (vent) avait
pris la signification de esprit, de même on expliquait aussi quelquefois
le nom de othinn (orageux) comme exprimant l’agitation ou
l’enthousiasme intellectuel ou moral ; et ce fut là, entre autres raisons
encore, la cause pourquoi Othinn, dans la mythologie Scandinave,
devint dieu de la Science, de la Poésie et de la Magie, et fut
considéré comme le père de Bragi, le dieu de la Poésie. Chez les
Relies, le Dieu suprême était aussi principalement le dieu des âmes
et de l’intelligence, que les Gallo-romains comparaient au dieu
Mercurius. Les Germains, à l’exemple des Relies, comparaient donc
leur Vodan à Mercurius, et c’est pourquoi plus tard le nom de
Mercredi (Mercurii dies) fut rendu, dans les langues germaniques,
par Vodans-dag (angl. Wednesday).
§ 9». T Itô rr ; üonai*. — Thonars, adoré comme dieu du
tonnerre par les peuples de la branche gète, passa, en cette qualité,
dans la religion des Scandinaves et des Germains, sous le nom
de Thôrr et de Donar. Le souvenir de l’ancien nom de Chlâdurs, auquel
avait été substitué celui de Thonars, se maintint dans le nom
de Lôdurr (p. Blôdurr) et en partie dans celui de Hlârrîdi (p. Hlôd-
rîdi, Qui lance les ardeurs ou les éclairs). Comme les plus forts
orages ont lieu le plus souvent au plus fort de l’été, l’activité du
dieu de la foudre a aussi quelquefois été confondue, dans les mythologues,
avec celle du dieu du soleil d’été. C’est ainsi, par
exemple, que le cycle mythique du Héraklès gree se compose de
mythes empruntés, d’un côté, au dieu de la foudre (kimméro-thrâke
Herkunos; sicilien Herakulos), de Vautre au dieu du soleil égyptien
ou phénicien {Baal Chammon ; cf. Jupiter Ammon). Les mythes sur
Thôr se composent également de deux éléments distincts. Comme
dieu de la foudre, Thôr ou Donar a hérité de la plupart des attributions
de son prédécesseur Firgunis (v. p. 160). Il a pour épouse
la Terre fertile (Sif), qui représente l’ancienne déesse Terre (scythe
Apia), l’épouse de Tivus (v. p. 472); et comme il a été subordonné
à Odinn et considéré comme son fils (y. p. 463), il estdevenu aussi
le fils de lord (l’ancienne Apia), l’amante du dieu Odinn, qui s’est
substitué à Tivus (Tyr). Mais Thôr a aussi hérité de quelques attributions
de l’Hercule scythe Targitavus, le dieu du soleil. C’est ainsi, par
exemple, que l’ancien mythe du Soleil, qui absorbe une partie de
l’Océan, ayant aussi été appliqué à Thôr, ce dieu a été représenté
comme un grand buveur et comme l'ennemi du Serpent de mer (v.
Les aventures de Thôr, p. 24). C’est aussi d’après un souvenir mythologique
des voyages en Orient du dieu Soleil, que Thôr est représenté
comme faisant des expéditions en Orient (Austrvegr, v. p. 66)
pendant l’hiver, pour combattre les Thurses et les Iotnes (v. § 166).
Voilà pourquoi la tradition gréco-scylhe, sur l’expédition de Tar-
gitavus (gr. Héraclès, c’est-à-dire le Soleil d’été), dans les contrées
orientales ou septentrionales de YHylée, se retrouve presque, avec
tous ses détails, dans la tradition Scandinave sur l’expédition de
Thôr, dans la Contrée austro-septentrionale (norr. Austr-vegr). En
effet, la tradition scythe rapporte (Hérod., IV, 8, 9) que Héraklès (le
Soleil), c’est-à-dire Targitavus (norr. Thôr), après avoir enlevé à
Cenjoneus (Braillard; cf. norr. Hifinir ou Nôrvï Crépusculaire), à ce
géant (norr. iotne) de YHespérie (Norvu-sund, Détroit du Crépusculaire)
, trois boeufs (trois mois d'hiver ; cf. norr. Himinbriotr.),