
logiques entre les individus, ne conservent pas la même exactitude
quand on les applique à la descendance généalogique des peuples.
En effet, s’il s’agit d’individus, le f i l s ne saurait jamais être appelé
également le f r è r e ou le c o u s in de son père. Mais quand il s agit
d’individualités ethniques qui dérivent les unes des autres par de-
doublement, on comprend que l’on peut considérer un peuple, qui
est issu d’un autre, comme étant à la fois et son fils et son frère et
son cousin. Ainsi les Normands de la France, issus des Norvégiens,
sont les fils de ceux-ci. Mais comme ils ont eu la même origine que
les Norvégiens, on peut les appeler également leurs f r e r e s ; et
enfin les Normands français de nos jours qui sont issus des compagnons
de R o l f , qui étaient les frères des Norvégiens d’alors,
peuvent également être appelés les c o u s in s des descendants actuels
de ces Norvégiens.'
§ ï . Formation «les noms propres ethniques. Des
noms propres ethniques se sont formés au fur et à mesure que la
race s’est fractionnée ou dédoublée. Dans l’origine, des noms
propres n’ont été donnés qu’à des individus et ensuite à des corps
d’hommes pouvant être considérés comme des individualités. Or,
le premier corps d’hommes qui se soit formé naturellement et qui
pût être pris pour une unité ou une individualité, c’était la f am i lle
(scythe t a v i t i , foyer, famille). Aussi les noms propres les plus anciens
après ceux qui ont été donnés aux individus, ce sont les
n om s d e f a m i l l e , empruntés au nom du c h e f d e la f a m i l l e . La famille,
en s’élargissant et en se dédoublant, se fractionna en plusieurs
familles qui formèrent ensemble une t r i b u , laquelle reposait
sur la commune origine de ces familles et se rattachait à la famille
originaire et par suite au chef de cette famille originaire. C’est
pourquoi les noms propres choisis pour désigner les tribus étaient
des noms patronymiques ou éponymiques empruntés au nom du
chef de la famille la plus ancienne. C’est ainsi, par exemple, que
les douze tribus de la Judée se nommaient d’après les douze patriarches.
La t r ib u n’étant en quelque sorte que la famille originaire
plus, étendue, pouvait être désignée comme telle par le même
nom commun par lequel on avait désigné jusqu’alors la famille
(gét. t e u t i , famille, tribu), et c’est pourquoi les noms propres des
familles devinrent dans la suite les noms propres des tribus. Lorsque
les différentes tribus Sorties de plusieurs souches appartenant
notions ethno-généalogiques. 13
toutes à la même race, devinrent sédentaires et se fixèrent dans
un même pays, elles y formèrent une n a t i o n ou agglomération
d’hommes ayant une même o r ig in e (lat. n a l i o , naissance), et la nation
n’étant que la réunion des différentes tribus d’une même race
pouvait être désignée par Iemême nom commun par lequel on avait
jusqu’alors désigné la tribu (norr. th i o d , tribu, nation). Aussi la
nation eut-elle ordinairement pour nom propre ethnique le nom
qui jusque-là avait désigné la tribu p r é d o m in a n t e . Enfin, des nations
de même souche ou différentes d’origine s’étant établies sur
le même territoire, ont formé un seul corps p o l i t i q u e , c’est-à-dire
un p e u p le , et ce peuple prenait généralement le nom de la nation
qui était prépondérante au point de vue géographique ou au point
de vue politique.
Si dans les temps modernes les noms des nations et des,tribus
s’effacent de plus en plus dans l’histoire en se perdant dans les
noms des p e u p le s ou des grands corps p o l i t iq u e s , il n’en a pas été
de même ni au Moyen âge ni dans l’Antiquité. Dans l’Antiquité surtout,
les noms de familles et de tribus sont excessivement nombreux
en géographie et en histoire, et ces différents noms ont
; été la cause principale pourquoi on n ’a pas toujours reconnu
l’unité de race des nations qui les portaient. La linguistique, en
groupant d’après les idiomes ces noms si nombreux, nous fait
d’abord connaître les grandes divisions ethniques ; ensuite l’eth-
! nologue, sachant que les différentes générations d’une seule et
i même race, en se dédoublant, ont pris différents noms de tribus et
| de nations, parvient à reconnaître, malgré cette diversité dans les
noms, l’unité de race qu’ils cachent; et en suivant les traces que
I les générations issues d’une même souche ont laissées sur la roule
qu’elles ont suivie dans leurs migrations, il parvient à recon-
I naître la série des générations et par suite à déterminer leur filia-
| tion généalogique et l’unité de leur race.
§ 8. m é l a n g e d e p e u p l e s d e r a c e s d i f f é r e n t e s . — Dans
I l’Antiquité, le mélange de peuples de races différentes a été plus
I fréquent qu’on ne le croit communément. Parmi les peuples de
| race ia f é tiq u e , les S c y th e s surtout et leurs descendants se sont mê-
| lés avec des nations étrangères, soit que, ayant, comme cadets
1 de la ra c e , l’esprit et le coeur plus larges et moins d’orgueil na-
I lional, ils aient eu aussi moins de préjugés et d ’antipathies contre