
deGo«(Avisé, Intelligent;scyth. Gefa;cf.norr. gautr;\at. calus, avisé),
qui, dans la suite, devint l’expression pour désigner l’Être divin en
général (cf. ail. Gotï). Les peuples Scandinaves et germaniques, pour
désigner les Dieux (norr. godh) plus spécialement comme Protecteurs
des hommeç, les ont nommés Ascs(p. Anses; norr. Æsir), c’est-
a-dire Supports ou Soutiens (sansc. ansas, épaule ; lat. ansa, support,
épaule, anse; âra p. ansa, support, autel); les Déesses furent
appelées les Amies ou Amantes des Ases (norr. Asynior p. Asviniar).
§ 166. I<es Thurses et les lotnes. — A côté des Dieux
qu’ils adoraient, les Scythes, ainsi que les autres branches de la
race iafétique, conçurent des Êtres mythologiques doués d’une
puissance surhumaine, et qui, plus ou moins anthropomorphes ou
zoomorphes, représentaient les forces gigantesques, terribles et
pernicieuses de la Nature. Ces Êtres surhumains, qui passaient
plus ou moins pour les Ennemis des Dieux et des humains, n’étaient
pas adorés mais plutôt craints ou haïs des hommes. Comme, dans
l’origine, les Scythes habitaient, dans l’Asie, des plateaux élevés,
où les pluies étaient, pour eux, un bienfait, et la sécheresse une calamité,
ils durent considérer comme des Démons malfaisants, les
Représentants ou les Personnifications mythologiques des vents
secs, qui, dans ces contrées,.chassaient, absorbaient, ou comme
on disait, mangeaient les nuages fécondateurs, rassemblés et amenés
par le dieu Ciel (Tivus), surnommé Pirkunis (Pluvieux, Orageux,
v. p. 155). Aussi ces Démons avaient-ils les noms de Turses (Secs,
Arides; gr. tarsos; goth. thairs; ail. dürr; cf. lat. terra, sèche) et
de llunes1 ou lotnes (Mangeurs; sansc. ad; lat. edere; norr. ëta,
manger). Le nom du roi scythe hun-tursus (scytho-grec Ithan-
ihursos; Justin I-an-dyssus ; cf. norr. Iolun-thurs) prouve que les
Turses et les lotnes étaient déjà connus des Scythes sous ces noms mythologiques.
Les traces de la foudre, ou , comme disaient lesScytho-
Grecs, de Héraklès, que l’on montrait, en Scythie, sur les bords
du Tyras (Hérod.,_ IV, 82), étaient, sans doute, les marques du
combat terrible que, d’après la tradition mythologique, le Dieu du
tonnerre (Pirkunis) avait livré, en cet endroit, à ses ennemis les
Turses et les Itunes (v. p. 156). 1
1 D a n s Itunes l e u e s t b r e f e t l ’a c c e n t e s t s u r la p r em iè r e s y lla b e r a d ic a le . C’e s t
p o u r q u o i o n f a it b ie n d ’é c r ir e e t d e p r o n o n c e r e n f r a n ç a is Unes o u lotnes a u lie u
d e Itunes. .#, ■
Les traits que.les Gèles tiraient avec leurs arcs contre le ciel,
toutes les fois qu’il y. avait un orage, étaient dirigés contre les Démons,
que le Dieu du tonnerre Skalmoskis était supposé combattre;
et celte habitude qu’Hérodote considérait comme une injure sacrilège
faite à Zevs, était au fond , c’est-à-dire aux yeux des Gèles,
un acte pieux et méritoire, ayant pour but de venir en aide au
dieu Firgunis ou Skalmoskis, dans sa lutle contre les Thurses et les
Itunes (v. p. 160).
Dàns la mythologie des Scandinaves, ces Démons durent prendre
un caractère quelque peu différent de:celui qu’ils avaient eu dans
la religion des Scythes et dans celle des peuples de la branche gèle.
En effet, comme dans le Nord, ce ne sont pas les vents brûlants et
secs, mais les froids excessifs de l’hiver qui sont nuisibles ou pernicieux;
les Thurses „et les lotnes, de Géants de sécheresse qu’ils
avaient été dans l’origine, devinrent, dans la Mythologie Scandinave,
des Géants de glace. Leur nom de Thurses (Secs, Raides) désigna
dès lors , soit la raideur des corps transis de froid, soit la sécheresse
ou le manque d'eau des régions polaires, soit enfin 1 aridité de la
Nature manquant de sève en hiver Ë
CHAPITRE XVII.
B. LES G ÉN IE S . ,— KVARKES.
§ 16«. Signification du nom de Kvarkes. — Les
peuples primitifs de la race de Iafète se figuraient l’âme comme
quelque chose d’animé (gr. zôon, animal), renfermé dans le corps
et lui donnant le mouvement et la vie. Dans l’origine, lorsque l.es
hommes ne voyaient encore jusque dans leurs Divinités que des
Êtres zoomorphes, on ne pouvait pas non plus se figurer l’dme autrement
que comme un petit Être matériel zoomorphe logé dans le
corps, l’animant pendant la vie et le quittant au mçment de la
mort. Plus tard les Dieux étant devenus anthropomorphes, l’âme
‘ Ce q u i p r o u v e q u e ï e s ic lë e s de' froid, é t d e sec s e t o u c h a ie n t d e p r è s d a n s l e s
la n g u e s d ’o r ig in e scythique, c ’e s t q u e l e mois d e d é c em b r e f :d a n s la l a n g u e l i th
u a n ie n n e , p o r t e le , n om d e Sausis .(S é c h e r e s s e )oThôrkell, i'ils d e T h ô r o lf , e u t
le su r n om d e Gelée sèche (n o r r . Thurrn-frost), p a r c e q u e , t o u t e s l e s fo is q u i l
a lla it à la c h a s s e , il y a v a it u n e fo r te g e lé e - o u , c om m e o n d i s a i t , u n e g e lé e
sèche. (Y o y . We in h o l d , Altnordisches L eb en p . 2 8 1 .)