
sept kilomètres $■ si notre oeil pouvait seulement en percer
d ix , quel vaste champ d ’étude s’o u v rira it devant nous!
La géologie qui, depuis soixante ans, a fait ta n t de progrès,
n ’en est p o u rtan t qu’à la surface, et nous n ’en
savons pas plus su r la composition in té rieu re de notre
planète que su r celle de la lune : nul de nous ne peut
d ire si son enveloppe nous cache une mer centrale, une
immense fournaise ou une suite de cavernes habitées
p a r des êtres dont nous n’avons pas même l’idée, êtres
ayant aussi leu r a ir resp irab le et le u r jo u r relatif. De
cette te rre connaissons-nous toutes les issues, tous les
s o u p ira u x , toutes les communications sou s-marin es?
C’est donc to u t un monde que nous avons à découvrir;
et quand nous ne sommes encore q u ’à l’enveloppe, quand
nous avons à peine levé un petit coin du voile, il y aurait
un singulier orgueil à décla rer q u ’il n ’y a rien dessous,
et que cette couche de tro is à q u a tre kilomètres, su r la
formation et la composition (1) de laquelle nous ne
sommes même pas d’accord, représente tout ce que contie
n t la masse en tière du globe.
La réflexion nous d it qu’il n ’en p eu t être ain si: qu’il
est évident que la te rre a été h abitée dès qu’elle a été
hab itab le; que l’homme y vivait lorsque des convulsions
te rrib le s l’o n t en tièrement bouleversée; qu ’il y vivait
(1) Notre planète est-elle formée d’une matière éthérée qui s’est
successivement concentrée et qui, de l’état de vapeur, a passé à
l’état solide? — E st-ce un point attractif qui s ’est accru, s ’accroît
encore et s ’accroîtra indéliniment de cette zône d’aérolithes qui
l’entoure? — Est-ce un composé de débris de mondes brisés et de
soleils éteints? Ou aérolithe lu i-m êm e , ce globe e st-il insénsi-
blement attiré vers un globe plus grand, à l’accroissement duquel
il doit servir un jour? — Q ustions à résoudre.
également lorsque sa surface a été modifiée p a r un effet
plus lent ou un mouvement successif ; que depuis son
principe et au jo u rd ’hui encore, cette te rre cro ît en volume
p a r l’adjonction de ces myriades d ’aérolithes dont,
ainsi q u ’un anneau, une zône l’enveloppe; que ce volume
s’accroît aussi de ces couches produites p a r la substance
impalpable et p a r ces germes que nous ap p o rten t la
lumière, la ch aleu r, l’é lec tricité, accroissement insensible,
mais incessant et ten d an t à enfermer tous les jo u rs
davantage ce sol le premier peuplé, à le comprimer, à le
tasser vers le centre.
En présence de ces faits, qui de nous peut affirmer
que là, sous nos pieds, à quelques cents mètres plus bas
que les quelques cents mètres que nous connaissons, nous
ne retrouverions pas la n a tu re p rimo rd iale, avec d ’au tres
formes, d ’au tres espèces, d’au tre s hommes, enfin cette
ancienne superficie couverte des d éb ris d’une humanité
et peut-être d’une civilisation oubliées.
Sans doute il est plus co u rt de d ire qu ’il n ’y a rien
eu au-delà de ce que nos yeux ont vu ou que n o tre mémoire
nous rappelle, et qu’av an t Ninive et Babylone on
n’avait point b âti de v ille s; mais pensez-vous qu ’une
pareille croyance a it été admise dans ces cités, et que si
elles avaient leurs écoles et leurs sages, ceux-ci y enseignaient,
comme les nô tres, qu’av an t eu x il n’y a v a it
rien? Non, à cette époque comme au jo u rd ’hui, l’histoire
de l’homme se p e rd a it dans la n u it des temps, et on n ’en
savait pas plus su r ses premiers pas que nous n ’en sa-
vous nous-mêmes. Les recherches des anciens, moins
observateurs que nous, se p o rta ien t ailleu rs; mais si ces
sages, devenus n atu ralistes, av aien t voulu approfondir
l’étude de l’h omm e, ils a u ra ie n t, comme n o u s, in te r