
gunis. Les attributions de Firgunia, comme épouse de Firgunis, passèrent
dès lors à la déesse Sif (v. p. 167), l’épouse de Thonars, lequel
avait été substitué à Firgunis. Airtha en succédant à Apia, l’ancienne
Déesse Suprême, aurait dû obtenir également comme celle-ci
le rang de Déesse Suprême; mais comme Vâthans était déjà devenu
le Dieu Suprêmê, à la place de Tius, le rang de Déesse suprême j
revenait aussi à Frigg (Pluie) comme a l épousé de \ âthans, plutôt
qu’à Airtha, l’héritière à'Apia. Les anciens mythes représentent
donc Airtha Seulement comme la rivale de Frigg; elle fut, sinon
l’épouse, du moins l’amante de Vâthans, et, comme telle, elle devint
la mère de Thonars, lefils de‘Tâthans. Quelques attributions de
l’ancienne Apia, comme déesse de l'abondance, au lieu de rester à
son héritière directe Airtha, passèrent indirectement à la déesse
Rindus qui, comme déesse des eaux et des sources, présidait aussi
à l’abondance (v. p. 157).
c, le s Héritières d’Apia dans la reliyion des Germains et des Scandinaves.
§ 105. Io i’dli et trd a . — La déesse Airtha passa, sous le
nom de Iôrdh, dans la mythologie des Scandinaves, et sous celui
de lrda dans celle des Germains. Iôrdh resta la déesse de la terre
de labour, l’amante d’Odinn, la rivale de Frigg et la mère de Thôr
et de Tiusko (T a c i tGerm., 2). Iôrdh garda son ancien nom de
Fiôrgyn (v. p. 175), comme lrda celui de Firgunia. Quanta l’ancienne
Apia, il n’y en eut plus de trace, sous ce nom, dans la mythologie
des Germains et des Scandinaves; mais ce nom propre devint un
nom commun dans les idiomes de ces peuples. En effet, le mot
scythe apia (terre) se transforma, dans le germain septentrional, en
eiba (p. eiva, evia), comme, par exemple, dans Vurgunth-eiba
(Pays de Burgond), et Anth-eïba (Pays des Anthes; v. Paul-Diacre).
Il prit en vieux haut-allemand la forme de awi (prairie), et en nor-
rain celle de ey (île) ; en suédois il se réduisit même à la seule lettre <j
(île). C’est ainsi qu’en vieillissant le culte et le nom propre de la
déesse Apia se sont en quelque sorte contractés, amaigris et desséchés,
et ont perdu de plus en plus leur importance et leur signification
dans la langue et dans la religion des Germains et des
Scandinaves.
CHAPITRE XI.
C. LE SOLEIL. — VAITOSKÜRUS J TAIÎGITAVUS.
a. Conception et attributions du dieu Soleil chez les Scythes.
§ 106. Notion e t n om d u soleil. — Le soleil, comme corps
céleste, était considéré, dans l’origine, seulement comme une panie
intégrante ou comme un ornement du dieu Ciel (Tivus). On ne songeait
pas encore à l’adorer comme une divinité distincte et particulière
(v. p. 454). Dans le soleil, .considéré comme ornement du ciel,
ce qui frappait surtout l’imagination, c’était sa forme ronde; et c’est
pourquoi la notion qu’on se faisait du soleil se confondit logiquement
avec ce qu’on remarquait de caractéristique en lui, à savoir
sa qualité ou sa nature de cercle. Aussi le mot sval *, qui exprimait
naturellement la notion de cercle, devint-il, dans la langue primitive
des peuples iafétiques, l’expression pour désigner le soleil. Plus tard
ce mot servit aussi à désigner le ciel, non pas comme divinité,
mais comme cercle ou voûte céleste. Lorsque, dans la suite, le soleil
ne fut plus seulement considéré comme partie intégrante du Brillant
(Tivus Ciel), il fut aussi adoré comme lui, mais adoré comme
une divinité distincte du dieu Ciel. Comme le Soleil se mouvait
sur la voûte céleste, on lui donna le nom de Céleste (scythe Svalius ,
Tenant de Sval). Ce nom a dû exister déjà dans la langue primitive
des peuples iafétiques; car il se retrouve, et dans l’idiome kamar et
dans l’idiome grec, qui se sont séparés de bonne heure de la langue
primitive, et dans l'idiome scythe, qui, généralement, ne s’est pas
‘Le thème VaRa exprime la notion de entourer, enrouler. Èx. sansc: 'Wrj
[roulant, eau). VaRa a été remplacé aussi par VaLa (entourer). Ex. slav. wali-
ti (rouler) ; sansc. Varounas (cercle, océan) vgr. ouranos (voûte, ciel). Les thèmes
VaRa et VaLa, par l’addition du préfixe déterminatif Ke ou Se (Çe), formèrent
les thèmes S-VaRa , S-VaLa, qui expriment l’idée de contour, cercle. Ex. sansc.
svar (cercle du soleil, cercle ou voûte du ciel); zend hvare (cercle, soleil); pers.
khor (cercle,soleil) ; gr. (juras (cercle) ; choros (tour, choeur)j kronos, chronos
(cercle du temps) ; lat. corona (cercle, couronne).; sansc. çrôni (arrondie, hanche) ;
lat. clunis (arrondie, fesse)’; scythe Loti (cercle’, rouej ;,Jhorr. svalr (arrondi ou
enflé par le chaud ou le froid) ; lat. culus (rebondi) ; sansc. çoulas (arrondi, tige,
ïance); gr. obelos (tige, flèche); goth. sauls (colonne); vieux ail. sûli (p. sveli-
lr- seuil; ail. schwelle) ; angl. threshold (p. thur-shvôl; ail. thür-schwelle), etc-
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