
PREMIÈRE PARTIE.
connues que le re s te , parce qu’elles étaient visitées par les marchands
phéniciens et scythes pour le commerce de l’ambre. Aussi les
Grecs donnaient-ils le nom de Ile amalke (scyth. apia malkia, Ile
du malki) à la presqu’île appelée plus tard le Sam-Land, situé
entre ce qu’on nomme aujourd’hui les deux Dunes (Nêrung, Nie-
derung). Au quatrième siècle, Pythéas, de Massilia, connaissait 1 Ile
amalke sous le nom de Abalkia (scyth. apia-malkia), et les Relies
l’appelaient Balthia ou Balzia (Basilia), nom homonyme du scylhe
malki, mais qui signifiait dans la langue kellique Ceinture, Limite
(gaël. bah, belt; lat. balteus; cf. le grand et le petit Bell), et dont
dérive sans doute le nom de la mer Baltique (la mer-Ceinture).
C’est celte île de Ballia que désignait Timceus, de Sicile (280), quand
il disait qu’il y avait, devant le pays de la Scythie (Sarmatique) appelé
par les Finnes Banno-ma (finn. Vannaya-ma, terre des Vanes)
une île où,. au printemps, les flots rejetaient le succin (Plin., IV,
c. 13, § 94). Xénopkon, de Lampsacus, savait que l’île de Ballia
était à trois journées de distance du rivage de la Scythie (Banno-
ma), et Pline l’Ancien (37, c. 2 , § 11), désignant l’Ile amalke
sous le nom d’Abalus (p. Abalhios), dit qu’on y trouvait l’ambré,
et qu’elle était située sur les côtes de l’ancienne Kellique (Germanie).
Enfin Solin, au troisième siècle après Jésus-Christ, donnait
encore à cette Ile amalke le nom d’Abalcia. Celte île, C’est-à-dire
les deux Nêrungs, portait sans doute chez les Grecs aussi le nom
de Eleklrides (Iles à l’ambre). On savait que ces îles étaient situées
à l’extrémité nord de la route commerciale qui menait, par te rre ,
de la mer Adriatique, où étaient établis les Vénèles (Vénitiens), à la
mer Baltique où habitaient les Vénètes (Wèndes); et voilà pourquoi
il se fit qu’on plaçait quelquefois par erreur les Eleklrides
dans le voisinage de Venise (Plin., 5, 26, 30), c’est-à dire à l’extrémité
sud de cette même route commerciale.
Si la partie orientale de la mer Baltique fut dévoilée aux Grecs
principalement par des marchands scythes et phéniciens, sa partie
occidentale le fut surtout par les Relies, et plus particulièrement
par les Cimbres kelliques du Julland. Pyihéas, deMassiliâ, avait vu I
lui-même le golfe de Mentonomos; mais ce furent les Kelles-Bre- |
tons qui lui parlèrent d’une île ou d’un pays maritime qu’ils nom- I
maient Thule1, où l’on pouvait aller, selon eux, en six jo u rs, en
1 En 278 avant notre ère, des Gaulois, sous la conduite de Komontorius, fonpartant
du nord de la Bretagne, c’est-à-dire des Orkades. Ce pays
de Thule, compris plus tard aussi sous le nom de Loch-lin (Pays de
fiords e t de lacs), était ce que nous appelons la Norvège (v. Procope).
Philémon apprit des Cimbres que la mer amalke portait, dans leur
langue, le nom de Mori maruse (mer Morte, cf. bas bret. more ma-
riosis), et que, plus au nord, elle prenait celui de mer cronienne
(mer coagulée, congelée; cf. irl. muir chroinn; norr. mur grôinn).
§ 3®. Origine et signification «l'a nom «te Scandinavie.
— Antérieurement au premier siecle avant notre e r e ,
aucun voyageur, ni périégète, ni géographe, ni même aucun auteur
ancien quelconque ne connaît le nom de Scandinavie. Cependant
ce nom a dû exister au moins dès le quatrième siècle avant notre
ère. En.effet, c’est au quatrième ou cinquième siècle avant Jésus-
Christ que des marchands scythes-sarmates, accompagnés sans
doute d’émigrés de la branche gèle, et guidés par d autres marchands,
soit phéniciens, soit keltes, soit finnes, ont passé probablement
des bords méridionaux de la mer Baltique dans 1 île appelée Boi-
gundarholm (Ile des Burgondes), aujourd hui Bornholm, e t , p artant
de là, ont abordé dans la partie la plus méridionale de la
presqu’île appelée plus tard Scandinavie. Frappés d’admiration à
la vue d’épaisses forêts de h ê tre s, ces Scythes ou ces émigrés
gètes ont donné au pays, ou ils avaient débarque, le nom de Pays
d’ombrage ou Ile ombreuse (scythe Skadvein-apia, gèle Skadvin-
avia1, germ. Schalten-aue). Ce nom prouve que ceux qui 1 ont
donné à ce pays n’y sont venus, ni du côté du sud-ouest pai
le Séeland, ni du côté du nord-est par la Suède. Car, s ils avaient
passé par le Séeland, ils auraient trouvé d abord dans cette île de
superbes forêts de hêtres qui y ont existé de tout temps2; ils n auraient
pas été tant frappés d’admiration en voyant ensuite les forêts
de la Skadvein-apia, et par conséquent ils n auraient pas donné à
dèrent en Thrace un empire avec la capitale Tyle, au pied de l’Hémus (Polyb.,
4, 46). Y a-t-il quelque rapport entre le nom de cette ville et le nom du pays
de Thule ? «
1 Sur le mot scythe apia et sa signification dette et de pays,voy. Les Scythes,
p. 34. Le mot scythe skadveinis (goth. skadveins) se rattache à la racine skada
(couvrir)-,,.dont est dérivé aussi le nom de skuta (bouclier, Voy. p. 32), En langue
gote, skadus signifie om b r e et de skadus dérive la forme skadveins (cf. galau-
beins, anasto'deÛis),- qui signifie ombrage. ) 1 ' ’
* Seelund (Forpt maritime) est l’ancien nom de lhle de Sceland (Pays maritime).