
appelé plus tard la Germanie, furent désignées anciennement, par
les Grecs sous le nom vague et indéterminé de Hyperborées (d an
delà de Borée). Ce nom connu des Homérides et d’Hésiode s’appliquait,
dans l’origine, seulement aux Thrâkes septentrionaux, établis
au delà des montagnes sur lesquelles on plaçait le séjour de
Borée qui était la personnification du Vent du Nord. Mais plus lard,
à mesure que les Kimméro-Thrâkes se répandirent davantage plus
vers le nord et vers l’ouest de l’Europe , et que les connaissances
géographiques des Grecs s’étendirent dans ces deux directions, le
nom de Hyperborées comprit spécialement les habitants des pays
appelés dans la suite la Germanie et la Scandinavie. Ce nom, il est
vrai, fut aussi appliqué aux habitants de tout le nord de 1 Euiepe
et de l’Asie, et même à des peuples qui n’existaient que dans 1 imagination
des poêles et dans les récits mensongers des voyageurs
et marchands grecs ou phéniciens. Mais du temps des Logogiaphès,
lorsque les Grecs attachèrent une idée plus précise à la dénomination
de Hyperborées, ce nom désignait les Kimméries de la Keltique
qui fut appelée plus tard la Germanie1. Dans la suite, les Grecs,
ayant appris à mieux connaître les Kimméries qu’ils appelaient
Hyperborées, leur donnèrent le nom indigène de Keltes, et ne se
servirent plus du nom de Hyperborées que pour désigner des peuples
inconnus et fabuleux habitant au nord de l’Europe et de l’Asie.
C’est au sixième siècle de notre ère que les Hellènes substituèrent
au nom vague et indéterminé de Hyperboj’ées celui de Relies, plus
précis et plus explicite, lequel n’était qu’une autre forme du nom
des Khaldes, et prouve qu’à cette époque les descendants des deux
branches de la race kamare, les Khaldes et les Kimméries, s’étaient
déjà établis entre le Danube, les Karpathes et la Vistule. De même
que, dans l’Asie, les Khaldes étaient placés au sud-ouest des Kimméries,
de même aussi, en Europe, les Keltes, autrement appelés
les Galates, s’établirent au sud-ouest des Kimméries, autrement
appelés les Cimbres (Slrabon, V, 32). Comme les Keltes étaient plus
rapprochés des Grecs, et par conséquent mieux connus d’eux, ce
fut aussi leur nom qui servit à désigner à la fois les deux branches
de la race kamare, et qui prévalut au point que tout le pays appelé
plus tard la Germanie fut désigné dès lors par les Grecs sous le
nom de Keltique.
* Voy. Les Peuples primitifs, etc., p. 46.
§ 4 5 . Les immigrés de la brandie gète. —A commencer
du septième siècle avant notre ère, des tribus de la branche gète
(v. p. 36) émigrèrent des pays de la Thrace, pour chercher d’autres
établissements plus au nord et à l’ouest de l’Europe. Quelques-unes
de ces tribus remontèrent le cours du Danube, d’autres suivirent le
cours de l’Oder et de l’Elbe , et arrivèrent sur les bords de la mer
Baltique, d’où quelques-unes d’entre elles se portèrent en Scandinavie
(v. p. 55). La plupart s’arrêtèrent dans les limites de l’ancienne
Keltique, bornée au nord par la mer Baltique, à l’est par les
Karpathes, au sud par le Danube et à l’ouest par le Rhin. Partout
dans la Keltique les émigrés de la branche gète rencontrèrent des
établissements formés par des peuples keltes; mais comme cette population
était clair-semée sur ce sol, les nouveaux venus purent, sans
la gêner, s’établir à côté d’elle. L’établissement des émigrés de la
branche gète au milieu des Keltes s’effectua donc d’une manière
paisible. Aussi l’histoire ne fait-elle mention d’aucune lutte qui
aurait eu lieu entre les anciens habitants et les nouveaux venus.
Cette habitation paisible, côte à côte, des Keltes avec des Gètes
amena la plupart du temps le mélange et la fusion des deux races,
de sorte qu’il se forma des tribus mélangées qu’on pourrait désigner
sous le nom de Gèto-Kelles ou de Kello-Gèles. Celte fusion était
bien plus fréquente chez les tribus de l’est, du sud et de l’ouest
que chez celles du nord delà Keltique. Aussi les Germains du nord
se sont-ils conservés plus purs que les autres de tout mélange
keltique, non-seulement quant au sang, mais aussi quant à la
langue, aux moeurs et à la religion1. Les Germains de la zone septentrionale
se rapprochaient sous ce rapport beaucoup des Scandinaves,
au point qu’il est vrai de dire que, dans l’Antiquité, la
différence entre les Scandinaves et les Germains du nord était moins
grande qu’entre ceux-ci et les Germains de la zone méridionale. La
' Il faut maintenir dans l’histoire une différence primitive de race entre les
Keltes et les Germains ; mais la fréquente fusion de ces deux races est également
un fait incontestable, et, par conséquent, ceux qui, dans les antiquités
germaniques et surtout dans l’idiome de la haute Allemagne, croient retrouver
beaucoup d’éléments lieltiques, ne sont certainement pas dans l’erreur. Le moment
approche où il sera possible de dire quels sont, par exemple, parmi les
anciens noms de montagnes, de fleuves, de bourgs, etc., de la Germanie, ceux qui
sont d’origine keltique. et ceux qui ont une origine germanique. Beaucoup de
[. mots allemands, comme glas, frank, blank, etc., sont évidemment émpruntés
aux idiomes keltiques.