
meau Scandinave; il nous reste à faire voir que cette même branche
gèle a produit également le rameau germanique.
CHAPITRE V.
B. Origine, migrations et établissements des peuples germaniques.
a) Races primitives en Germanie.
§ 43» La race sabméenne en Germanie» — Les peuplades
qui se sont établies dans la zone septentrionale de la contrée
appelée plus lard la Kellique et la Germanie, et qui ont été les habitants
primitifs de ce pays, ont, sans doute, été de souche sgb-
méenne (v. p. 51). En effet, il n’y a d’abord que cette race qui soit
connue pour avoir habité anciennement le nord-est de l’Europe.
Ensuite il est prouvé qu’avant l’arrivée des Keltes sur les bords de
la mer Baltique, ces contrées étaient déjà habitées. Car les restes
archéologiques (armes, ustensiles, tombeaux) qu’on a découverts
dans ces pays, appartiennent à un ancien péuple pêcheur et chasseur
qui n’était pas kelte, mais qui très-probablement était de
race sabmêenne. Des Sabméens doivent avoir occupé, au moins dès
le neuvième siècle avant notre ère, les bords orientaux et méridionaux
de la Baltique. Ils n’ont guère été connus des Grecs, mais ils
ont pu être compris très-vaguement, dès le sixième siècle avant
Jésus-Christ, sous la dénomination générale de Hyperborêes. Les Mé-
lanchlaines (v. p. 52), dont parle Hérodote, sans cependant savoir
à quelle race ils appartenaient, semblent avoir été une peuplade
sabmêenne. A peu près vers le neuvième siècle avant notre ère, des
émigrations commencèrent à rayonner des bords de la mer Noire
vers l’ouest et vers le nord de l’Europe. Ces émigrations étaient
composées de peuplades kimméries et khaldes qui appartenaient
aux deux branches de la souche kamare originaire de l’Asie1. Des
peuplades de la branche kimmérie et de la branche khalde se fixèrent
successivement dans les pays appelés plus tard la Germanie et la
Gaule. Celles qui s’établirent dans la Germanie se fixèrent principalement
sur les rives du Danube et du Rhin, dans les Karpathes
et sur les bords de la Baltique. Par l’arrivée des peuplades keltes
1 Voy. Les Peuples primitifs, etc., p. 37-54.
et kimméries dans ces contrées, les peuplades sabméennes qui les
occupaient furent rejetées, les unes au nord-est par les Kimméries,
les autres au sud-ouest par les Keltes. Celles qui ont été rejetées
au s u d ouest ont été successivement, et à mesure que les Keltes
se sont avancés dans cette direction, poussées jusqu’aux pieds des
Pyrénées, où leurs descendants prirent dans la suite le nom de
Vaskes h
§ 44. ües Hyperborêes et les Keltes en Germanie.
— Les peuplades kamares qui vinrent se fixer au nord du pays
‘Les Vaskes ou Escaldunacs ne sont pas d’origine ibère; car les Ibères de
l’Espagne appartenaient à la race iafétique, et VEscuara ou la langue basque ne
saurait, en aucune façon, se rattacher aux langues de cette famille. D’ailleurs.,
en appelant VEscuara un idiome ibère, on n’en est pas, pour cela, plus avancé.
D’où vient cet idiome prétendu ibère? En passant de l’étude du Basque à celle
du Grönlandais et du Lapon, c’est , semble-t-il, comme si l’on étudiait des idiomes
qui seraient de la même famille au point de vue grammatical; il n’y a, dirait-
on, que le lexique qui diffère d’un de ces idiomes à l’autre. Mais ces différences
lexicographiques s’expliqueraient par celles de l ’âge èt des circonstances géographiques
où se sont trouvés l’un par rapport à l’autre ces trois idiomes. ÀUssi j’ai
essayé dans mes études du Basque de rattacher cette langue à la famille sab-
méenne, à laquelle se rattachent aussi, mais à des degrés différents, le lapon et
le grönlandais, Les résultats de cette étude feront voir bientôt, je l’espère, si je
me suis fait illusion ou non dans mes prévisions: Mais ce que je puis affirmer dès
aujourd’hui, c’est que les formes grammaticales de VEscuara, qui paraissent si énig.
matiques aux grammairiens , n’ont absolument rien d’inexplicable pour le linguiste,
de sorte que si l’on savait aussi bien expliquer l’étymologie des mots
basques que leurs formes grammaticales, cette langue n’aurait plus rien d’extraordinaire.
Je crois devoir encore* affirmer que la manière dont les grammairiens nationaux
nous présentent le verbe basque avec ses formes innombrables, n’est pas
franche de tout charlatanisme. Il est vrai que le verbe basque est riche de formes,
et même beaucoup plus riche, sous ce rapport, que celui des langues iafétiques
et sémitiques ; mais il n’est pas beaucoup plus riche que dans les idiomes finnois.
Cette richesse provient de ce que, en Escuara, le verbe est encore ce que, dans l’origine,
il a été dans toute famille de langues et ce qu’il est resté jusqu’aujourd’hui
dans beaucoup delangues américaines, savoir: un adjectif verbal qui, comme tel, est
susceptible d’être composé et d’être non-seulement conjugué, mais encore décliné.
De là, dans le verbe basque, ces formes grammaticales innombrables qui sont
possibles, je l’avoue, au point de vue de la grammaire ; mais ces formes possibles
sont loin d’être toutes des formes usitées. C’est comme si l’on voulait faire passer
pour des formes du verbe latin toutes les combinaisons possibles résultant, par
exemple, des participes du verbe arno, combinés avec les verbes auxiliaires, et
conjugués et déclinés par tous les temps, modes, voix et cas, au singulier, au
pluriel et au duel, et dans tous les genres, masculin, féminin, neutre. Ces formes,
seraient, sans doute, très-nombreuses, elles seraient même conformes à la grammaire
et, comme telles, intelligibles à tous ceux qui savent le latin ; mais les deux
tiers de ces formes possibles ne seraient jamais employés par quelqu’un parlant
et écrivant cette langue d’après l’usage. '