
e) Les Normands.
§ 40. Origine «lit 110m «le Normands. —Avant 1 arrivée
des peuplades de la branche gèle, le pays, appelé plus tard la Norvège,
était occupé par des tribus fûmes, qui avaient été refoulées
dans ces contrées montagneuses et sauvages, en partie par leurs
propres frères (v. p. 53), en partie par des peuplades d’origine
kellique (v. p. 52). Du temps de Pythéas, les Bretons de la
Grande-Bretagne désignaient déjà ce pays sous le nom de Thule
(Pays de haute mer; cf. gaël. tuile, déluge), et plus tard sous
celui de Loch-lin (Pays de mer). Ils appelaient Fion Lochlannach
(Lochlinois blancs ou orientaux, v. p. 52) les Norvégiens, pour les
distinguer des Dânes nommés Dubh Lochlannach (Lochlinois noirs
ou occidentaux). Les tribus de la branche gèle qui se sont établies
dans la Norvège, sont venues du sud, savoir : de 111 e de Sæland,
de Fionib, du Jutland, etc. Ce qui le prouve, c’est le nom même
de Norvège (norr. Norvegr p. Nordvegr, Chemin du Nord), le seul
que ce pays ait porté de tout temps en Scandinavie. Dans 1 origine,
ce nom désignait, d’une manière vague, la région ou les contrées du
Nord, comme plus tard les Scandinaves ont désigné indistinctement
les pays situés à l’orient de la Suède par le nom vague de
Austr-vegr (Chemin d’Orient). Il est d’ailleurs évident que le nom de
Norvegr n’a pas été d’abord donné à ce pays par les habitants de la
Suède, mais par les Gotes Insulaires et les Panes qui habitaient au
sud de la Norvège, et du sein desquels sont sortis les colons qui
sont allés s’établir dans cette Contrée du Nord. Ce furent aussi les
Gotes Insulaires et les Dânes qui donnèrent aux Norvégiens le nom
de Nordmenn (Hommes du Nord). Les Norvégiens eux-mêmes ont
adopté ce nom , et l’ont toujours affectionné. Plus lard ils se-sont
également nommés Norskes ou Norroenir (Ceux du Nord), par opposition
aux Dane? appelés Sudroenir (Ceux du Sud). Les principales
peuplades de la branche gèle qui se sont établies dans l’ancienne
Norvège, étaient les Luges, les Hérules, les Paumes et les
Burgundes.
§ 41. lies principales trilms novsltes. — Les Ruges
(norr. Rygir; anglos. Rugas), dont le nom signifie Coutelas (v. Les
Chants -de Sôl, p. 119), étaient une tribu des Gotes (Procop,, de
bello goth,, 3, 2); ils se divisaient en Ruges propriétaires-terriens
(norr. Adal-Rygir; Jornandès Ethel-Rugi), qui, sur le continent,
possédaient des manoirs et des terres héréditaires dans les familles,
et en Ruges Insulaires (norr. Holm-Rygir; Jornandès Ulm-Rugï),
qui, établis sur les îles voisines du Roga-land (Pays des Ruges),
vivaient principalement de la pêche et de la piraterie.
Les Hérules, dont le nom signifie, sans doute, Petites-épées (cf.
scythe gaisus; goth. hairus; norr. hiôrr; sax. Cheru et Heru, cf.
Càeru-skes), étaient probablement une tribu voisine ét alliée des
Ruges ; car Eudes l’Alerte (lut. Odo-acer; v. h. ail. Olo-wakar), le
fameux chef des Hérules, était Ruge d’origine (Jom., c. 12). C’est
des Hérules que descendait, sans doute, la tribu ou la famille des
Herlinges (Issus des Herles) qui existait encore au neuvième siècle
(v. Vîd-sîd, 218). Une partie des Hirles (Hilles, Hirres) s’était
probablement unie, de très-bonne heure, avec une tribu des
Aviônes (Gavi-vanes, Compagnons de Gavi ou Gôï), et de ce mélange
est sortie, à ce qu’il paraît, la peuplade des Hill-eviônes
(p. Herul-gaviônes ; Plolém. Hailu-aiônes) qui, d’après Pline (4,
13), habitaient, dans la presqu’île Scandinave, un canton (gavi) renfermant
cinq cents villages. Parmi ces tribus il faut peut-être aussi
compter les Evagères (Habitant l’Ey-akr, Champ de l’île; cf. Brunn-
akr) qui étaient alliés aux Othinges, dont le nom signifie Descendants
d’Oth (norr. Odr, l’époux de Freyia, v. § 95).
Les Raumes (norr. Raumar; anglos. Reamas), dont le nom signifie
Amples ou Géants, étaient établis sur les deux rives du Raum-elf
(rivière des Raumes) dans le Rauma-rik (Contrée des Raumes). Ceux
qui s’étendaient jusqu’au Hadaland portaient le nom de Hada-
Raumes (anglos. Heado-Reamas).
Les Burgondes(anglos. Burgendas) étaient, dans l’origine, une peuplade
kellique qui se confondit plus tard, dans la Scandinavie, avec
des tribus gotes. Ce qui prouve leur origine kellique, c’est le nom de
Burgundes qui signifie Ceux du district appelé Burgunth (kimméro-
grec Berekun-thos, v. § 94), c’est-à-dire appartenant au dieu de la
foudre {Burgun; kelt. Vercunus; pélasg. Herkunes, Herkules ; scyth.
Pirkunis; sansc. Pardjanyas). Les Burgondes ont conservé dans leur
nom la forme kellique, et ne l’ont jamais échangée contre la forme
germanique de Yergundesou Fiôrgundes. En Scandinavie, ils étaient
établis dans les deux îles de la Norvège nommées Burgund et Bornholm
(p. Burgundar-holm). C’est de là que les Burgondes sont plus