
venaient pas au soleil comme astre, il devint de plus en plus difficile
et à la fin presque impossible de reconnaître les rapports entre
ces personnages mythologiques et l'astre céleste du soleil. Dès
lors le rapport entre l’astre et les dieux anthropomorphes qui
en avaient été les représentants, étant rompu , la mythologie, déroutée
qu’elle était d’ailleurs par les attributions réputées épiques
de ces dieux, ne savait plus que Oitosurus, Targitavus,Skotaris, etc,,
étaient proprement des dieux du Soleil, et c’est pourquoi, croyant
combler une lacune, elle imagina une Divinité devant présider à cet
astre. Jusque-là le soleil avait encore porté l’ancien nom masculin
de Saulius (v. p. 178); ce nom masculin fut changé contre le nom
féminin Saulia ou Saulî, parce que la nouvelle Divinité du soleil fut
considérée non plus comme un dieu, mais comme une déesse. Voici
quelle a été la cause de ce changement du genre. La Mythologie
s’étant.développée et une Cosmogonie s’étant formée sous l’influence
de la cosmogonie thràke, les Gètes, les descendants des
Scythes, à l’exemple des Ivimméro-Thrakes, considérèrent la Nuil
comme la Mère primitive des choses et l’opposèrent au Jour, qui
passa ainsi pour le Père et la Souche descréatures. Dès lors le Soleil,
ou l’astre du jour divinisé, dut être considéré comme l’épouse du
Jour, et prendre, par conséquent, le genre féminin.Voilà pourquoi,
dans les langues des peuples de la branche gèle, le nom de l’ancien
dieu Saulius fut remplacé par celui de la déesse Saulî; et le nom de
Saulî se changea ensuite en Sauïl et plus tard en Sôl. Cependant
l’ancien nom épithétique du Soleil, le masculin Sunna (p. Svintha,
Rapide, Alerte, v. p. 179; cf. ail. ge-schwind ; angl. soon, bientôt; ail.
schon; ge-sund, alerte; ail. sund , solaire, sud, p. 8) se maintint encore,
pendant quelque temps, à côté du féminin Sunnô qui toutefois
était déjà plus généralement usité. La Déesse du soleil, comme autrefois
le Dieu Soleil, passait pour être la plus rapide des divinités,
et c’est de là que lui vint sans doute le nom épithétique de Raskva
(norr. Roskva, llapide), qu’on retrouve dans le mot composé Rasku-
poris (Fils de la Lapide; norr. Riisku-burr), qui était le nom propre
du fils du roi gèle Kolus.
Les Moeso-goles, peut-être par suite de l’influence du christianisme,
effacèrent dans leur idiome les traces de la personnification mythologique
du soleil, et, envisageant cet astre seulement comme un
objet de la nature, le désignèrent par le mot neutre sauïl. C’est
ainsi que le mot abstrait halia (l’enfer) s’est aussi formé du nom
concret de là Déesse de la mort, et que le mot neutre fairguni
(montagne) est également dérivé du nom mythologique masculin
Firgunis (v. p. 161).
La déesse Sôl ou Sunnô ayant été imaginée pour présider au soleil
qui avait pris le genre féminin, il devint par cela même encore
plus difficile de reconnaître que des divinités mâles, telles que
Oitosuros et Targitavus, aient jamais pu être autrefois les représentants
de cet astre. Aussi ces dieux furent-ils considérés comme
étrangers à tout rapport mythologique avec le soleil; et, bien que
les anciens mythes, qui exprimaient ce rapport, se maintinssent
dans la tradition, ces dieux prirent néanmoins un caractère tout
épique et leur ancienne signification symbolique de Soleil ne fut
plus ni reconnue ni même soupçonnée.
§ I f â . lies H é ritie rs île T a rg ita v u s ; le dieu B a llo
n s. — Dans les religions anciennes, certaines conceptions se
propagèrent et se maintinrent par la tradition, bien qu’elles fussent
surannées ou peu conformes aux idées plus avancées de l’époque.
Voilà pourquoi le soleil, bien qu’oirvît en lui un objet physique ou
un astre du ciel, continua cependant, dans la tradition, à être représenté
comme un étalon céleste (hirnils-i/ivus ; norr. himin-iôr) qui
était monté par la déesse Sôl et qui sortait, tous les matins, de
l’Orient appelé la Porte du cheval céleste (himils-ihvu-lhur; norr.
himin-iô-dyr). Les autres animaux mâles, tels que le bélier, le
verrat, le renne, le cerf, etc., sous la forme desquels le soleil zoo-
morphe avait été conçu dans l’origine (v. p. 179), continuèrent, dans
la tradition , à être considérés non pas seulement comme des animaux
consacrés aux dieux solaires (c’est-à-dire aux dieux anthropo*,
morphes épiques, héritiers du dieu zoomorphe primitif, symbole
du soleil), mais aussi comme des symboles de ces dieux épiques
dont quelques-uns avaient gardé, comme noms épithétiques, les
noms même de ces animaux. Or, tous ces animaux avaient des
noms exprimant originairement l'idée générale de mâle, d'impétueux,
de -chaleureux ; et c’est pourquoi ils ont pu échanger leurs
noms entre eux, non-seulement dans les différentes langues iafé-
tiques primitives, mais encore dans les divers idiomes scythes. C’est
ainsi, par exemple, que le scythe vrindus (étalon, v. ail. vrenioj
correspond au pélasge brendos ou brundus (cerf), au sarmate