
Néanmoins les Deukiônes, comme descendants des Davikes ou Dà-
kes, ont pu se donner aussi le nom de leurs pères, et ce nom de
Dâkes paraît avoir été connu de bonne heure même des Firmes de
la Norvège, puisque encore aujourd’hui les Lapons, les descendants
de ces Finnes, désignent les Danois de nos jours sous, le nom
de Dazh, qui correspond à celui de Dakes1. Bientôt après, de même
qu’on avait appelé Gétines (v. p. 62) ou Goihines (norr. Gotnar),
les descendants des Gètes et des Gotes, de même on a appelé Dâ-
kines les descendants des Dâkes. Du nom de Dâkines (lat. Dacini,
Dachini) s’est formé par contraction le nom de Dânes (norr. Dânir,
p. Dâhnir, Dâknir). Le nom de Dânes a dû être usité au moins dès
le sixième siècle; car Grégoire de Tours, vers 860, emploie déjà
le nom de Dânia (Pays Dâne). Il se sert également de la forme de
Danônia (Pays Danone; cf. russe Daichanine), ce qui fait supposer
avee raison que, par analogie avec les noms de Golhônes, Davi-
kiônes, etc., on a aussi employé, au lieu du nom de Dânes, la
forme latine, sinon germanique, de Danônes (p. Dân-vanir, cf. p. 60).
Venanlius Forlunatus, vers 590, nomme, dans un de ses Distiques,
le Dâne (Danus) à côté du Svèthon (Svetho) et du Gèle (Gela).
Anasiase, moine de Sina, f 606, connaît aussi les Dânes ; car, dans
son Guide (Hodègos) vers les Aképhales, il dit que les Anciens appelaient
Scythie le Nord où habitaient, de son temps, les Dânes
(gr. Danois) et les Golhes (gr. Gothoï). De même que les Daves
(v. p. 25) se disaient issus de Davus (Brillant, Ciel ou Soleil), et
que les descendants des Daves, c’est-à-dire les Davikes ou Dâkes,
rattachaient leur origine à Dâkus (norr. Dagr, le Jour) qui était le
Fils du Ciel ou du Soleil, de même les Dânes se disaient issus de
Dânr (p. Dâgnr, descendant de Dâgr), le petit-fils de Dâgr.
§ 39. Résumé de l ’histoire ethnologique des lianes.
— Dans les premiers siècles de notre ère, les Dânes, établis au
nord-ouest de la G.ermanie, pénétrèrent dans le Sæland, puis dans
la Skânie et le Halland, et se mêlèrent, dans ces pays, avec les
Gotes Insulaires et les Gotes-à-char (v. p. 63). Les Gotes semblent
même avoir eu longtemps la prééminence sur eux, car jusqu’au
huitième siècle le Pays des Dânes s’appelait Golhland (Pays des
Gotes). Au quatrième siècle, les Angles, peuple germanique, occupaient
encore la presqu’île de Julland et l’île de Fionie (lie
' Voy. Grimm, Ccschiehte der deulsclien Spraclie, I, p. 193.
blanche ou orientale), qui, l’une et l’autre, étaient occupées antérieurement
par des peuples keltiques, comme le prouve le nom
même de Fionie (v. p. 52). Lorsque les Angles, pour la plupart,
passèrent en Angleterre, les Dânes, sous la conduite de Eêlgi et
de son fils Hrôlf, surnommé Kragi (norr. Kraki, le Nain), s’emparèrent
du Jutland, et s’y maintinrent depuis celte époque. Ils s’y
mêlèrent avec ceux d’entre les Angles qui y étaient restés ; de sorte
que Saxon le Savant (Grammaticus) pouvait dire, avec raison, que,
de son temps, les Danois (du Julland) avaient pour ancêtres Dan (le
Dâne) et Angul (l’Angle). Au sixième siècle les Dânes occupaient
déjà, outre le Julland, les îles voisines dans la mer Baltique; et
au septième siècle, sous le règne de Ivar, surnommé Large-sein
(norr. Vîd-fadmi), ils possédaient, outre le Julland et les îles voisines,
encore la Saxe à l’est de l’ancienne Anglje, et de plus la
Skânie et une partie de la Suède. Les Dânes se divisaient alors en
\ deux branches : 4° les Dânes méridionaux (anglos. Sud-Dene), et
2° les Dânes orientaux (anglos. East-Dene). Les Dânes méridionaux
étaient aussi appelés Dânes occidentaux (anglos. Vest-Dene), parce
qu’ils habitaient le Jutland et le nord de la Germanie situés au
| sud-ouest par rapport aux Dânes orientaux; et les Dânes orientaux
[ étaient également appelés Dânes maritimes (anglos. Soe-Dene),
parce qu’ils habitaient les îles de la mer Baltique situées au nord-
I est par rapport aux Dânes occidentaux. Dans l’origine, le nom de
[ Danemark (norr. Dan-mork, Marche dune) désignait les établissements
des Dânes dans la Skânie; et c’est le skalde Bragi VAncien,
[ de Fiôrdefylke en Norvège, lequel vivait du temps de Ragnar Braie-
I velue, au commencement du huitième siècle, qui emploie, pour la
[ première fois, le nom de Dan-mork pour désigner l’ensemble des
I pays composant à peu près le Danemark actuel. Dans les anciennes
[ chroniques latines d’Esrom en Sæland et de Rykloster, le Dane-
I mark porte le nom archaïque de Dada. Vers le onzième siècle, les
I Dânes prirent plus généralement le nom de Dânskes (p. Dâniskir),
I comme les Suèdes prirent celui de Svcdiskes ou Svenskes(v. p. 61).
I Les Normands ayant importé en France le nom de Danskes, il s’en
I est formé le nom français de Danois (p. Danoise). Avec Bioru,
Flanc-de-Fer, fils de Ragnar, commence la série des rois suédois;
I et avec Sigurd, OEil-de-Serp, commence celle des rois danois.