
t r io n a l et l'allemand méridional qu’entre l'allemand s e p te n tr io n a l
et les langues Scandinaves.
§ SS. Formation d e s langues S c a n d i n a v e s . — Dans
l’origine, les S v î e s , les G o te s et les D â n e s , issus des tribus de la
b r a n c h e g è l e (v. § 33), parlaient en Scandinavie à peu près une
seule et même langue. Lorsque, dans la suite, les D â n e s devinrent
le peuple dominant et que leur supériorité politique lut reconnue
dans le Nord, l’idiome commun à tous les Scandinaves prit le nom
de la tig u e d a n o i s e (norr. d ô n s k tu n g a ) . Cette prépondérance des
Danois établit une différence de moeurs plus marquée entre eux et
leurs voisins les Norvégiens (ou N o r dm e n n ) et les S v 'u lisk e s ; et cette
différence entre les Danois et les Normands se fit aussi sentir dans
leur langage respectif. La langue d a n o is e fut la première à se séparer
de l’ancien idiome S c a n d in a v e . Dès lors le nom de d ën sk
tu n g a , ne pouvant plus désigner l’ancien idiome Scandinave, désigna
seulement le dialecte particulier aux Danois. L’ancien idiome prit
alors le nom de langue m a r r a in e ou s e p t e n t r io n a l e (norr. n o r ræ n a
tu n g a , n o r r c en t m a l ) , parce que, dans les pays situés au nord par
rapport aux Danois, savoir en Norvège et en Suède, cet idiome,
dont la langue d a n o is e venait de se détacher, n’avait subi que très-
peu de changements. Mais de même que le nom de N o rdm e n n
s’appliquait plus particulièrement aux Norvégiens seuls, avec lesquels
les Danois avaient des rapports plus fréquents et plus intimes
qu’avec les Suédiskes, de même le nom de n o r ræ n a tu n g a désignait
aussi plus spécialement la langue parlée en Norvège. Dans la
seconde moitié du neuvième siècle, des colons norvégiens allèrent
s’établir en Islande (v. p. 69). Comme l’idiome transplanté par
ces colons dans cette île était le n o r v é g i e n (norræna tunga), les
Islandais continuèrent naturellement, pendant plusieurs siècles, à
désigner leur dialecte sous le nom de n o r ræ n a tu n g a . Ce n’est que
vers le quinzième siècle que la langue des Islandais, qui différa
alors sensiblement du n o r v é g i e n , lequel s’était rapproché du d a n
o i s , reçut le nom particulier de la n g u e is la n d a is e (i s le n d s k a tu n g a ).
Nous venons de faire voir la série ou la filiation des idiomes
qui, par l’intermédiaire de l’idiome g è l e , se rattachent à la langue
s c y th e . Non-seulement on remarque entre eux celte filiation, mais
on peut aussi observer une marche progressive dans le développement
et le perfectionnement de ces idiomes. Il esl vrai que, si l’on
l ’é c r it u r e . 143
faisait consister la p e r f e c tio n d’une langue dans ses qualités purement
p h y s iq u e s , telles que l’emploi et la richesse des formes grammaticales,
et. dans la longueur et l'ampleur des mots (s e s q u ip e d a lia
v e r b a ) , alors on trouverait que le développement en question,
loin d’être, comme on s’y attendait, un perfeciionnement, ressemblerait
plutpt à une dégénérescence. En effet, les mots islandais,
par exemple, sont plus maigres, plus ramassés que les mots de la
langue g o t e , et ceux-ci, à plus forte raison, plus maigres que les
mots s c y th e s . Cependant c'est un progrès dans les langues si elles
raccourcissent et amaigrissent de plus en plus les formes de leurs
mots. Car dans les langues, comme dans les choses humaines en
général, les qualités physiques doivent céder et être sacrifiées, de
plus en plus, aux qualités intellectuelles ou plus essentielles. Or, les
mots, semblables aux monnaies, seront des symboles d’un usage
d’autant plus commode que leur forme p h y s iq u e sera plus condensée
ei plus compendieuse. Les langues scythes, gètes, Scandinaves et
germaines, loin donc d’avoir de plus en plus dégénéré, en se succédant
les unes aux autres, ont suivi, .comme les autres familles de
langues, la marche p r o g r e s s i v e du perfectionnement; el comme,
dans cette succession, il y a eu continuité des unes aux autres d’après
les lois du développement i n t e r n e , c’est là aussi une preuve
péremptoire que les langues g e rm a n iq u e s et S c a n d in a v e s dérivent
réellement des idiomes g è t e s , comme ceux-ci dérivent de l’idiome
s c y th iq u e .
2) L’écriture.
§ 83. Origine et usage *le l ’écriture riinique. — Bien
que les S a k e s ou S c y th e s asiatiques dussent avoir vu souvent l'écriture
des Baktries, des Hindous et des Mèdes, avec lesquels ils
ont été en relation, ils ne l’adoptèrent cependant pas, parce que,
dans leur étal social, moral et intellectuel, ils n’en avaient nu!
besoin. Plus tard, lorsque les S k o lo t e s furent établis sur les bords
de la mer Noire, ils apprirent à connaître l’écriture grecque qui
était en usage chez leurs voisins les habitants d’Olbie, et qui
avait aussi été adoptée par l e s K e l t e s -K h n m é r i e s . Celte écriture,
dérivée de l’alphabet phénicien, et qui n’avait pas encore été Complétée
par E p ic h a rm o s et S im o n i d è s , était encore à son état primitif.
Les traits des caractères étaient heurtés et angulaires, et ils