
mesure que me perm ettaien t mes moyens, que je suis
parv en u à créer des o u v riers an tiq u aires, des terrassiers
géologues, et que nous sommes a rriv é s à ce p o in t que
dans n o tre arrondissement bien peu d ’objets, grâce aux
soins intelligents de ces o u v riers , échappent à nos
études. Je serais donc injuste si je ne citais point, parmi
ceux qui m ’ont secondé, les te rra ss ie rs d ’Abbeville.
Heureux le temps où je pouvais, comme eux, manier
la pioche, et en les aid an t de mes conseils le faire aussi
de mon exemple; aujourd’hui l’âge ne m’a laissé que des
doigts p o u r rem u er une plume. Peu t-être ici en ai-je
abusé, mais vous me le p ard o n n e re z : quand on a, pend
a n t ta n t d’années, suivi une idée q u ’on cro it vraie, il
est to u t simple q u ’on insiste p o u r la faire prévaloir.
Grâce à v o u s, Messieurs, et à tous ces hommes mes
maîtres en savoir, et dont les études ont secondé les
miennes, une nouvelle voie est ou v erte: ne nous arrêtons
pas au p rem ier pas de cette marche rétrospective, elle
n ’est pas sans profit. A mesure que les temps écoulés
se révéleront à n o u s, l’horizon s’étendant, la science
aussi lèvera ses barrières-, le libre-échange des lumières
s’établissant entre tous les peuples, il n ’y a u ra pas plus
de p rohibitions en bon sens q u ’en commerce et en
in d u strie (1). Alors, considérée comme objet de pre-
(1) Ce fu t M. Boucher de Perthes qui, en 1830, dans son livre
intitulé : Opinion de M. Cristophe sur la liberté du commerce, en
demandant la levée des prohibitions, donna le premier 1 idée du
libre-échange. Ce fut également lui qui, en 1833, dans un d i s c o u r s
imprimé la même année dans les Mémoires de la Société d Émulation,
proposa de remplacer l’exposition des produits français
qui devait avoir lieu prochainement à Paris, par une exposition
universelle, c ’est-à-dire oii ceux de toutes les nations seraient
admis. Il renouvela sa demande en 1835, en 1837 et en 1846.
mière nécessité et affranchie de to u t d ro it, la raison,
mise à la portée de tous, deviendra populaire.
P . S . Depuis que l’attention s’est portée su r l’homme
primitif et qu’on a compris que la géologie, qui nous a si
bien renseignés su r la faune antique, pouvait aussi nous
apprendre quelque chose su r notre p ro p re h isto ire, les
recherches ont été plus actives, plus approfondies. On
ne s’est plus a rrê té aux premières assises du temple et,
comme le demandait l’a u te u r des A n t i q u i t é s a n t é d i lu v
ie n n e s , on a creusé dessous. Ses prévisions, ici encore,
se sont réalisées. Dans le d e rn ie r compte-rendu de la
Société des an tiq u aires de Londres, qui a p a ru depuis
l’impression de ce discours, M. Tay lo r, en ce moment
en Asie, annonce qu’à la suite de plusieurs fouilles q u ’il
a opérées sous les ruines de Babylone, il a trouvé de
nombreux outils en silex, haches, couteaux, etc. Les
dessins qui sont jo in ts à son ra p p o rt pro u v en t que ces
morceaux diffèrent peu, qu an t à la forme, de ceux de
notre diluvium et de nos to u rb ière s.
Abbeville, lyp. P. Bries.