
perse1. C’est à son rôle de Destructeur du monde que se rapporte
le nom épithétique de Mud-spildis (norr. mû-spill, Gâte-monde),
donné à Svartus, et qui, dans la suite, devint le nom du Séjour de
Surtur ou de la personnification du feu destructeur du monde appelé
encore le Crépusculaire des âges (norr. Aldur-nâri).
§ 144, l<a déesse T h iu th . —Le nom de Taviti se changea,
dans les langues gèles, en Theuth (p. thevith), et Theuth se changea
en thiulh, que les Scythes-Hellènes ont prononcé Zivuth. A mesure
que le mot ôhns, prenant la signification de foyer ou four, se
substituait peu à peu à taviti, qui prit exclusivement la signification
de nation, le personnage mythologique 'Theuth (Nation) ne
resta plus, comme l’ancienne Taviti, Déesse du feu, mais devint
exclusivement le symbole et la protectrice de tout ce qui est national.
Aussi les tribus de la branche gète, ayant la conscience et le
sentiment de leur commune origine, se donnaient-elles toutes le nom
de Fils de Nation (gète Thiuthidai; Hésych., I, 4585, Zibuthides;
cf. Karpidai, p. 34, note), c’est-à-dire de Véritables fils (gr. gnèsioi,
v. p. 79) de la déesse Nation (Thiuth), par opposition aux etrangers
(walahiskai, welches) et aux bâtards issus des Gréco-Scythes, des
Thrâko-Scythes, et surtout des Thrâko-Gètes (cf. p. 8-4). Plus tard le
nom mythologique de Fils de la déesse Nation fut remplacé par le
nom ethnique plus abstrait de Fils de la Nation [Thiudiskai, Tu-
desques, v. p. 75). Ce qui prouve que, du moins jusque vers 320
avant notre ère, Thiuth, que les Grecs rendaient par Koïnè Hestia,
v. p. 228), était encore un personnage mythologique, c’est que
Hékaloeus d’Abdère, dans ses Egyptiaques, dit que Zalmoskis attribuait
sa législation (v. p. 492) à cette Déesse (Diod. de Sicile, 4,
94). Cette donnée prouve en même temps que la Déesse Thiulh,
comme anciennement Taviti, était la Protectrice de la nation et de
tout ce qui tient à la nation, telles que les moeurs, les coutumes,
les lois, la religion et la législation; et c’e'st pourquoi la tradition,
devenue evhémériste dans la bouche de Diodôros, rapporte que le
dieu Skalmoskis, qui présidait à la justice publique, attribuait les
lois et Jes coutumes nationales à la déesse Thiuth (gr. Koïnè hestia).
1 Le Stoïcisme n’est pas d’origine grecque, mais il se rattache par l’intermédiaire
des écoles phénico-syro-chaldéennes à une philosophie qui, évidemment,
est originaire de l’Inde. De là l’idée de la Conflagration de l’univers dans la
physique des Stoïciens; voy. Denis, Hist. des théor. et des idées mor. dans
l ’Antiq., I, p. 353.
C’est comme Gardienne des lois que Thiuth a probablement eu le
nom épithétique de Varu (Gardienne), et, en se dédoublant, elle a
produit ensuite, dans la mythologie norraine, le personnage allégorique
nommé Vor (v. Snorra Edda, ed. Rask, p. 37).
§ 445. Divinités héritières «tes attributions «le
Thiuth. —En sa qualité de Déesse du feu, Thiulh, ainsi que l’ancienne
Taviti, était fille du Dieu du soleil Skalmoskis ou du Dieu de
la foudre Firgunis, appelé aussi Hlôdurs (Ardent, v. p. 463) ou
Veihs (Sacré), qui était né du dédoublement de Firgunis. Lorsque
Thiulh devint exclusivement Déesse de la nation, ses attributions,
comme Déesse du feu et les mythes qui se rapportèrent à elle en
sa qualité de divinité présidant au feu, durent se transmettre ou
revenir, du moins en partie, au Dieu du soleil, Skalmoskis, et au
Dieu de la foudre, Hlôdurs, appelé plus tard Thonars. Skalmoskis
ayant eu, dans l’origine, quelques attributions du Dieu de la foudre
(v. p. 494) étayant pris, comme tel, le nom épithétique de
Hlôdurs (Ardent, Brasier), sa femme ou sa soeur Skalmoskis eut
aussi le nom de Hlôdvinia (Amie de l’Ardent), et hérita, en cette
qualité, des attributions de Thiuth, considérée comme Déesse du
feu. Enfin comme Protectrice de la Famille, de la Tribu et de la
Nation, c’est-à-dire de la Parenté en général, Thiuth eut le nom
épithétique de Sifia (Parenté). Ce mot s’est sans doute déjà trouvé
dans les idiomes scijthes comme nom commun, mais ce n’est probablement
que dans les langues gèles qu’il est devenu le nom propre
d’un personnage mythologique. Ce nom épithétique, par sa signification
convenait bien à la déesse Thiuth , à la fois la Protectrice du
Foyer et de la Parenté. La forme primitive du mot a dû être safia
(cf. sansc. sabhyas, amical, associé, ayant te)même lumière, sa-
bhâ, ou le même foyer), et ce nom a dû exprimer dans l’origine la
parenté de ceux qui, comme membres de la famille , de la tribu ou
de la nation, se réunissaient autour du même foyer domestique ou
du même autel public (cf. gr. liêphdistos, et le superlatif du sanscrit
sabhyas1).
* Kuun, Zeitschrift, V, 214; Mannhardt, Gertnanische Mythen,'p. 131. Cf.
Alf. Mauivy, Hist. des Religions, etc., 103 (5).