
mer Baltique. Quelques-unes d’entre elles s’arrêtèrent à moitié
chemin et s’établirent au milieu des tribus keltiques, avec lesquelles
elles se mêlèrent au point qu’elles purent passer également pour
des Keltes. Ce sont là les peuplades que Tacite (Germ., 45) connut
sous le nom de Gothini (Tenant des Gotes; cf. Dio Cassius, Koti-
noï, gr. Getènoï). Les autres tribus poussèrent plus loin jusqu’à
la mer Baltique, sur les bords méridionaux de laquelle elles s’arrêtèrent,
et où le voyageur massilien Pylhéas les trouva déjà établies
vers 325 avant Jésus-Christ. Ce voyageur les a désignées sous le
nom de Gutlônes (p. Gut-vanes, Compagnons ou hils de Gut, v.
p. 60), lesquels sont le même peuple que les Gulônes de Pline,, les
Gotlônes de Tacite et les Guthônes de Ptolémée. Du temps de Tacite,
les Guthônes n’habitaient déjà plus uniquement sur les bords
méridionaux de la mer Baltique, mais des tribus, issues diî ce
peuple, avaient déjà passé dans la Scandinavie, et s’étaient établies
à l’ouest des Svîes, dans les cantons appelés plus tard, d après
elles, le Pays Gote (Gothland). D’autres tribus du même peuple,
sorties du Pays^Gote, s’établirent dans les îles voisines, principalement
dans l’île que, d’après la mère patrie, elles appelèrent-éga-
lement Pays Gote (Gothland).
§ 3 Ï. Signification «lit nom de Ci n ut es. — Les Gotes de
la mer Baltique et de la Scandinavie adoraient, ainsi que leurs
frères les Svîes, le dieu Odinn auquel ils donnaient le nom épi-
thétique de Gautr (Précautionné, Intelligent; v. p. 27); et comme
ils se disaient issus de Gautr, ils se donnèrent également le^nom
ethnique de Gautes (norr. Gautar, anglos. Geatas). Ensuite, de
même que leurs ancêtres'S’étaient nommés Gut^thiod (Peuple de
Gut, v. p. 43), et que leurs frères les Svîes avaient pris le nom de
Svî-thiod (Peuple de Svî) ou de Svid-vanes (Compagnons de Svid),
de même aussi les Gautes se sont nommés Gauli-goles (Gotes issus de
Gaut;v. Jornandès, c. 3). Les Gantes figurent déjà dans l’Histoire de
Pline sous le nom de Gaudce (Hist. nat., 4,11 ) ; ce sont les mêmes que
les Gautoï de Ptolémée et les Gaiitoe de Procope (De bello goth.,
2, 15). Ensuite, de même que les Gotes de la Thraee et de la mer
Noire se sont divisés en Austro-goles, et en Visi-gotes (v. p. 46),
de même aussi, dès les premiers siècles de notre ère, les Gaules
Scandinaves se sont divisés en Gaules orientaux (norr. Eyslra-
gautar) et en Gautes occidentaux (norr. Veslra-Gautar). Depuis le septième
siècle de notre ère, on distingua encore les Gaules de mer
(norr. Soe-Gautar, anglos. Soe-Geatas), qui habitaient les.îles à l’est
de la Suède, notamment l’île de Gothland, et les Gotes de bourrasque
(norr. Vedur-Gautar; anglos. Veder-Geatas), ainsi appelés
parce qu’ils habitaient la terre ferme du côté de l’ouest, qu’on considérait
comme le côté d’où venait le gros temps (cf. ail. schauer,
bourrasque, et russe siewer, le nord). Les Gantes (Guthônes) de la
Suède, dont déjà Tacite fait remarquer les rapports qu’ils avaient
avec les Sviônes, finirent par se confondre de plus en plus avec
ceux-ci, de manière à former dans la suite une partie intégrante
du peuple svède.
Les Gautes qui n’avaient pas passé dans la Scandinavie, mais qui
étaient restés établis sur les bords méridionaux de la mer Baltique,
ont conservé le nom plus primitif de Gotes (goth. Gutos, norr. Go-
tar) ou Gotnes (norr. Gotnar, anglos. Gotan). Ils se sont rapprochés
de plus en plus du Jutland, et se sont divisés en Gotes-à-char
(norr. Reid-Golar, anglos. Hrêd-Gotan), qui habitaient les plaines
entre l’Oder et l’Elbe, et en Gotes insulaires (norr. Ey-Gotar), qui
habitaient les îles du Danemark et la Skanie. Dans la suite, de
même que leurs ancêtres les Gètes se sont confondus avec les
ï Dâkes dans la Thraee, et que leurs frères les Gaules de la Suède
§ se sont confondus avec les Suèdes, de même aussi les Gotes ou
I Gotnes de la Baltique se sont confondus avec les Dânes issus des
1 Dâkes.
d) Les Dânes.
§ a». Origine du nom de Dânes. — Au cinquième siècle
1 avant notre ère ; à une époque où les Dâkes portaient encore le
1 nom de Davikes (v. p. 41), des tribus davikes suivirent l’exemple
« de leurs soeurs les tribus gètes et gotes qui émigrèrent de leur
I patrie, et elles se dirigèrent, comme celles-ci, vers les bords de la
1 mer Baltique. C’est là qu’au quatrième siècle le Massilien Pylhéas
■ trouva établies, à l’ouest des Gutlônes (voy. p. 62), des tribus da-
I vikes qui se donnaient le nom de Compagnons des Davikes (Daviki-
■ vanes, gr. Deukiônes). Cès Deukiônes de Pylhéas, s’étant sans doute
I Imêlés en grande partie avec la tribu kelie ou germanique des Teu- tones (cf. les Habitants de Thiodi, v. Vilcina-saga, c. 21), on a
pu, dans la suite, mettre les Teutones à la place des Deukiônes.