
Symboles des inondations de la Seine. Tels sont encore la Kraulla
a Reims sur la Vesle, le Dragon de Saint-Bienheuré à Vendôme sur
le Loir, la Grande-Gueule ou la Bonne-Sainte-Vermine à Poitiers, au
confluent du Glain et de la Boivre, la Grouille (cf. Kraulla) à Metz
sur la Moselle, la Tarasque à Tarascon sur le Rhône, etc.
Le Dieu de l’Océan OEgir ne fut plus adoré, en Scandinavie,
comme les Dieux proprement dits ou comme l’avait été autrefois
Tamis (v. p. 249), dont il était l’héritier et le successeur; il fut
seulement compté parmi les Êtres mythologiques surhumains qu’on
nommait Thurses ou Iotnes.
Nous avons retracé maintenant l’histoire de l’origine et des dédoublements
de toutes les Divinités scylhes, et montré comment
elles se sont transformées dans la religion des peuples de la branche
gète et dans celle des Germains et des Scandinaves. Ce tableau rapide,
mais complet, prouve d’abord que toutes les Divinités des Ger'
mains et des Scandinaves sont les continuations, les métamorphoses
et les dédoublements de celles des Gètes, comme les divinités des
Gèles sont les continuations, les métamorphoses et l'es dédoublements
de celles des Scythes; il prouve ensuite que le mythologie
chez les Scylhes, chez les Gètes, et chez les Germains et les Scandinaves
n’est que le développement normal, dans trois périodes successives,
d’une seule et même religion ; et que, par conséquent, les Germains
et les Scandinaves sont les fils des peuples gètes, comme les peuples
gètes sont les fils des Scythes. Cette dernière thèse, qui est ici de
la plus grande importance pour nous, sera encore confirmée par
la similitude qu’on remarque, entre la religion des Scylhes, celle des
Gètes, et celle des Germains et des Scandinaves, d’abord, quant aux
Etres mythologiques non adorés et ensuite, quant aux phénomènes
que présentent le culte et les usages religieux de ces peuples.
IL ÊTRES MYTHOLOGIQUES NOIV ADORÉS.
CHA PITRE XVI.
A. LES TIHJRSES ET LES IOTNES.
§ i®5. lies Dieux adorés et leisr nom fjénéi'icfiie. —
Les Dieux adorés, chez les Scylhes, étaient dans l’origine les représentants
des principaux objets utiles ou bienfaisants de la Nature, savoir
le ciel, la terre, le soleil, la lune, le feu, l’eau et la mer; et ces
objets divinisés passaient pour être les Protecteurs et les Bienfaiteurs
des hommes et du monde. Aussi longtemps que ces Dieux étaient
encore zoomorphes, ils ne pouvaient pas former un même genre ,
une même’famille, et, par conséquent, ils ne pouvaient pas non
plus avoir un nom générique. Mais plus tard, étant devenus anthropomorphes,
ils pouvaient aussi être considérés comme appartenant
| une même famille, comme formant une espèce distincte, et comme
ayant un seul et même domicile. Dès lors on leur assigna à tous le ciel
pour demeure; et voilà pourquoi le nom générique, le plus ancien,
par lequel on désignait les Dieux comme une espèce distincte,
et celui qui existait déjà lorsque les différentes branches de la race
iafétique ne s’étaient pas encore séparées les unes des autres, était
lenom de Célestes, (Habitants du ciel) par opposition à celui de humains
(ou habitants de la terre, cf. p. 173). Ce nom de Célestes, les Hindous
l’ont exprimé par daivâs, les Grecs par théoï (p. deifoï, deihoï), les
Scylhes par laivas (norr. tivar, dîar): Plus tard, surtout chez les
peuples de race scythe, le nom propre ou épithétique du Dieu
qui était le plus généralement adoré, devint le nom choisi pour
exprimer l’idée de dieu en général. C’est ainsi que les peuples de
la branche parthe et sarmate vénéraient surtout le Soleil, auquel
ils donnaient le nom épithétique de P â te (Respectable, v. p. 183 ;
sansc. bhagas ; pers. baga; gr. bakchos ; slave bog); et ce nom est
devenu plus tard, chez leurs descendants, les Parthes et les Slaves,
le nom de dieu en général. Voilà pourquoi le titre de Paku-purus,
que se donnaient les princes parihes, signifiait, dans l’origine,
Fils du Respectable, c’est-à-dire Fils du Soleil; mais il prit
plus tard le sens plus général de Fils de Dieu, de sorte que
les historiens persans et arabes purent employer le nom de
Fak-fur pour traduire et exprimer le titre de Fils du Ciel (chinois
Tien-tseiî) que portaient les Empereurs de la Chine. Le mot
slave bog (dieu) est dérivé du scythe Pakus (le Respectable), qui
était le nom épithétique du Soleil (v. p. 183). Chez les peuples de
la branche gète, un autre nom épithétique du Soleil devint également,
plus tard, le nom commun pour désigner Dieu en général.
En effet, ces peuples considéraient le Soleil surtout comme le
dieu intelligent et lui donnaient, par conséquent, le nom épithétique