
père Tivus) et d’Echi-dna (Femme-Serpent), qui avait été substituée à
Apia, l’épouse de Tivus, et était devenue la personnification spéciale
du pays nommé YHylée (gr. hulaïa, boisée). Cette contrée eut le nom
de Boisée parce qu’elle était couverte de grandes forêts. Mais elle
était aussi couverte de marécages provenant des débordements du
Fleuve aux bouleaux (Barush-tanaïs, Borysthènes). C’est pourquoi,
déjà avant l’arrivée des Scythesdans ce pays, les Kimméries qui l’habitaient,
supposant que l’Hylée marécageuse était sortie des eaux
de ce fleuve, l’avaient appelée l’Aquatique (apia) du Borysthènes. Ce
nom fut transmis, par tradition, aux Pélasgo-grecs de la Cherso-
nèse taurique, qui, suivant leur habitude de désigner l’eau sous le
symbole de Y hydre (gr. hudra, aquatique) ou du serpent aquatique
(sansc. ahi ; gr. echi; ofis de ap, ach, eau) et la terre nourricière
(cf. gavi, p. 17d)sous celui d’une génisse ou jeune femme (dna; sansc.
dhanïkâ; cf. pélasge Eva-dnè, Eau-Femme), donnèrent à l’Hylée marécageuse,
composée moitié d’eau (echi), moitié de terre (dna), le nom
de Echi-dna (Serpent-Femme; ail. Schlangen-weib), qui désigna,
comme celui d'Apia, la déesse de la terre, c’est-à-dire la déesse qui
était la personnification du pays particulier, nommé Y Hulaïa.
Lorsque Tivus eut pris les attributions de dieu de l’orage, et qu’il
eut reçu , en cette qualité, le nom épithélique de Pirkunis (Pluvieux,
Orageux , v. p. 155), son épouse Apia eut aussi le nom épi-
thétique de Pirkunia,' et fut considérée comme la déesse qui aimait
la pluie fécondante de l’orage. Pirkunia subit, dans* la suite, les
vicissitudes du culte de son époux, le dieu Pirkunis, après qu’il se
fut séparé de Tivus (v. p. 156). Les attributions de Pirkunia, loin
d’augmenter l’importance d'Apia, l’amoindrirent au contraire, en effaçant
en elle ses principales attributions, qui furent reportées sur
d’autres déesses nouvellement constituées dans le culte. C’est ainsi
que les attributions d’Apia, comme Déesse Suprême, furent données
à Frigg, l’épouse du dieu Vâihans, qui s’était substitué à Tivus comme
dieu Suprême. Les attributions d’Apia, comme Mère du peuple
scythe, passèrent en partie à la déesse Tahiti (v. § 147), la déesse
du Foyer et de la Famille, en partie à Artimpasa (v. § 137), la
déesse de la lune et de la fécondité. Enfin, ses attributions comme
déesse de la fécondité furent réparties entre les déesses, qui, plus
tard, remplacèrent Artimpasa. Apia, ayant ainsi perdu ses attributions
principales, ne garda plus que celle de déesse de la terre,
et encore, pour se maintenir en cette qualité, lui fallut-il changer de
nom et prendre le caractère plus spécial de déesse de la terre de
labour. Ces changements s’opérèrent seulement plus tard dans la
religion des peuples de la branche gète : mais il paraît que le culte
d’Apia était déjà en souffrance chez les Scythes, du temps d’Ana-
charsis, puisque ce prince crut devoir le relever par quelques nouvelles
cérémonies empruntées au culte de la déesse grecque Dèmè-
ter (v. p. 173).
b. Apia, ses dédoublements et ses héritières dans la religion des peuples de la
branche gète.,
§ 404, A irth a , F irg u n ia e t R in tliis. — Chez les peuples
de la branche gète, l’agriculture fut déjà beaucoup plus répandue
qu’elle ne l’avait été auparavant chez les Scythes, dont les peuplades
les plus jeunes seulement avaient commencé à se livrer à la
culture de la terre (v. p. 92). Dès lors .la terre fut considérée plus
spécialement au point de vue de la culture et prit, par conséquent,
le nom de ariatha ou airtha (rayée, sillonnée, labourée). Aussi la
déesse Apia, comme la terre elle-même, dut-elle prendre le nom de
Airtha. D’un autre côté, l’ancien mot apia (terre) se changea, dans
les langues gètes, en ahvia, ou ava ou avia, et n’eutplus la signification
générale de terre, mais conserva seulement la signification spéciale
de terre aqueuse, c’est-à-dire de prairie humide et de île. C’est ainsi,
par exemple, que la fille du roi Gothilas, qu’épousa Philippe, le'
père d’Alexandre, portait le nom de Med-ava (gr. Medopa, v. p. 44),
qui signifiait, sans doute, Pré-à-fauchcr (angl. mead-ow), et que les
noms deSkadvin-avia, de Austr-avia, etc;, qui se formèrent dans cette
période, signifiaient proprement Ile-ombreuse (v. p. 55), Ile-orientale,
(v.p. 123),etc. Apia, comme nom de la lerreet comme nom delà déesse
Terre, s’effaça donc complètement dans la langue et dans la religion
des peuples de la branche gète, et c’est pourquoi l'ancienne
divinité Apia dut être remplacée par la déesse nommée Airtha. Celte
divinité nouvelle hérita delà plupart des attributions de l’ancienne
Apia; elle hérita aussi de son nom épithétique de Pirkunia (v.
P- 173), qui prit, dans les idiomes gèles, la forme de Firgunia. Fir-
yunia, s’identifiant ensuite avec Airtha, et Firgunis étant remplacé
comme dieu de Forage par Thonars (v. p. 167), il n’y eut plus de
l'apport mythologique d’époux à épouse entre Firgunia et Fir