
Abbeville Là, après avoir fouillé et analysé le terrain,
l’avoir reconnu non remanié et avoir extrait lui-même
neuf haches de la roche où elles étaient engagées parmi
des ossements fossiles, il fit à l’Académie des sciences
un rapport qui y fut lu dans la séance du 3 octobre 1859,
et dont voici les conclusions :
1 ° Nos pères ont été contemporains du rh in o c é ro s
tic h o r in u s , de 1’h ip p o p o tam u s m a jo r , de V e lephas p r im i -
g e n iu s , du c e r v u s som o n en s is , d’un grand boeuf, etc., toutes
espèces aujourd’hui détruites ;
2 ° Le terrain nommé d ilu v iu m par les géologues, a
été formé (au moins en partie) après l’apparition de
l’homme. La formation a, sans doute;, été le résultat du
grand cataclysme resté dans les traditions du genre
humain (1 ).
A cette même époque, M. George Pouchet, de Rouen,
auteur d’un ouvrage sur les races humaines, est aussi
venu visiter les bancs d'Amiens, d’où il a extrait lui-
même une hache, après avoir constaté par une vérification
minutieuse leur état vierge, vérification dont il adressa
le rapport à l’Institut le 7 octobre 1859 (2).
(1 ) V o ir le J o u rn a l de l'I n s titu t, F 8 s e c tio n : S c ie n c e m a thém a tiq
u e , p h y siq u e e t n a tu r e lle . N° 1 ,5 4 4 . 5 o c to b r e 185 9 .
(2 ) T o u s c e s fa its s o n t r e la té s d an s u n e b r o ch u r e in t itu lé e :
E x t r a i t d es Actes d u m u séum d ’h is to ir e n a tu re lle de Rouen, 1860.
E x c u r s io n a u x c a r r iè r e s de S a in t-A c h e u l, par Geo rg e Pou ch et.
U n e e rr eu r s’e s t g lis s é e d an s c e tte b r o c h u r e , p a g e 4 2 ; il y est
d it q u e le prem ier v o lum e d e s A n tiq u ité s c e ltiq u e s et an té d ilu v
ien n e s a v a it é té im p rim é en 1 8 4 9 . Cette im p r e s sio n é ta it comm
en c é e d è s 1 8 4 4 , e t le premier v o lum e p a ra issa it à la lin d e 1846
s o u s le titr e : De l'in d u s trie p r im itiv e ou des a r ts à leur orig ine .
Ce fu t en 1 8 4 7 q u e le titr e fu t c h a n g é . V o y ez C om p te s-ren d u s de
La vérité allait donc aussi se faire jour en France.
M. de Saulcy, le savant antiquaire, l’écrivain élégant,
le voyageur intrépide, qui d’abord s’était, comme tout
le monde, prononcé contre mon livre, revenant sur son
premier avis, proclama courageusement dans V O p in io n
n ation ale du j i septembre 1849, qu’il s’était trompé:
que la présence des oeuvres de l’homme dans le diluvium,
que l’existence de cet homme dans les mêmes
temps et les mêmes lieux que les grands mammifères
d’espèces aujourd’hui éteintes, étaient des faits incontestables,
que l’homme antédiluvien était enfin découvert,
et que j’étais l’auteur de cette découverte.
Dans la R e vu e des D e u x -M o n d e s , n° du 1 er mars 185S,
tome xive, pages 15 et suivantes, M. E. Littré, de l’Institut,
avait cité mes recherches et présenté les faits avec
une impartialité de bon augure. Sil n’était pas entièrement
convaincu, il ne demandait pas mieux de l’être.
U attendait de nouvelles preuves qui, ajoutait-il, ne devaient
pas tarder à paraître. La prévision était juste (1).
Dans le n° de novembre 1859, tome xxiv de cette
même revue, pages 115 et 116, un autre membre éminent
l'Académie d es sciences, tom e x x i , pa g e 3 5 5 , s éa n c e d u 17 a o û t
1846. Les é v èn em en ts p o litiq u e s d e 1848 fir en t o u b lie r l’o u v r a g e ;
un nou v eau p r o sp e c tu s , im p rim é en 1 8 4 9 , le rap p ela au p u b lic :
de là l’erreur.
(1) Parmi le s p e r so n n e s qu i s e s o n t o c cu p é e s d e c e t te q u e s tio n ,
je dois c ite r M. Ed. H éb ert, d ir e c teu r d e s é tu d e s s c ien tifiq u e s de
l’école n o rm a le , q u i, en 1 8 5 3 , é ta it a v e c M. R ig o llo t quand il v in t
visiter les b a n cs d ’A b b ev ille et ma c o lle c t io n ; MM. V ic to r Sim on;
Ed. Lambert ; Hyp. B oyer ; d e C aum on t ; Vapereau ; V ‘* de Pibra c ;
M. Henri M a r tin , le g ra n d h is to r ie n , e t M. Geffroy so u d ig n e
émule.