
familiale (norr. adals-fê ou ôdal). Tous les chefs de famille domiciliés
dans le district ou dans le village eurent en partage, chacun
comme représentant de sa famille, une section du terrain communal,
laquelle, d’après la règle adoptée, était attenante et correspondante
à ce domicile familial, et déterminée, quant à sa grandeur et
à sa position, par la grandeur et la position du manoir. Or, comme
les différents manoirs formaient un carré oblong (v. § 57), et
étaient orientés (norr. sôlskipt, cf. p. 8), c’est-à-dire considérés quant
à leur position par rapport au soleil levant ou couchant, le tei-
rain correspondant à chaque manoir était également orienté d’après
ce manoir, et formait ainsi un quadrilatère dont les cotes lui étaient
proportionnels et parallèles. A chaque nouvelle acquisition de terrain
faite par le district (goth. gavi; ail. gau), il se faisait aussi
un partage proportionnel entre les pères de famille. Comme, de
cette manière, les propriétaires de manoirs étaient aussi les propriétaires
du sol, et comme la plupart des familles pouvaient cultiver
elles-mêmes tous leurs champs, l’agriculture devint l’occupation
principale des peuples Scandinaves. Cependant les familles
riches, ne voulant ni ne pouvant cultiver elles-mêmes leurs terres
étendues, qui appartenaient à leurs nombreux manoirs, les firent
cultiver par ceux qui, n’ayant pas de manoir, n’avaient pas non plus
de terrain. Ensuite, les produits de la terre dans le Nord ne suffisant
pas à l’entretien de la population, les Scandinaves se livrèrent encore
à l’élève du bétail, à la chasse et à la pêche fluviale et maritime.
Enfin, l’amour de l’indépendance et d’une vie aventureuse 1
se joignant aux habitudes guerrières de la race fut cause que
beaucoup de jeunes Scandinaves se firent soldats mercenaires à
l’étranger, ou bien cherchèrent fortune, soit dans le brigandage,
soit dans la piraterie. Tel était le genre de vie de ces peuples du
Nord qui, on le voit, n’étaient plus à l’état sauvage, comme les
Scythes primitifs, ni à l’état barbare comme les Gâtes, mais touchaient
déjà aux premiers degrés de l’état civilisé.
b) Les aliments et les vêtements.
§ ïje maiÈget* et le boire. — La nature des aliments
de l’homme, qui sont sa première propriété mobilière et individuelle
(norr. lausa-fê), est toujours en rapport avec son genre de
vie. Aussi les Scythes qui étaient chasseurs et pêcheurs vivaient-ils
du produit de la chasse et de la pêche (Hérod., IV, 53 ; 59); et
tandis que les Scythes arotères ou agriculteurs avaient une nourriture
végétale et du miel sauvage (Just., II, 2), les Scythes nomades
vivaient de la chair et du lait de leurs troupeaux. Ils préféraient
la chair et le lait de cheval à tout autre aliment (Hérod., IV,
2, 46; cf. les Hippomolgues). L’habitude de manger du cheval,
qui se rattachait en partie au culte du Soleil (v. § 107), s’est conservée
aussi parmi les descendants des Scythes, les Scandinaves, les
Germains et les Slaves, jusqu’à l’époque de leur conversion au christianisme,,
et c’est seulement alors qu’elle devint chez eux un usage
défendu comme tenant du paganisme. Cependant comme les chevaux
étaient plus rares dans le Nord, les Scandinaves réservaient ce
mets pour les grands jours de fêles ou pour des repas de sacrifice
||v. § 186).
Tandis que les Scythes nomades et guerriers préféraient, ainsi
; que les Perses, le cheval au boeuf, les Scythes agriculteurs, ainsi
| que les Hindous, estimaient davantage le boeuf et la vache. Chez les
| peuples gotes et Scandinaves, la vache et la chèvre étaient élevées
à cause de leur lait, et dans la mythologie Scandinave la vache
j Audhumbla et la chèvre Heidrun figurent comme fournissant une
! nourriture merveilleusement abondante. Le lait, sous forme de lait
aigre (norr. syra), de lait caillé et de fromage, servait à la fois de
boisson (cf. sansc.payas, boisson, lait; ail.-suissesufi, boisson, lait;
fr. norm. boisson = cidre), et de manger (cf. ail.-suisse, spîse manger,
fromage). Comme tous les barbares, les Scythes et leurs descendants
aimaient surtout les boissons capiteuses (sansc. madhus;
jlilh. medus; gr. methu), et ils en avaient de différentes espèces. Ils
| préparaient avec du miel (lat. mel; gr. ineli; sansc. madhu) le
|miodh, et avec du lait aigre, le syra (cf. sansc. suras). Les Slaves
j buvaient du kvas (effervescent). La seule contrée vitifère chez
Iles Scythes, en Asie, était la Margiane (Plin., VI, 18, 2), et, en Eu-
|rope, la ban-lieue de Chersonèsos (Boeckh, Corpus Inscript. , n°2097).
Les Gèles de la Thrace donnaient au vin ou à une boisson fer-
imentée qui en tenait lieu, le nom de Zeila (Phot., Lex., p. 51) ou
IZUai (Hesych., I, 1585), sans doute à cause de sa nature effervescente
(cf. sansc. hila; gr. zelos; ail. geil). Ils en faisaient un
usage tellement immodéré qu’un de leurs rois, Boirebistès (v. p.40).