
CINQUIÈME PARTIE,
en Fionie, le plus ancien sanctuaire des Dànes. Si Adam, de Brême,
dit que le temple d’Upsal était tout en or, cela veut d ireq u ’au lieu
de la tente primitive en peaux, on voyait à Upsal les planches des
parois tendues, comme une tente royale, de tapis d’or.
Chez les Scandinaves, et probablement aussi chez les Germains,
les Temples renfermaient, ainsi que les Sanctuaires de leurs ancêtres
les Scythes, et de leurs pères les Gètes, le trésor public composé
d’objets précieux provenant, soit de dons volontaires, soit du
produit de l’impôt sacré. Dans le Nord, cet impôt, le seul que les
princes eussent le droit de lever au profit du culte et du temple,
en leur qualité de chefs religieux (v. p. 273), était payé par toute
âme respirante ou, comme on disait dans le pays, par tout nez
(norr. nef, nez) ; et pour celte raison il était appelé l’impôt du nez
(norr. nef-giâld). Le temple à’Upsalir renfermait un si grand trésor
que la richesse en devint proverbiale (norr. Upsala audr, Trésor
d’Upsal; cf. aurum Tolosanum, Trésor de Toulouse). Les trésors
des temples Scandinaves étaient gardés, comme chez les .Scythes,
par un esclave (Tacit., Germ., 43). Aussi est-il dit dans le Heims-
kringla (Le Cercle du Monde), que le trésor du roi On le vieux,
c’est-à-dire le trésor public, était sous la garde de l’esclave Tunni,
le confident du roi. Dans l’Antiquité les armes comptaient parmi
les objets précieux, et c’est pourquoi, chez les Grecs, les trésors
(thèsauroï) privés ou publics étaient également des dépôts d’armes.
Voilà pourquoi la tradition rapportait que Héraklès a distribué, à
ses compagnons, les armes qu’il avait enlevées au trésor d’un temple.
Cet usage de faire du trésor d’un temple également un dépôt d’armes*
subsistait aussi dans le Nord , et les rois des Sviônes (v. p. 60) le
mirent à profit pour rendre leur puissance absolue, en désarmant
ainsi les Nobles et les manants (v. Tacit.,, Germ., 43). Car, sous
prétexte de confier les armes à la garde de la Divinité, comme cela
se.faisait chez les Scylhes et chez les Gètes, ils les enlevèrent à
leurs sujets et les retinrent enfermées dans le Sanctuaire. Les
temples Scandinaves, germaniques et slaves devinrent ainsi en
même temps des arsenaux fortifiés (norr. vapn-hus, maison
d armes; cf. sal-hus, dans Allakvida, 17); et plus tard encore, du
temps du christianisme, on donnait, en Suède, au porche de l'église,
le nom de dépôt d’armes (vapn-hus)
CHAPITRE XIX; *
B. LE SACERDOCE.
a. Les Sacrificateurs chez les Scythes.
§193. I/O rig iiie des fo n c tio n s sa c e rd o ta le s. — L’Antiquité
considérait comme hommes divins ceux auxquels leurs relations
généalogiques ou leurs rapports extérieurs avec la Divinité
donnaient un caractère religieux et sacré. L’idéal de l’homme divin,
dans l’Antiquité, était le sacerdote ou le prêtre. Les fonctions de
prêtre, à leur apogée et dans leur plus grande étendue, consistaient,
chez les peuples anciens, à servir d’organe intermédiaire
entre, la Divinité adorée et le peuple adorateur. Pour le peuple, le
prêtre était l’interprète de ses voeux, moyennant la Prière, et de sa
gratitude ou de ses craintes, moyennant le Sacrifice. Par rapport à
la Divinité, le prêtre était l’organe de la volonté céleste, moyennant
YOracle et la Divination, et l’interprète de l’idée religieuse, par le
Dogme et par les cérémonies du Culte. A l’époque où les différentes
branches de la souche iafétique se sont séparées les unes des
autres, le sacerdoce n’avait pas encore cette étendue, et il n était
pas même une fonction spéciale. Chez les Scythes, comme chez les
Hindous primitifs, la civilisation de ces peuples, à 1 état patriarchal,
était encore trop peu avancée et développée pour comporter et
nécessiter la division du travail ou des fonctions dans la société.
Dans l’origine le père de famille et le chef de tribu présidaient
seuls aux. sacrifices, qui étaient toujours accompagnés de prières.
On attribuait à ces prières une puissance magique et ùn pouvoir
irrésistible jusque sur la Divinité (v. Les Chants de Sol, p. 70).
Lorsque les Divinités étaient encore zoomorphes (v. p. 257), on
présentait les prières sous la forme de conjurations. Tels étaient,
par exemple, les Mantrani (Monitions) qu on trouve encore dans
les parties les plus anciennes des Vêdas. Pour composer ces formules
sacramentelles et magiques, et pour les prononcer chaque
fois qu’il s’agissait d’attirer sur les hommes quelque faveur, ou de
détourner d.’eux quelque malheur imminent, le chef de la tribu
n’avait pas toujours l’aptitude necessaire; on choisit donc certains
hommes qui avaient le don de la parole ou le génie de l éloquence