
voyons les différentes tribus et nations se déplacer continuellement
d’un canton à l’autre. Aussi de même que, malgré ces déplacements
continuels entre les limites de leur pays, les Germains pouvaient
cependant dire avec raison qu’ils avaient toujours habité les différents
cantons de la Germanie, de même aussi, considérant la
patrie de leurs pères au pied de l'Hémus comme un canton de la
Germanie méridionale, ils pouvaient croire qu’ils avaient de tout
temps été autochthones dans ce vaste pays.
§ 59. Possibilité iiliysico-numérique «le l’oi-içfiue
«jète «tes Germains. — Nous avons démontré que les Germains
et les Scandinaves ne sont pas autochthones dans leurs pays, mais
que les uns et les autres sont issus de la branche gèle. Pour le
prouver, il a fallu établir la possibilité physique de celte origiùe,
en montrant comment les Germains et les Scandinaves, séparés de
leur souche gèle, dans le temps et dans l’espace, s’y rattachent
néanmoins, sous l’un et l’autre rapport, par les peuplades émi-
grées. Il nous reste encore, en dernier lieu, à prouver la possibilité
physique de cette origine, au point de vue numérique de la population,
en répondant à cette question : est-il possible que les émigrés
de la branche gète, qui étaient cependant en petit nombre, aient pu
avoir pour descendants la population si nombreuse des Germains?
En admettant, d’un côté, comme hypothèse probable, que pendant
les cinq siècles durant lesquels les émigrations ont eu lieu,
le nombre total des émigrés se soit monté, en moyenne, dans
chaque siècle, à 90,000 âmes; que, d’un autre côté, la population
des émigrés dans chaque siècle n’ait fait, en moyenne, que doubler
dans l’espace de cent ans, nous arrivons à ce résultat qu’au
commencement de notre ère, la population germaine se montait à
peu près à 900,000 âmes; et certes du temps de César cette population
n’a pas dépassé ce nombre. Si nous ajoutons les 600,000 âmes
de la population des pays Scandinaves issues des 180,000 émigrés de
la branche gète, nous arrivons à un total de 1,500,000 âmes provenant
de 630,000 émigrés qui, dans l’espace de cinq siècles, ont
quitté successivement les cantons de la Gétie et de la Bade, pays
dont la population moyenne, et ajoutée ensemble, doit avoir été au
moins de 1,100,000 âmes.'
Comme tous ces chiffres n’ont rien d’exagéré, mais restent probablement
au-dessous de la réalité, il y a donc possibilité physique,
au point de vue numérique, que les Germains, avec les Scandinaves,
soient sortis de la branche gète.
Nous venons de prouver, dans cette première Partie, la filiation
généalogique des Scythes aux Gètes, et des Gètes aux Germains et
aux Scandinaves, en montrant le lien physique ou la parenté qui,
moyennant les émigrations, relie ensemble ces peuples extérieurement
séparés l’un de l’autre dans le temps et dans l’espace. Or, si
ces peuples sont réellement issus .les uns des autres, s’il y a une
parenté physique entre eux, il est naturel de présumer qu’il existait
aussi entre eux une parenté morale et une généalogie ou continuité
spirituelle. En effet, de même qu’il y a entre le père et son fils,
non-seulement une ressemblance physique, mais aussi une transmission
de ressemblances intellectuelles et morales, de même entre
deux peuples dont l’un est issu de l’autre, il doit y avoir nécessairement
des analogies frappantes quant à l’esprit, aux moeurs et
au caractère, ou quant à l’héritage intellectuel et moral transmis
de l’un à l’autre. Or, si nous arrivons à montrer qu’il y a eu réellement
entre les Scythes, les-Gètes et les Germains-Scandinaves une
parenté morale et une continuité spirituelle, nous ajouterons, par
cela même, à la première espèce de preuve, qüe nous venons de
tirer du rapport physique ou généalogique entre ces peuples, une
seconde série de preuves basées sur les analogies qui se manifestent
dans les phénomènes de leur état social, moral, intellectuel
et religieux. Les preuves de C ette seconde espèce formeront successivement
le sujet des quatre parties suivantes de cet ouvrage.
—jt-ev.'sycK*'—