
Y Étoile du malin (gr. Astraïos) était le fils du Soleil (v. Les Chants
du Sol, p. 111); et c’est pourquoi, à l’époque où Ivars (norr.
lofar) était encore reconnu comme Dieu du soleil, ils donnèrent à
l’Étoile du matin (gr. Astraïos) le nom de Fils du Sanglier (lvu-
rings; vieux-ger. Juvaring ; saxon Irîng; norr. Eirikr; Rîgr), c’est-
à-dire de Fils du Soleil. Antonius Diogenès (Pholii Bibl. ed. Bekk.,
cod. 166, p. 110) raconte que Astrceus (Iring), accompagné de deux
Devins alla, comme messager, consulter l’oracle de.son père Zal-
moxis; qu’il resta chez lui dans le ciel et qu’il fut adoré depuis,
comme lui, par les Gèles.- Cette tradition rappelle le mythe nor-
rain, d’après lequel Heimdallr (Rîgr), accompagné de Br agi e t de
Loki, alla à l’oracle auprès de Baldur qui était descendu dans
l’Epfer. Heimdallr, le messager, retourna avec Loki chez les dieüx,
mais Bragi resta auprès de Baldur.
Le Fils du Sanglier devint dans la suite le type du jeune Prince
ou du Fils de roi; et de même que l’on appelait Chemin du fils du
Sanglier (lvuringis-vigs) la route royale céleste que parcourait le
Soleil ou son Fils, de l’est à l’ouest, de même on appelait aussi
de ce nom la route royale terrestre, sur laquelle le jeune roi, qui
allait succéder à son père, et voulait prendre possession de la
royauté, traversait, pour la première fois, toute l’étendue de,son
royaume de l’est à l’ouest, ou du nord au sud (v. Michelet, Origines
du droit français, p. 164).
Comme Astre du matin, le Fils du Sanglier (norr. Heimdallr, Rîgr)
était le Symbole du Commencement ; et, comme tel, il était opposé à
l’Astre du soir (norr. Loki), le symbole de la Fin. En sa qualité de
Dieu du commencement, Ivuring (norr. Rîgr) le fils du Soleil était
la souche de la race humaine (v. Rîgsmàl), et c’est par son intermédiaire
que les nations de la branche gèle se rattachaient au dieu
solaire Skalmoskis, le Père des nations (v, p. 191).
Le nom de Pakus (v. p. 183) ne s’est pas conservé dans la tradition
mythologique des peuples de la branche gèle, ni comme nom
épithétique pour désigner quelque dieu héritier de Targitavus, ni
comme nom commun pour désigner la divinité en général (cf. slaveBoi/,
Dieu), ni enfin comme nom particulier pour désigner le Dieu du vin
(Bacchus). Peut-être la fin tragique du roi Skulès (v. p. 106) a-t-elle
empêché chez les Gètesla propagation du culte de Bacchus; cependant
des auteurs grecs parlent d'un oracle de Dionusos, établi chez les
ThrâkoGèles. Ensuite l’usage immodéré que les Gèles de la Thrace
faisaient du vin, fut cause qu’un de leurs devins, Dikenaios, jugea nécessaire
de leur interdire cette boisson (Slrabon, VII, 3,11); et il
parvint à leur persuader de détruire chez eux les vignes, et d’extirper
ainsi le culte de Bacchus. Bien qu’il n’y eût plus de Dieu du vin,
dans la religion des peuples de la branche gète, cette boisson était cependant
très-estiméé ; elle était réservée àOdinn, quien usaiuchaque
jour pour augmenter son intelligence et son enthousiasme poétique.
§ 118. S k a lm o sk is Dieu de la D iv in a tio n e t de la
Médecine. — L’influence des Thrâkes t chez lesquels le sacerdoce
était fortement constitué, s’est exercée sur le culte du dieu Zal-
moxis, qui, en sa qualité de Dieu Intelligent (Gela, v. p. 27 et 186),
était considéré comme présidant à la Divination, à la Médecine et à
la Poésie. Les prêtres thrâkes éiaient à la fois devins, médecins, musiciens
et poëtes-orateurs (v. p. 29). La divination s’exerçait, chez;
les Gèles, sous l’invocation de Zalmoxis, comme elle s’élait exercée,
chez les Scythes, sous celle de Skotaris (v. p. 186). Les Devins étaient
consacrés à Zalmoxis ; c’est pourquoi ils portaient le nom de Pleïstai
(Consacrés, Bénis; cf. angl. Blessed) , et leur dieu avait le nom épithétiquede
Pleïst-varus (Garde des Bénis; gr. Pleïslôros; v. Hérod.,9,
119). Plus lard Zalmoxis prit le nom plus abstrait de Gebleïstis (Bénédiction,
gr. Gebeleïzis) , sans doute comme source de l'Inspiration
, de la Bénédiction et de la Guérison. Les devins gètes, suivant
l’usage adopté par les prêtres dans l’Antiquité (v. p. 186) , prenaient
le nom et le costume de leur dieu Zalmoxis. Aussi les auteurs
anciens, surtout les Evhémeristes, ont-ils souvent confondu
le Dieu avec les Devins qu’il inspirait. Ainsi il est probable qu’un de
ces devins de Skalmoskis ait était esclave de Pythagore à Samos ; et
c’est pourquoi les Grecs de l’Hellespont et du Pont, imbus d’idées
evhéméristes, ont raconté que le dieu Zalmoxis avait été esclave de
Pythagore (Hérod., IV, 96). C’est probablement sur une confusion
semblable que repose l’assertion de Dionysiphanès qui dit que Zalmoxis
tenait sa figure toujours couverte pour cacher les stigmates
qu’il avait reçus étant tombé entre les mains de brigands. Peut-
être cet auteur voulait-il simplement énoncer par là, comme les
Grecs de l’Hellespont et du Pont, que Zalmoxis avait été esclave;
car chez les Gètes les esclaves seuls étaient stigmatisés (Artémid.,
Onéirokr., 1, 8).