
bancs ouverts devant eux, de beaux échantillons d’ossements
fossiles et des haches nettement travaillées. Ces
faits furent, comme les premiers, constatés par des
rapports circonstanciés, lus aux sociétés précitées et
publiés dans le T im e s (1).
Le chef de l’école géologique d’Angleterre, sir Charles
Lyell, dont l’ouvrage célèbre, P r in c ip e s o f g e o lo g y , est à
sa dixième édition, ne pouvait pas laisser passer cette
question sans émettre son avis. Cet avis était pour moi
d’une haute importance. Le 26 juillet 1859, il arriva à
Amiens et le lendemain à Abbeville. Comme les savants
qui l’avaient précédé, il reconnut l’ancienneté géologique
des bancs , leur état vierge , la présence de l’éléphant
fossile et celle des silex taillés.
11 rendit compte de ce voyage dans un discours qui
fut prononcé en septembre dernier à Aberdeen, dans le
vingt-neuvième meeting de l’Association britannique, en
présence du prince Albert qui venait d’en être élu président.
Ce discours, publié par les journaux d’Écosse et
répété par le T im e s du 19 septembre 1859, fut reproduit
dans les journaux français.
D’après AI. Lyell, ces bancs seraient formés de dépôts
successifs produits par de très-anciennes rivières n’existant
plus aujourd’hui. Or, comme les bancs de Saint-
Acheul, Saint-Gilles, Moulin-Quignon, etc., s’élèvent
jusqu a trente-trois mètres au-dessus du niveau de la
Somme, on peut juger quelle série de siècles cette succession
de couches représente.
Cependant à la suite d’un de ses voyages à Abbeville,
(1) V o ir le s n°‘ du Times d e s 9 , 19 sep tem b r e 1 8 5 9 , e t d es 18
n o v em b r e , 1” , 3 , 5 e t 9 d é c em b r e , même a n n é e .
M. Prestwich, sur le regret que j ’avais exprimé qu’on
n’eut encore exploré aucun des bancs de diluvium d’Angleterre
(1 ), eut la penséç d’aller visiter un terrain situé
à Hoxne en Suffolk, où, d’après une note de M. Frère,
archéologue habitant le pays, on avait découvert autrefois
des pierres qui semblaient taillées, ainsi que des
os d’un animal inconnu qui, malheureusement, n’avaient
pas été conservés et dès-lors dont l’espèce et le plus ou
moins d'ancienneté n’avaient pu être constatés.
Rendu sur les lieux, M. Prestwich reconnut, à la première
vue, que ce terrain, exploité depuis longtemps
pour faire des briques, était analogue à ceux d’Abbeville
et d’Amiens. 11 apprit des ouvriers qu’on y rencontrait
fréquemment des os avec des pierres d’une forme singulière,
mais qu’aujourd’hui ils en trouvaient moins.
Comme ils ne les ramassaient pas, ils ne purent lui en
présenter 5 mais y ayant fait fouiller immédiatement, il
en recueuillit lui-même à plusieurs mètres de profondeur
dans un sable vierge.
Ces haches, dont il me montra une, ne différaient en
rien de celles de nos bancs et se trouvaient, comme elles,
entourées de débris fossiles.
Cette découverte, due a une circonstance fortuite et à
la perspicacité de M. Prestwich, était importante et ne
pouvait manquer de jeter un jour nouveau sur la question;
elle détruisait cette objection qu’on m’avait si
( t ) Dès l’a n n ée 1 8 4 8 , j ’a v a is e n v o y é à la S o c ié té a r ch é o lo g iq u e
d’A ngleterre u n e su ite d ’é ch a n tillo n s de h a ch e s a n téd ilu v ien n e s ,
en dem an dant q u ’on fît q u e lq u e s r e ch e r ch e s a u to u r d e Londres
dans les b a n c s a n a lo g u e s à c eu x d ’A b b e v ille . V o ir Proceedings
of the british archeological association, s é a n c e d u 25 a v r il 1 8 4 9 , e t
Theliterary gazette, L o n d r e s, 28 a v r il 184 9 .