
Mais est-il possible de jamais arriver à cette Science historique ?
L’état actuel des études non-seulement en prouve la possibilité ,
mais il nous en fait prévoir encore la réalisation assez prochaine.
Ce n’est pas se faire illusion que de croire q u e , d’ici à la fin de
notre siècle , ces études auront complété et renouvelé, la science
contemporaine. Nous nous proposons de contribuer à ce but dans
les limites de nos forces. Nous exposerons les résultats de nos
études ethnologiques en commençant par les peuples germains,
Scandinaves et slaves, qui sont les plus jeunes dans l’histoire ancienne,
comme ils sont les. plus jeunes des peuples de la race de
lafèle. Leur histoire, comme celle de tous les peuples de l'Antiquité,
s’ouvrant en quelque sorte ex abrupto, n’a pas de commencement
primitif. Il s’agit donc de découvrir quels ont été les ancêtres
et les pères de ces peuples; quels sont les faits primitifs qui ont déterminé
leur état social, moral, intellectuel et religieux; comment
ils sont venus s’établir dans la Germanie, la Scandinavie et la Sar-
matie; par quels degrés de développement leurs pères ont dû passer
pour pouvoir transmettre à leurs descendants .cet état de demi-
civilisation que nous remarquons chez eux au moment où commençait
jusqu’ici leur histoire.
La linguistique a découvert de nos jours que les idiomes des
Germains, des Scandinaves et des Slaves1 ont non-seulement des
analogies g é n é r a l e s , mais des rapports tellement spéciaux et in t
im e s avec la langue de quelques, nations de lAsie, les Hindoux
par exemple, qu’il faut nécessairement en conclure que les ancêtres
de ces peuples e u r o p é e n s et de ces nations a s ia tiq u e s ont
formé dans l’origine une seule et même f a m i l l e e th n iq u e et qu’ils sont
sortis d’un seul et même b e r c e a u p r im i t i f . Où était ce berceau primitif?
Quels noms portaient les ancêtres des Germains, des Scandinaves et
des Slaves ? Au Moyen âge on a identifié ces ancêtres avec les T r o y e n s
et dans les temps modernes on a cru les retrouver dans les P e r s e s
et dans les M è d e s . La C r it iq u e ne saurait admettre ces opinions.
Nous croyons être dans la vérité en disant que les S c y th e s ont été
les pères des G è te s et des S a rm a l e s et que les G ê te s o n t donné naissance
aux trib u s-g e rm a in e s et S c a n d in a v e s , tandis que les S a r -
iVoir les ouvrages linguistiques de MM. Bopp,-.Grimm, Pott, ScHLEiCHER et
R API1.
m a le s ont été la souche des peuples s la v e s . Cette th è se , pour être
| mise en évidence et hors de doute, avait besoin d ’être d ém o n t r é e .
1 Dans un premier Mémoire intitulé L e s P e u p l e s p r im i t i f s d e la r a c e
d e l a f è l e , nous avons fait connaître les peuples primitifs qui se
rattachent à la souche ia f è t iq u e , et parmi eux nous avons signalé
les S c y th e s comme les cadets de celte race. Ensuite, dans un second
Mémoire, intitulé L e s S c y th e s , nous avons démontré que celte
nation n’est pas, comme quelques savants le prétendent, de race
ta ta r e , mais qu’elle-appartient réellement, comme nous l’avons dit,
à la souche ia f è t iq u e ; nous y avons également et préalablement
énoncé la thèse (nous réservant d’en fournir plus lard la preuve),
que les S c y th e s , par l’intermédiaire de la branche s a rm a t e et de
la branche g è l e , sont les ancêtres d’un côté des S la v e s et des
L ilh u a s , de l’autre des G e rm a in s et des S c a n d in a v e s . Dans ce troisième
ouvrage que nous soumettons maintenant au jugement des
hommes compétents, nous nous proposons de traiter plus particulièrement
des Peuples de la b r a n c h e g è l e et de prouver que les
P eu p le s g è le s e t g o l e s s o n t is su s d e s S c y th e s e t q u ’ ils s o n t la s o u c h e d e s
P eu p le s g e rm a in s e t S c a n d in a v e s . Dans un dernier travail qui fera
suite à celui-ci, nous traiterons des Peuples de la b r a n c h e s a rm a t e
et nous prouverons que ces peuples sont également les fils des
S c y th e s et qu’ils sont les pères des S la v e s , des V en d e s et des L i lh
u a s.
Si c’était une vérité généralement reconnue que les G è le s sont les
fils des S c y th e s et les pères des G e rm a in s et des S c a n d in a v e s , nous
n’aurions pas à la démontrer ici, nous n’aurions qu’à esquisser le
tableau de l’histoire des Gètes, en commençant par leur origine
scythe et en le terminant par l’histoire de leurs descendants immédiats
les Germains et les Scandinaves. Mais l’origine s c y th e des
Gètes et des Gotes et l’origine g è l e et g o t e des Germains et des
Scandinaves ne sont aujourd’hui ni généralement connues ni
! universellement reconnues; bien plus, elles ont été positivement
| niées et fortement contestées. Cette négation prouve au moins
S fiee la vérité en question n ’est ni évidente par elle-même ni basée
sur des preuves directes et en quelque sorte palpables. Nous
aurons donc à démontrer scientifiquement celte vérité en fournissant
les témoignages capables de la mettre hors de doute. Cet ouvrage
ci ne saurait donc se borner à retracer le tableau d'un frag