
— 18 —
vases enfouis de main d’homme dans un lit de sable
fluvial, enfouissement qui avait évidemment eu lieu
avant que le banc de tourbe ait commencé à se former.
Malheureusement la date, même approximative, de ces
vases qui, si l’on en juge à leur imperfection et à la grossièreté
de leur pâte, doivent être très-anciens, restait
inconnue; mais au-dessus, dans la tourbe même, j’ai
trouvé des poteries romaines ou gallo-romaines que la
tourbe aussi commençait à couvrir. Quant à celles-ci, il
était possible d’établir un calcul sur des données probables
(1).
D’induction en induction, on pourrait ainsi arriver à
connaître sinon l’âgè des 'bancs où se trouvent nos
haches, du moins l’époque où la formation diluvienne
étant achevée, elle a pu servir d’assiette à la formation
tourbeuse.
Ce sont ces mêmes bancs de tourbe, postérieurs à la
consolidation diluvienne, mais qui l’ont peut-être suivie
de près, qui s’étendent jusque sous la Manche. Cette
tourbe qu’on nomme bocageuse à cause des parties
ligneuses et des fruits de noisetiers qui la composent en
grande partie, doit être antérieure au cataclysme qui a
séparé l’Angleterre du continent. On ne peut donc douter
de son ancienneté (2). Qu’est-ce alors de celle des bancs
qu’elle recouvre!
(1 ) M. Cf. L. H o rn er, d an s s o n m ém o ire su r c e r ta in s d éb r is de
te r re c u ite d e la v a llé e du N il, m ém o ir e in t itu lé : An account of
somerecent researchesnear Cairo. P h ilo s . Tran s. 1858. V o l. cxlviii,
part. P ', p. 5 3 , d o n n e à c e s p o ter ie s q u in z e m ille a n n ée s d ’a h -
c ie n n e té , en c a lc u la n t su r u n e ba se c o n n u e , le tem p s q u e la
c o u c h e de te r re q u i le s r e c o u v r e a mis à s ’am o n ce le r .
(2) II existe à Abbeville, dans le vaste et beau jardin de M.
Remarquez que ce n’est pas seulement dans le bassin
de la Somme et dans celui de Paris qu’on retrouve ces
dépôts diluviens présentant tous la même succession de
couches avec les mêmes espèces fossiles et les mêmes
traces de l’industrie humaine : l’Angleterre nous les
montre aussi et avec des circonstances identiques.
En ce qui concerne le mode de formation de ces couches
et la nature primitive du sol où elles se sont
superposées, on peut là dessus établir plusieurs hypothèses.
A Menchecourt, que je cite ici comme un des
bancs les mieux caractérisés et parfaitement identique
à ceux de Paris (allée de la Motte-Piquet), on ne rencontre
de coquilles que dans la couche la plus profonde
et reposant immédiatement sur la craie. Or, ces co-
Foucques d’Émonville, un banc de tourbe qui y a été mis à découvert
pour creuser un bassin. La tourbe qui a commencé à
apparaître noire et compacte au niveau de la Somme, y était
recouverte d’un lit de trente à quarante centimètres de cailloux
roulés. Cette tourbe contient beaucoup d’ossements de boeufs,
sangliers, c erfs, chevreuils, etc. On y a aussi recueilli quelques
haches demi-polies. Dans une autre tourbière peu éloignée de
celle-ci, au lieu dit: la Bouvaque, j’ai trouvé sous cinq à six
mètres de tourbe, à six ou sept de la superficie et six et demi
au-dessous du niveau de l’eau, des arbres sur pied ou dans leur
position verticale, enracinés dans une terre végétale mélangée de
sable. Parmi ces arbres, dont le tronc a ju squ’à deux mètres de
circonférence, on reconnaît le chêne, l’aulne. Il y en a aussi de
couchés. Leur grand nombre annonce une forêt. Le dernier lit
de tourbe est mêlé de noisettes. Au-dessous est un sable gris et
fin qui doit recouvrir une autre couche de tourbe assise elle-
même sur un banc de sable jaune diluvien mêlé de s i l e x , puis
un lit de sable gris-blanc reposant sur la craie. A Mareuil,
commune voisine d’Ab b ev ille, on trouve des arbres à s i x ,
im h m S