
CHAPITRE III.
O R IG I N E , É T A B L I S S E M E N T S E T M IG R A T IO N S D E S P E U P L E S D E L A B R A N C H E G È T E .
§ S!®. Origine des peuples de la liraitclie gete. Les
peuples de la b r a n c h e g è t e étaient de race s c y th e ; leurs ancêtres
étaient sortis de l’Asie avant les peuples scythes de la branche
s k o l o t e , et à mesure que ceux-ci s’étaient avancés et étendus sur les
bords de la m er Noire, les peuples de la b r a n c h e g è t e s’étaient également
portés de plus en plus vers les contrées occidentales. Aussi
voyons-nous les peuples de la b r a n c h e g è te établis toujours à
l’ouest des Scythes de la branche skolote. Si l’on envisage d’abord
seulement les ancêtres des peuples de la branche g è l e , on doit dire-
que ces peuples, issus des Scythes d’Asie, sont les f r è r e s des peuples
de la branche s k o lo t e ; mais si, ensuite, on considère que, dans
l’origine, la différence entre les Scythes Skololes et les Scythes
Gètes n’était pas aussi prononcée qu’elle le fut plus la rd , et que
beaucoup de tribus de la branche skolote, en se portant Vers
l’ouest, ont continuellement alimenté et renforcé la branche gète, I
on peut aussi dire que le ’rameau gète est sorti de la branche I
skolote, ou que les peuples gètes sont les fils des tribus skolotes.
Les peuples du rameau gète ayant tous une origine s c y th e , soit par |
leurs ancêtres a s ia t iq u e s , soit par leurs pères s k o lo t e s , on corn- j
prend qu’on ait pu quelquefois donner à ces peuples le nom pa- I
tronymique ou archaïque de S c y th e s . Ainsi J u s t in (12, 2) raconte I
que Zopyrion a fait une expédition malheureuse contre les S c y th e s ; I
K o ïn u s , en adressant son rapport à Alexandre, dit que cette expé- I
dition fut dirigée contre les G è le s . P h i lo s lo r g e dit que les G è le s ■
étaient des S c y th e s venus d’au delà de l’ister. D io n C a ss iu s appelle I
les D â k e s des S c y th e s en q u e lq u e s o r t e . D’un autre côté, le nom de I
G è le s fut substitué quelquefois à celui de S c y th e s . Ainsi, du temps I
de Strabon, on appelait S te p p e s d e s G è le s la contrée qu’aneienne-
ment on avait nommée S te p p e s d e s S c y th e s .
a) Les Gèles proprement dits.
§183. Différence entre les Thrakes et les Gètes- —■
Au septième siècle avant notre ère, à l’époque où des tribus 1
scythes s’établirent au nord de la mer Noire, d’autres tribus de la
même race, parmi lesquelles il y avait surtout des G è le s de la
famille des M a ssa -G è le s (v. p. 27,, et des D a te s de la famille des V a rk e s
(v.p. 28), franchirent le T y r a s (Dniester; cf. les T y r a -G è le s ) et, après
avoir fait plusieurs étapes, finirent par s’établir dans les pays
occupés déjà par les T h r a k e s . Ces peuples thrakes étaient de souche
k am a r e . Longtemps avant Homère et les Homérides, des tribus
k am a r e s ou k im m é r i e s , dont descendaient les K ik o n e s (Cigognes), les
Gerones (Grues), les K r e s lo n ia l e s (Habitants de K r e s to n e , Bourg des
Hirondelles), les K a l - lu z e s (Chats incubes, v. S t e p h . de Byz. s. v.
K a llu z e ) ; les M y g -d o n e s (Habitants du Bourg de la Truie), les A b ie s
(Habitants de Y A b ia ou Pays), etc., avaient pénétré dans les contrées
situées entre la Propontide et l’Isler. Ces peuplades kamares
se donnaient le nom général de H a r d is (ga'ël. T r e o r a c h , gr. T r è r e s ;
v. P l in e , IV, 10) que les anciens Hellènes ont rendu dans leur langue
par T lir a s e is ou T h r a s ik e s (cf. sansc. d h a r s c h i la s , d h r i s c h t a s , endurci,
hardi; vieux haut-all. d r â l i ; ail. dreisl; thrâke t h r e i t l è s ,
dur, pierre) dont on a fait ensuite T h r a ïk e s ou T h r a k e s . D’après
les habitants, les Thrakes, le pays où ils s’établirent p rit, dès la
plus hanté antiquité, le nom de T h r â k è (p. T h r a s ik è , T h r a ïk e ,
Pays des Thrasies ou la Thrace). Les T h r â k e s étaient les frères des
K im m é r ie s de la mer Noire , à l’ouest desquels ils étaient d’abord
établis. Aussi, dans la Genèse, T i r a s [p. Thrâs), le représentant
ethnique des Thrâkes, est-il considéré comme le frère de G om e r ,
qui est le père ou le représentant ethnique des K a m a r s ou K im m
é r i e s ' . C’est au milieu de cette population d’origine kimmérie
que vinrent s’établir les G è le s qui étaient d’origine s c y th e . Les anciens
habitants du pays, les T h r â k e s , et les nouveaux venus, les G è le s ,
bien que différant entre eux par leur extraction, appartenaient cependant,
les uns et les autres, à la race ia f é i iq u e , et à cette époque
ils étaient encore plus rapprochés les uns des'au tres, quant à la
langue, aux moeurs et à la religion, que ne le furent leurs descendants
respectifs quelques siècles plus tard. L’histoire ne dit pas
si les. Gètes, pour s’établir dans le pays des T h r â k e s , ont refoulé ce
peuple par la force, comme leurs frères les S k o lo le s avaient expulsé
violemment des bords septentrionaux de la mer Noire les Kim-
Voy. Les Peuples primitifs, etc., p. 38 suiv.