
et de la poésie religieuses. C’est ainsi que les fonctions sacerdotales
du chef de tribu-se dédoublèrent; le prince resta, il est vrai,
chef de la religion, mais d’autres, choisis parmi les guerriers ou les
nobles et ayant l’aptitude voulue, furent préposés aux prières, et,
de cette manière, parvinrent plus lard à présider aussi aux sacrifices,
à la place du chef de tribu. Tels étaient chez les Hindous primitifs
les Nobles appelés Préposés ou Mis en avant (sansc. Pouro-
hitâs), parce qu’ils étaient préposés aux sacrifices qu’ils faisaient au
nom du chef de tribu, et qu’ils étaient mis en avant pour prononcer
les prières et les formules sacramentelles et magiques^
Comme, chez les Scythes, les rois passaient pour être les fils
des Dieux (v. p. 157), on attribuait à leur intercession toutes les
bénédictions du ciel; mais, par la même raison, ils devenaient aussi
responsables des malheurs publics, et quelquefois, en temps de détresse,
ils étaient punis de mort pour avoir perdu ou détourné du
pays la faveur et la protection de la Divinité. Comme pontife suprême
du peuple, le roi était encore responsable des infractions à
la religion et à la loi commises par ses sujets. C’est pourquoi la
déesse Taviii punissait le roi par une maladie, quand quelqu’un de la
tribu ou de la nation avait commis un parjure (v. p. 228). Le roi
avait aussi à veiller sur l’observation des rites traditionnels du culte ;
et voilà pourquoi le roi scythe Saulius (v. p. 173) se crut en droit
de tuer son frère, l’illustre Anacharsis, qui avait essayé d’introduire
dans le culte de la déesse Apia (Terre) quelques cérémonies
empruntées au culte grec de la déesse Kubelè (Hérod., IV, 76). Le
roi Skulès (v. ib,, IV, 80) fut chassé par son peuple et tué par son frère
Okia-masa-das (v. p. 259) pour avoir secrètement pris part au culte
grec de Bacchus, célébré à Olbie, et pour avoir introduit, sans
doute dans le culte de Targitavus, surnommé Pakus (v. p. 183),
des cérémonies empruntées à la religion de Bacchus.
b. Le Sacerdoce chez les peuples de la branche gète.
§ 174. X<es Familles sacerdotales. — Le sacerdoce ou la
science sacerdotale, si elle est transmise de père'en fils comme
un héritage, produit les familles sacerdotales; et les familles sacerdotales:,
si elles se constituent comme corps distinct,, engendrent
la caste sacerdotale. C est ainsi que, dans l’origine , les premiers-
nés, choisis indifféremment dans toutes les tribus d’Israël, furent
chargés des fonctions du culte (Gênés., 49, 3). Mais plus tard la
tribu de Lêvi, à laquelle appartenaient Mo'ise et Aron , se chargea,
de préférence aux autres, de ces fonctions ; et enfin cette tribu de
Lévi, s’occupant exclusivement des fonctions du culte, se constitua
comme caste sacerdotale dans la Judée. Dans l’Inde primitive les
Pouro-hilâs (v. p. 270) étaient au commencement des Kchatryâs
(guerriers, nobles, princes), chez lesquels on avait remarqué des
dispositions pour l’éloquence et la poésie religieuses, et qui, pour
cette raison, furent préposés au culte et aux sacrifices et chargés
de prononcer les prières et les conjurations auxquelles on attribuait
un pouvoir magique sur la Divinité. Plus tard les Pouro-hilâs
laïques transmirent à leurs descendants leurs formules et leur
science, qu’ils rendirent de la sorte héréditaires dans leurs familles.
Ainsi se formèrent, dans l’Inde, des familles sacerdotales, qui bientôt
se séparèrent des familles des Kchatryâs laïques, d’où elles étaient
originairement sorties, et acquirent sur celles-ci, comme étant en
possession du Brahman (La Prière énergique), une supériorité incontestée.
Ces Familles sacerdotales, après avoir ensuite formé
entre elles une association, se constituèrent en une caste supérieure
à la caste des Kchatryâs, et prirent dès lors le nom général
de Brahmanâs (Possédant le Brahman). La caste sacerdotale, chez
les Kimméro-Thrâkes et les Kimméro-Keltes, eut une origine analogue.
Par l’influence des peuples thrâkes ét keltiques, avec lesquels les
Gèles étaient entrés en rapport, la Prêtrise prit chez ceux-ci, dès
le premier siècle avant notre ère, un caractère plus sacerdotal. Cependant
les prêtres, chez les' peuples de la branche gète, ne formèrent
jamais une caste, quoique les fonctions sacerdotales fussent
devenues héréditaires dans plusieurs familles nobles. En effet,
lorsque les Dieux qui, dans l’origine) étaient seulement particuliers
aux famillesnobles ou royales, furent dans la suite devenus aussi
les Dieux de la tribu et de la nation, il était naturel que la prêtrise
appartînt, non pas comme antérieurement, à la famille du roi
considéré comme pontife suprême, mais aux familles nobles qui
avaient institué le culte de ces Divinités, formées pour la plupart par
le dédoublement des Divinités primitives (v. p. 254). Mais ces familles
nobles, tout en devenant sacerdotales, gardèrent cependant
leur caractère guerrier et laie, au point que le sacerdoce, bien