
CINQUIÈME PARTIE,
se rendit en Orient (norr. Ausirvegr). Là, dans l’iïidaïa (norr. Myrh
vidr, Forêt-Noire), ses chevaux (norr. ses boucs) lui furent enlevés
secrètement par Echidna (Femme-Serpent; cf. norr. Gygur; la Froidure)
et ne lui furent rendus qu’au printemps, lorsque le Dieu
eut engendré avec la Géante, comme gages de son retour, trois
fils qui lui ressemblaient.
Pour les Germains Donar était avant tout, comme l’indiquait son
nom, le dieu du tonnerre, c’est-à-dire de l’orage. Aussi quelques-
unes des montagnes ou des contrées montagneuses qui, autrefois,
avaient été consacrées au dieu de l’orage (Fiôrgynn), et que les Keltes
avaient appelées Verkuniennes (gv. hercunioi), eurent-elles le nom
de Donarisberg (Mont-Tonnerre). Donar, comme dieu de l’orage,
fut comparé au Jupiter lançant la foudre, et c'est pourquoi les
Tudesques ont traduit le nom de Jeudi (Jovis dies) par Donarsdag
(angl. thursday). Thôr ou Donar clôt la série des dieux issus, par
dédoublement, de l’ancien dieu scythe Tivus.
Telle est en abrégé l'histoire du dieu Tivus , de ses dédoublements
et de ses héritiers dans la religion des Scythes et dans celle
de leurs descendants , les peuples de la branche gèle.
CHAPITRE X.
B . U T E R R E . — À P I A .
a. Conception et attributions d’Apia chez les Scythes.
§ ÎOO. Aspect p rim itif tle la te rr e . — L’aspect de la
terre s’est embelli et s’embellit de siècle en siècle avec les progrès
de la civilisation. Au commencement, lorsque l’intelligence et l’industrie
des hommes ne savaient pas encore dompter les éléments
déchaînés, ni mettre de l’ordre dans la nature sauvage et inculte,
les peuples primitifs habitaient, pour la plupart, des pays à moitié
submergés par les fleuves-ou par les rivières et les torrents , qui
coulaient au hasard dans des lits obstrués et tortueux. La terre,
c’est-à-dire la partie sècAe (lat. terra, sèche; cf. gr. tarsos, sec;
gèt. thursus-fM. dürr; gr. ksèra, sèche, terre; héb. iabbachâ) dans
ces forêts et landes marécageuses, ressemblait à des terrains entourés
d’eau et qui, d’abord submergés, étaient ensuite sortis de
l’eau et s’étaient peu à peu desséchés au soleil. Trouvant ainsi partout
le passage fermé par le cours des fleuves, des rivières et des
torrents, les peuples primitifs se voyaient enfermés et confinés
dans leur pays comme dans un île. C’est pourquoi les idées et les
mots de île et de pays étaient synonymes dans les langues primitives.
En sanscrit le mot dvipa signifiait non-seulement île, mais
aussi pays (ex. Çaka-dvipa, Ile ou Pays des Sakes). En hébreu le
mot îyim (îles) avait aussi la signification de Pays. Encore en vieux
français on disait, par exemple, Ille de France pour Pays de France,
et llle de Persois pour Pays des Perses. On se figurait les terres ou
les îles, non-seulement comme sorties des eaux, mais aussi comme
surnageant aux eaux; delà le mot sanscrit de dvipa (p. dvipata, deux
fois abreuvé, île; cf. dvidja, p. dvidjata, deux fois né, oiseau), par
lequel on désignait Vile (ou la terre), parce qu’elle était abreuvée,
disait-on, d’en bas, par les eaux auxquelles elle surnageait, et
d’en haut, par les eaux tombées du ciel et rassemblées dans les rivières.
De là encore le mol grec de nèsos (p. nachsos, nageuse ;
cf. nèssa, p. nechsa, nageuse, cane; cf. l’isle de Naxos; p. Nachsos)
qui signifiait île, c’est-à-dire nageant sur l’eau. De même que les
anciens Chinois et les Hindous se figuraient que les montagnes
avaient été, dans l’origine, mobiles avant d’avoir été rendues immobiles
(sansc. na-ga, non-marchant, montagne), de même les peuples
primitifs s’imaginaient que les îles et les terres avaient nagé dans
l’eau avant de s’être arrêtées à la place où elles se trouvaient (cf.
Dèlos, les Sumplégades, les RuklacTes). Plus tard encore, lorsque
l’homme, plus civilisé et mieux instruit, se fut formé l’idée de la
terre par opposition au ciel, il lui semblait toujours que cette terre
était une île ou un groupe d’îles, et que cette île ou ce groupe
d’iles était sorti de la mer et nageait sur la mer. Telle est, en
effet, l’idée ou l’image exprimée dans les cosmogonies les plus anciennes.
Selon les Hindous, la terre, après-avoir été soulevée du
fond de l’Océan, nageait sur les eaux de la mer et formait sept
grandes îles (dvipàs) ou les sept grandes feuilles gigantesques du
lotus cosmique. Selon le Zend-avesla, Ahuro-maz-daô (le Soleil-
Génie) créa d’abord le ciel, puis les eaux, et fit ensuite sortir la
terre de l'Océan. D’après la tradition assyrienne (cf. Genes., I), il y
avait d’abord les eaux primitives, d’où sortit ensuite la terre. D’après
la cosmographie d'Homère, la terre était une grande île entourée
des eaux de l’Okéanos et flanquée à l’est et à l’ouest d’un