
avaient donc séjourné; mais ce séjour était-il l’effet d ’une
révolution récente et d’un remaniement secondaire, ou
d a ta it-il de la formation du banc? La question éta it là.
Dans le cas de l’affirmative, ou si la hache était dans
le banc depuis son origine, le problème é ta it résolu :
l’homme qui av ait fabriqué l’instrum en t éta it an té rie u r
au cataclysme qui av ait formé le banc. Ici, plus de doute
possible, c a r ces dépôts diluviens n’offrent pas, comme
les to u rb iè re s, une masse élastique et perm éab le; ni
comme les caverses à o ssem en ts, un gouffre b é a n t,
o u v ert à to u t v e n a n t, et q u i, de siècle en siè c le , a
servi d ’asile et puis de tombeau à ta n t d ’êtres divers :
dans ce pêle-mêle de tous les âges, dans ce te rra in neutre,
sorte de carav an sérail des générations passées, comment
c a ra c té rise r les époques.
Dans les formations diluviennes, au c o n tra ire , chaque
période est nettement tranchée. Ces couches horizontalement
superposées, ces bancs de nuances et de matières
d ifféren tes, nous m o n tren t en caractères majuscules
l’histoire du passé : les g randes convulsions de la natu re
y semblent tracées p a r le doigt de Dieu.
Quoiqu’unis au jo urd ’h u i en un seul ensemble, comme
les assises d’un même mur, tous ces bancs ne sont
pas frè re s, des siècles peut-être les sé p a re n t, et les
générations qui ont vu n a itre l’un n’ont pas toujours vu
se former l’au tre . Mais depuis le jo u r où chaque lit fut
posé et affermi, il est resté in tégralement le même : en
se condensant, il n ’a rien p erdu, il n ’a rien gagné. Là,
p oint d ’introduction d’en h a u t ni d ’infiltration second
aire : chaque assise est exempte de l ’influence de celle
qui la su it comme de celle qui la précède ; homogène et
compacte, il faudrait, pour la modifier, une cause non
moins puissante que celle qui l’a créée. Telle vous la
voyez, telle elle éta it le jo u r où sa formation fut achevée.
Si un éboulement ou un trav a il quelconque en eût a lté ré
la ré g u la rité , une ligne oblique ou p erp en d icu la ire ,
coupant la ligne ho rizo n tale, vous le d ira it.
Ici, Messieurs, les preuves commencent : elles sero n t
sans réplique, si cette oeuvre humaine que nous c h e rchons,
cette oeuvre dont je vous disais : e lle e s t l à , s’y
trouve depuis le jo u r q u ’elle y fut apportée. Non moins
immobile que le banc lu i-m êm e, venue avec lui, elle
s’y est a rrê té e comme lui ; et pu isq u ’elle a con trib u é à
sa formation, elle e x ista it av an t lui.
Ce coquillage, cet éléphant, cette hach e ou la main
qui la fabriqua fu ren t donc témoins du cataclysme qui
donna à notre pays sa configuration présente. P eu t-être
même déjà fossiles à cette époque, cette coquille, cet
éléphant, cette hache, é taien t-ils, débris échappés à un
premier déluge, les souvenirs d’un a u tre âge ; qui peut
mettre des bornes au passé? n ’est-il pas infini comme
l’avenir? Où donc est l’homme qui a vu commencer
une chose? où est celui qui la v e rra finir? Ne m a rchandons
donc plus su r la durée des âges; croyons que
les jo u rs de la création, ces jo u rs qui commencèrent
avant notre soleil, fu ren t les jo u rs de Dieu, les longs
jours du monde. Rappelons-nous enfin que, p o u r ce Dieu
éternel, mille siècles ne sont pas plus qu’une seconde,
et qu’il a mis su r la te rre des causes et des effets que
ces mille siècles n ’ont pas rendus moins jeunes qu ’ils
l’étaien t à l’heure même où sa main les posa.
Mais toutes les assises de la te rre , toutes ces enveloppes
schisteuses, crayeuses, argilleuses, sabloneuses, qui re couvrent
son noyau, ne sont pas le ré su lta t d ’une cause