
méries qui étaient les frères des Thrâkes. Mais tout porte à croire
que l’établissement des G è le s au milieu et dans le voisinage des
peuples th r â k e s , s’est opéré sans violence d’un côté comme de
l’autre. C’est sans doute par insinuation, en traitant les Thrâkes
de F r è r e s ou d e N a t io n a u x (gèt. T h i v u ih id a i , v. p. 34, note), que les
G è te s sont arrivés à se faire une place parmi eux. Ce qui nous porte
à croire à une prise de possession pacifique, c’est que les choses se
sont ainsi passées plus tard lors de l’établissement des G e rm a in s issus
des G è te s au milieu des peuplades k e liiq u e s parentes des Thrâkes;
et ce qui confirme encore celte supposition, c’est qu’entre les
T h r â k e s et les G è te s il n ’y a jamais eu d’antipathie, mais une
amitié constante qui a favorisé dans plusieurs cas la fusion des
deux peuples. C’est en partie à cause de celte fusion, mais principalement
parce que les G è te s s’étaient établis dans la T h r a c e , que
les auteurs anciens ont donné souvent aux G è le s le nom de T h r â k e s *,
C’est ainsi que H é r o d o t e dit que les G è te s sont les plus valeureux
et les plus justes des T h r â k e s . Bien que K o l l i i la s (Gothilas) fût un
roi g è t e (v. S t e p h . de Byz. s. v. G e t ia ) , S a l y r i i s , le biographe de
Philippe de Macédoine (v. A l h e n oe u s ) , l’appelle un roi th r â k e .
P l a to n (Charmid.) parlant d’un médecin g è t e qui guérissait sous
l’inspiration du dieu Z a lm o x i s , l’appelle un médecin th r â k e . D ro -
m i c h a ï l è s , qui était roi des G è le s , e t que P a u s a n i a s , P lu ta r q u e et
S lr a b o n nous donnent comme te l, est appelé roi des T h r â k e s par
D io d o r e de Sicile (22, 18). On a donc fait, par rapport aux G è t e s ,
ce qui est arrivé si souvent aux peuples dans l’Antiquité; on leur a
donné le nom g é o g r a p h iq u e (v. L e s S c y th e s , p. 17) du pays qu’ils
habitaient, au lieu du nom e th n iq u e de la race à laquelle ils appar- j
tenaient, Pour nous, bien que nous sachions qu’il y a eu fusion,
dans quelques contrées, entre les T h r â k e s et les G è te s , nous devons
cependant toujours nous rappeler que les G è le s n’étaient pas des
Thrâkes d ’o r i g i n e r mais seulement les compatriotes des T h r â k e s .
§ ®4. Résumé de l ’iiistoire ethnologique des
Rètes. — Les G è le s tiraient leur nom de G e la (Intelligent) qui
était le nom épithélique du dieu S o le il dont ils se disaienl.issus
(v. p. 27). Ils appartenaient à la famille dont faisaient aussi
* Voy. l’article Gètes de Karl Müllenhoff dans l’Encyclopédie de Ilalle. Dans
cet article, d’ailleurs fait avec beaucoup de soin, le savant auteur considère les
Gètes comme étant des Thrâkes d'origine.
LA BRANCHE GÈTE.
partie les M a s s a -G è te s . q u i se disaient également F ils d u S o l e i l .
Leurs ancêtres ont dû habiter, en Asie, dans le voisinage des
M a ssa -G è te s . L’histoire .ne nous fait pas connaître les différentes
étapes par lesquelles les G è te s ont marqué leurs migrations depuis
la mer Caspienne jusqu’aux pieds de ITIémus. Nous les voyons
seulement établis sur le T y r a s , à moitié chemin entre le point de
départ et le point d’arrivée. Au sixième siècle avant notre ère,
nous les trouvons déjà fixés en T h r a c e (v. H é r o d . , IV, 93). Les
Gèles touchaient, au nord, à des peuples sarmates, tels que les
K r o b y z e s (que H e k a toe u s de Milet, vers 500 avant Jésus-Christ,
connaît au sud de Lister), les O i l e n s i e s , les O b o u le n s ie s , les De -
m e n s ie s , les P r i a r e n z i e s e l les T r i z e s . Vers 510, les G è te s résistèrent
courageusement au roi Darius. Alexandre-ie-Grand, vers 335,
combattit les G è le s qui s’enfuirent devant lui dans les steppes situées
entre l’Isler et le Dniester, comme leurs parents les S c y th e s autrefois
s’étaient retirés devant Darius. En 292 avant Jésus-Christ,
Lysimaque, roi de Thrace, fut défait et pris par le roi des G è le s
ü r o m i - c l ia i t è s 1. Les Gètes battirent le consul Antoine, le collègue
de Cicéron; ils renfermèrent les enseignes ou les aigles, qu’ils
avaient prises aux Bomains, dans un fort nommé G e n u k la 2 , d où
Ci assus parvint de nouveau à les enlever. Du temps d Auguste,
cinquante mille G è te s indépendants, renforcés par des M o ise s d’origine
k im m é r o - t h r â k e , qui étaient venus de la M y s ie asiaticpie,
s’établirent, (ensemble, dans la partie libre de la ’limace, qui dès
lors prit le nom de Moesie. Depuis cette réunion avec les M y s e s , les
Gètes furent aussi compris, par les historiens, sous le nom de
Myses ( y . A p p i e n l llyr., c. 50 . y F lo r u s , II, 26).Dans l'année 13 denolre
1 Suivant une association d’idées assez ordinaire dans l’Antiquité, la guerre ou
le combat, à cause du tumulte et de la fureur qui l’accompagnent, était assimilé
à un orage (cf. gr. polemos, p. ptolemos, guerre; goth. dvglins, fureur). Le combat
était aussi appelé le tumulte (get. thrunius, norr. thrynir, gr. thovubos). En
langue gète, hailia signifiait instigation, et ce mot servait à désigner le chef
courageux qui excite ses compagnons au combat (norr. hetici, ail. het&e). Thrumi-
haitia, dont les Grecs ont fait Dromi-chaitès, signifie donc Excitateur au combat.
Le mot thrym-hetia est une expression poétique usitée dans les chants des
Skaldes pour désigner tout, chef héroïque (cf. A sa-he lia = l hùr).
■ Ce nom, pour sa signification, correspond au français Ferle (Fermeté, Fort) ;
c’est le féminin de nukils ou lukils (la clef; norr. lykill, suéd. nykel) précédé de
la particule ga (cf. goth. ga-lukan, fermer). Ce fort était sans doute aussi un
sanctuaire (alhs, fort, sanctuaire, cf. § 171).