
Plin, Hist. nat, 6, 7). Le dieu et la déesse Vrindus furent préposés
non-seulement aux Eaux, mais encore à la Génération et à la Fécondité.
Les nuages fécondateurs et fécondés du ciel, ayant été assimilés
à des taureaux et à des vaches, les eaux, les torrents et
les sources sur la terre, furent aussi symbolisées par ces animaux
qui devinrent, par conséquent, les animaux consacrés au Dieu et
à la Déesse Vrindus, et furent même désignés, eux-mêmes, par le
nom de vrindus (cf. vieux-all. rindur, bétail), pris dans le sens de
bétail fécondateur ou fécondé.
En leur qualité de Dieu et de Déesse de la Fécondité, les deux
Vrindus eurent quelques attributions qui leur furent communes
1° avec le Dieu de l’Orage-Fécondateur (Scyth. Pirkunis, Pluvieux,
v. p. 1 55), 2° avec l’épouse de celui-ci nommée Pluie (scyth. Pirkia;
norr. Frigg), 3° avec le SoZez'Z-Fécondateur, appelé Targitavus, et
surnommé le Maître (Pravus, v. p. 184) , et enfin 4° avec la Lune-
Mère, appelée Dame Productive (scyth. Artîn-paza, v. p. 207), et
surnommée la Maîtresse (Pravaïa). Le dieu et la déesse Vrindus
furent principalement mis en un rapport mythologique plus intime
avec le Dieu du soleil et avec la Déesse de la lune. Or, Targitavus et
Artîn-paza, étant considérés comme le fils et la fille du Dieu Ciel
(Tivus), et le Dieu Vrindus n’étant, dans l’origine, qu’un dédoublement
ou une spécialisation du Dieu Ciel (v. p. 236), le Dieu et
la Déesse Vrindus devinrent naturellement, dans la suite, le- père
et la mère de Targitavus et d’Artîn-paza (v. p. 219).
§ 151. L’eau, le symbole de la Clairvoyance. — L’eau
de pluie, comme élément pur et provenant du ciel, passait pour
sacrée (norr. heilög vôtn). Comme élément clair, transparent et pénétrant
les corps par imprégnation, l’eau devint aussi le symbole
de la clarté et de la pénétration de l’intelligence. D’un autre côté,
comme on s’apercevait que les boissons, surtout les spiritueux,
augmentaient, dans certains cas, la puissance et la vivacité des facultés
intellectuelles (v. § 451), Veau, le représentant des boissons
en général, fut considérée comme la source de l’intelligence,
de la sagesse et de la science. Voilà pourquoi, dans les mythologies
anciennes, la Poésie, la Sagesse, la Vérité et les Représentants
symboliques de la poésie, de la sagesse et de la prescience, telles
que les Muses, les Néréides, etc., sont toujours mises en rapport
avec les Divinités des eaux ou avec les eaux elles-mêmes. C’est ainsi,
DIVINITÉS ADORÉES. — VRINDUS.
par exemple, que, dans la mythologie hindoue, Varounî, l’épouse
de Varounas, le Dieu des eaux, est aussi la Déesse des spiritueux
(.Soura-dêvî). Dans la tradition épique, le grand poète Valmîki est
fils de Varounas , le Dieu des Eaux. D’après le mythe tkrâko-grec,
le poète Thamyras est fils de Neptune, le Dieu des Eaux. Chez les
Scythes, le Dieu et la Déesse Vrindus passaient également pour
être doués de beaucoup d’intelligence et d’une grande prescience,
comme le prouvent les témoignages qui, à cet égard, deviennent
de plus en plus positifs dans les deux périodes suivantes. Les eaux,
par suite de leur mouvement ondulé (v. p. 236), étaient symbolisées
par le Serpent. Aussi le Serpent, comme symbole des eaux ,
est-ij représenté, dans les mythés , comme doué d’une intelligence
et d’une prescience supérieures. D’un autre côté, l'Oiseau qui, des
hauteurs où il vole et où il se perche, semble tout voir, tout épier,
passait également pour bien connaître les secrets des hommes et de
la Destinée. Aussi c’est sur les oiseaux qu’on prenait l’augure (gr.
oïônos, oiseau, augure); et c’est leur langage qu’on étudiait pour
y découvrir cfuelque oracle. Les Ames, comme Génies intelligents,
prenaient de préférence la forme d’oiseaux (v. Chants de Soi,
p. 95). Les oiseaux aquatiques, habitant l’eau, ce symbole de la
sagesse et de la prescience, passaient surtout pour des oiseaux
prophétiques. Le cygne (sansc. hânsas, nageur; lat. olor, habitant
de l’herbe palustre, ulva) semblait jeter au vent ses oracles en monosyllabes
et prophétiser en aboyant en quelque sorte. De là son
nom de svaknus (aboyeur ; norr. svânr; gr. kuknos; cf. lat. ciconia,
v. p. 134, note). Les Scythes lui donnaient encore le nom de aglu (p.
agilu; v. Hésych., d, 35) qui signifiait sans doute Serpentin, le
cygne ayant une tête et un col de serpent (cf. armén. anggh; gaël.
eala). Le cygne était l’animal consacré à Vrindus, considéré comme
Dieu des eaux et de la prescience. Comme Dieu de la prescience
et de la fortune, Vrindus était censé présider également à la Destinée
des hommes.
b. Dédoublements et Divinités héritières du Dieu et de la Déesse des Eaux
dans la religion des peuples de la branche gète.
§ 152 . Hagunis et Yiii : \irilus et Rinilus. — Le dieu
et la déesse Vrindus passèrent dans la religion des peuples de la
branche sarmale et dans celle des peuples dé la branche gèle. Les