
cliées à noire vue et n’existent en quelque sorte pour notre entendement
que par une supposition qui, pour être pleine de certitude,
n’en est pas moins une hypothèse, de même aussi les racines de
l’arbre elhno-généalogique ou les origines des peuples primitifs et
de notre espèce en général sont inconnues à l’histoire positive,
par cela même qu’elles sont antérieures à toute tradition humaine.
Ces origines ne sauraient donc être entrevues que par la M é ta p h y s
iq u e et par l’A n th r o p o l o g i e , c’est-à-dire par des sciences moitié
physiques, moitié philosophiques, lesquelles ne demandent pas,
comme l’Histoire , des d é t a i l s , des témoignages et des documents
positifs, mais des g é n é r a l i t é s s ’appuyant sur des inductions tirées
de la nature physiologique et psychologique de l’Homme. Il y a
plus : non-seulement l’histoire ne remonte pas jusqu’aux origines
de l’espèce humaine, elle ignore même comment, q u a n t a u x d é ta i l s ,
s’est effectuée la séparation de notre espèce en différentes souches
primitives et comment de Ces souches sont sorties les différentes
races primitives. C’est que, dans les plus anciennes traditions nationales,
les peuples primitifs sont déjà différenciés les uns des
autres, et que par la pensée inductive nous rattachons ces peuples à
certaines souches premières; mais les traditions ne remontent pas
à ces souches elles-mêmes, elles n’en savent rien; elles ne savent
rien non plus de la racine unique de ces souches ou de l’unité de
notre espèce. Semblables à ces arbres dont le tronc est tellement
raccourci que les branches semblent naître sur la racine même,
les peuples primitifs forment déjà différents rameaux dont la souche
confondue avec la racine échappe comme celle-ci à notre re g a rd ,
et comme elle, ne peut être entrevue qu’à l’aide d’une hypothèse
ou d’une induction. Ce que nous appelons s o u c h e p r im i t i v e , c’est
une race d'hommes a n t é h i s to r iq u e et h o m o g è n e , c’est-à-dire des
hommes issus du même sang et vivant tous dans le même état social,
moral, intellectuel et religieux. Ces souches primitives, d’abord
stationnaires pendant des siècles, se sont cependant quelque peu
développées avec le temps. Ce développement a effacé l’unité et
l’homogénéité primitives et a produit en elles certaines variétés; car
se d é v e lo p p e r , c’est se d i f f é r e n c ie r et se s p é c ia l i s e r , c’est sortir de
l’indétermination et de l’identité originaires, c’est produire d’autres
e sp è c e s dans l'e sp è c e p r em i è r e devenue g e n r e par rapport aux nouvelles
espèces produites. Or, toutes les espèces se produisent b is -
lo n g u em e n t par le d é d o u b lem e n t de l’e sp è c e p r em i è r e . Les souches
primitives en se développant, d ’unités homogènes qu’elles étaient
dans l’origine, sont devenues chacune un ensemble de v a r i é t é s plus
ou moins nombreuses et plus ou moins prononcées. Ces variétés
sont ce que nous appelons les b r a n c h e s ou les rameaux sortis de la
souche primitive, ce sont les peuples primitifs sortis de la s o u c h e
première pa^ dédoublement.
§ ÎO. La Souche iafétique et ses Branches» — Environ
vingt-cinq siqbles avant notre è re , les plateaux de l’Asie occidentale
bornés jlar le lac Aral et le Djihoun au nord , par l’Euphrate
et le Tigre à l’o u e st, par le golfe Persique et la mer des Indes au
sud et par le Sindhus et le Belur-tagh à l’e st, étaient habités par
une race d’hommes issue d’une même souche, qu’à défaut d’un
nom plus convenable nous avons appelée la S o u c h e i a f é t iq u e 1. A
1 Les termes précis exprimant des rapports généalogiques sont indispensables
non-seulement dans la science généalogique proprement dite, mais aussi dans
la Généalogie des Peuples et dans celle des Langues. Pour ne pas augmenter
inutilement le nombre de ces termes, il faut autant que possible se servir
de la même terminologie dans les trois sciences. Or, nous prétendons qu’à défaut
d’un nom plus convenable, le terme de iafétique est préférable à celui de indogermanique
ou indo-européen. Que si l’on objecte que Iafète n’ést pas un personnage
historique et qu’il ne saurait être le représentant des peuples primitifs
qu’on a en vue, puisque ces peuples ne sont pas tous énumérés dans la Genèse
comme fils de Iafète, nous répondrons que Iafète est pour nous un nom provisoire,
employé conventionnellement pour désigner la Souche d’une certaine
famille historiquement déterminée de peuples primitifs; mais ce nom est préférable
à d’autres termes qu’on lui substitue ordinairement; et voici pourquoi il
mérite la préférence. D’abord il importe dans la Scienc'e de distinguer nettement
entre la souche, les dérivés primitifs sortis immédiatement de cette souche et
les dérivés postérieurs sortis des dérivés primitifs. Ces trois degrés ne sauraient,
sans confusion, être désignés par un seul et même terme. Or, dans toute espèce
de généalogie, le 'dérivé (Ex. Iafétique) est nommé d’après la souche (Iafète),
• et la souche ne saurait convenablement tirer son nom propre de celui de son
■ dérivé. C’est pourquoi les .expressions de souche indo-germanique, Peuples primitifs
indo-germaniques, sont au moins impropres, puisque d’un côté la Souche
est antérieure aux Hindoux et aux Germains qui en sont sortis, et que de l’autre
les Germains ne sauraient compter parmi les peuples primitifs sortis directement
de ce que nous appelons souche iafétique. Il serait, au moins, plus juste
de dire souche indo-scylhe. Mais outre le double sens historique que présenterait
ce dernier terme, il y aurait toujours encore un grand inconvénient à désigner
une famille de peuples, non d’après son origine, mais d’après deux de ses
membres, le Hindou et le Scythe. Pourquoi ensuite nommer les Hindoux, les
Scythes ou les Germains plutôt que les Grecs et les Keltes ? il n’y a pas, pour
: cela, de raison géographique ni de raison chronologique ni de raison historique
quelconque. C’est donc là une désignation choisie arbitrairement et employée