
Skalmoskis (v. p. 195). Ils pratiquaient la divination, non-seulement
au milieu de leurs compatriotes, mais plusieurs d’entre eux allèrent
se produire, même en Grèce, comme médecins faisant des
cures merveilleuses sous l’inspiration de leur dieu. Parmi ces derniers,
il suffît de citer le médecin de Skalmoskis, dont il est question
dans le Charmidès de Platon (v. p. 196), et surtout le divin
Skotaris (gr. Toksaris, Archer) qui, après sa mort, fut honoré à
Athènes d’un culte public (v. p. 186).
c. La Divination chez les Peuples yermaniques et Scandinaves.
§ 193. lie s Fem m es P ro p lié te sse s. — Les tribus germa
niques et Scandinaves, lorsqu’elles ne furent plus, comme leurs
pères les Gètes, en rapport avec des peuples thrâkes ou keltes, perdirent
de nouveau les habitudes sacerdotales, mystiques et ascétiques
(v. Les Chants de Sol, p. 150), qu’elles avaient prises au contact
avec ces peuples. Cependant elles gardèrent quelques usages
religieux qui leur furent transmis par leurs pères, les peuples de la
branche gete. Chez les Gètes, les rois s’étaient attaché les Inspirés
et en avaient fait leurs Conseillers pour fortifier, par eux, leur
propre autorité (v. p. 298). Cet usage religieux et politique ne disparut
pas complètement en Scandinavie, comme le prouve entre
autres, l’exemple de l’inspiré Brani, personnage mystérieux qui
devint le Conseiller secret (norr. rûni) du roi Haralld, surnommé
Dent-de-guerre (rtorr. Hilldar-tond), et du roi Sigurd Ring.
L’idée que, dans les Femmes-Vierges, il y avait quelque chose de
divin et de prophétique, engendra, dans le Nord, l’institution des
Femmes-de-vision (norr. Spâ-konur ; v. Poèmes isl., p. 152) laquelle se
maintint surtout chez ceux, parmi les Germains, qui restèrent en
contact avec les peuples keltes (Germ., 8). Parmi ces prophétesses
germaines on remarque surtout Véléda. Cette fille, de la nation des
Bructères, jouissait au loin d’une grande autorité; et elle vit croître
son influence pour avoir prédit les succès des Germains et la ruine
des légions romaines (Tacit., Hist., IV, 61). Mais ce qui prouve que
les Prophétesses germaines ne faisaient qu’imiter, en grande partie,
les Prophétesses keltes, c’est que Véléda, à l’exemple des Druidesses
Namnèles et Séniennes, se dérobait aux regards des hommes
et se cachait dans une tour élevée, qui lui servait de retraite : un
de ses parents portait, comme un messager de l’Oracle, les consultûtions
et les réponses (Hist.,YV, 65). Or cette tour de Véléda rappelle
les tours (kimméro-thrâke, mossun) où se renfermaient les prophètes
kimro-thrâkes (cf. thrâko-gr. mossun-oïkoi) ; et cet usage
paraît avoir été transmis, par les druides thrâkes, aux peuples
keltes, et, par ceux-ci, aux tribus germaines.
§ 194. lies différentes espèces de Divination. — Chez
les Germains, les Auspices et la Divination étaient en grand crédit.
Leur manière de consulter le Sort était analogue au mode usité
chez leurs pères les Gètes et les Scgthes. Ils coupaient une baguette
à un arbre fruitier ou consacré au Dieu de la divination (v. p. 296),
et la divisaient en plusieurs morceaux qu’ils marquaient de différents
signes et qu’ensuite ils jetaient pêle-mêle sur une étoffe
blanche. Le Ministre de la cité remplaçant le roi (v. p. 278), s’il s’agissait
d’une affaire publique, ou le Père de famille, s’il s’agissait
d’une affaire privée, invoquait les dieux, et, regardant le ciel, levait
trois fois (v. p. 284) chaque morceau, et faisait son pronostic
d’après le signe dont il était empreint. Si le sort voulait qu’on
s’abstînt, on ne consultait plus, ce jour, sur la même affaire; s’il
permettait d’agir, on exigeait encore que la réponse fut confirmée
par les auspices, comme les Scythes avaient exigé que la réponse
des trois premiers devins fût confirmée par la déclaration des devins
appelés en second lieu (v. p. 296).
Les Germains savaient aussi interroger le chant et le vol des oiseaux;
et, comme leurs pèi^s les Gèles et les Scythes, ils tiraient
des pronostics du hennissement des chevaux sacrés. La cité (germ.
gavi) nourrissait, dans les bocages et les forêts, des chevaux blancs
Consacrés au soleil, et que n’avilissait jamais aucun travail profane.
On les attelait üu char sacré, et le ministre et le roi ou le chef de
la cité les accompagnaient, en observant leurs hennissements et le
bruit de leurs naseaux.
Les Germains employaient encore une autre espèce de Divination,
quand ils voulaient connaître l’issue d’une grande guerre. Ils
se procuraient un prisonnier de la nation ennemie, qu’ils mettaient
aux prises avec un guerrier choisi parmi eux, et ils les faisaient
combattre chacun avec les armes de son pays. La victoire de l’un
ou de l’autre était regardée comme un pronostic (v. Tacit., Germ.,
c. X),de même que, dans le combat judiciaire (v. p. 120), la victoire
était la preuve de l’innocence de l’accusé.