
veillait sur l’observation des promesses faites ou des serments
prêtés (v. p. 231). La déesse Vor (Assurance) succéda à Thiuth
comme divinité intervenant pour donner l’assurance et la confirmation
aux promesses et aux serments que se faisaient entre eux les
contractants. C’est ainsi que l’Asynie Vôr figure, comme Déesse de
l’assurance et de la confirmation, dans le chant eddique le Thryms-
kvida (st. 30), où elle sanctionne une promesse de fiançailles.
Snorri, fils de Sturla, confondant le substantif abstrait vôr (assurance,
confirmation) avec- l’adjectif féminin vôr (réservée, vierge),
auquel il donna la signification de sage, n’a pas bien saisi le caractère
particulier de la déesse Vor, et il a cru devoir lui attribuer,
en conséquence, comme qualité caractéristique, la sagesse ou la
perspicacité.
§ 149. lie Feu Destvueteur du Monde; Surtur et
lio k i. — Le culte du feu avait perdu de son importance en Mythologie,
à mesure que les attributions de la Déesse primitive du feu
s’étaient réparties et partagées entre plusieurs divinités qui étaient
ses dédoublements ; mais il reprit un nouvel essor dans les mythes
cosmogoniques. Le Monde igné, appelé le Séjour du Gâle-monde
(norr. Mûspil-heimr), passait pour le monde primitif ou le monde
antérieur à tous les autres, et celui d’où , dans l’origine, étaient
sortis les germes de vie qui avaient produit les différents êtres de
la création. Après que la création fut achevée, le Monde igné devint
principalement le Séjour du Feu destructeur, comme l’indique
déjà son nom mythologique -de Séjour du Gâte-monde. Surlur (p.
Svarius, Noirci), le Chef du Monde igné, devint le représentant du
Feu volcanique, destructeur delà terre et du ciel; et, comme Puissance
destructrice et ennemie des dieux et des hommes, il fut considéré
comme associé à la race malfaisante des Iotnes (v. § 166).
La Cosmogonie , en donnant un caractère plus général et plus
abstrait aux divinités du culte, résuma en quelque sorte les Divinités
présidant à la foudre, au soleil et au feu terrestre, dans le personnage
presque allégorique de Logi (Flamme), qui, avec les deux
Divinités, symboles abstraits de l’air et de l’eau, forma la Trinitié
Kâri (Vent), Logi (Flamme) et Hloer (Eau). Celte Trinité vint se placer
à côté d’une autre plus ancienne, d’un caractère moins abstrait,
et qui était composée de Odinn (Impétueux, Vent), de Vili (Agréable,
Eau) et de Vê (Sacré, Feu). Celle-ci s’était substituée à une Trinité
plus ancienne encore, composée de Odinn (Vâlhans), de Hoenir
(Hagunis) et de Hlôdurs (Chlôdurs). Vers le septième ou le huitième
siècle, à peu près, il s’est établi, dans quelques mythes, la confusion
du démon Logi (Flamme, Feu Destructeur) avec le démon Loki
(Clolureur, Génie Destructeur), parce que l’un et l’autre passaient
pour contribuer à la destruction du monde. Loki, dans l’origine,
était l’opposé de Heimdallr (v.p. 202) ; il était le Symbole de VÉtoile
du soir, et par suite du Crépuscule du soir ou de l’approche de la
Nuit et de la Fin des choses. Ainsi que Lucifer (Hesperus) il devint
le Génie du mal et de la Destruction (v. Chants de Sol, p. 411) ;
il fut par conséquent compté parmi les Iotnes (v. § 166) et se
confondit, dans certaines traditions populaires, avec l’Iotne Logi,
le Feu Destructeur du monde.
Telle est, en résumé, l’histoire externe du culte du Feu, telle
qu’elle s’est produite comme expression du développement interne
ou logique de l’idée religieuse source de ce culte. Ce développement
progressif, continu et normal de l’histoire de Tavili, tel que
nous venons de le faire voir, prouve que, dans le culte du Feu
aussi bien que dans les autres parties de la religion, la Mythologie
des Peuples de la branche gèle forme la transition naturelle et nécessaire,
de la religion des Scythes à celle des Germains et des
Scandinaves.
CHAPITRE XIV.
F . L ’ E A U . — V R I N D U S .
a. Idée et attributions du Dieu et de la Déesse de l’eau chez les Scythes.
§ 149. loin primitif de l’eau dans les langues iaffé-
tiques. — Si le feu a été l’élément le plus utile à l’homme, au
point de vue moral de la civilisation, l’eau lui a été cependant plus
indispensable, puisque, ainsi que l’air, elle est même une des conditions
de son existence physique. L’eau méritait donc d’être adorée
aussi bien que l’air et le feu. Ce qui frappait l’homme primitif à la
vue de l’eau c’était sa propriété particulière d’être toujours parfaitement
plane. C’est pourquoi les tribus primitives de la souche
iafétique désignaient l’eau par l’épithète caractéristique de plane (v.
p. 170). C’est là le nom le plus ancien de l’eau dans les langues
iafétiques; tous les autres noms sont postérieurs. Dans les grands