
sachant (Thami-Masadàs) étant le Dieu de l’océan, mais non l’Océan
lui-même, beaucoup d’anciens mythes, sans toucher à ce dieu,
ont pu être rapportés à l’océan tout seul. D’après le symbolisme de
l’Antiquité, Veau, considérée par rapporta ses effets salutaires,
est représentée par l’Hydre (gr. hudra, aquatique), tandis que ses
effets terribles, tels que, par exemple, l’agitation des vagues
salées, sont symbolisés par le Serpent vènimeux. C’est ainsi „que,
dans le mythe hindou, l’océan primitif que couve le Soleil ou qui
sert de couche au dieu Vichnous, est représenté par le serpent Sans-
fin (sansc. Anantas) ; et, d’après Pline et Solin, le Serpent ou Dragon
dii jardin des Hespérides désignait les eaux ondulées qui entouraient
et protégeaient ce jardin. Les Scythes ont donc aussi pu imaginer
que dans l’océan, qui, d’après eux, entourait la terre comme un
cercle, gisait un serpent gigantesque. Ensuite on croyait que, si le
Soleil ne faisait pas évaporer une grande partie des eaux de la mer,
celle-ci finirait par envahir les continents. Le Soleil passait donc
pour le Protecteur de la terre et pour l’Ennemi et l’Adversaire du
Serpent gigantesque de l’océan. Celte lutte du Soleil (Thôr) contre le
Serpent de mer diffère, non quant à la forme, mais quant au fond,
de la lutte analogue que Indras (le Soleil), d’après la mythologie hindoue,
soutenait contre Vritras, et de celle que, d’après la tradition
persane, Féridoun entreprit contre Ashi-dahaka. En effet, Vritras (le
Dévorateur; cf. lat. voratrum; gr. barathron) symbolise originairement
les nuages noirs qui avalent le soleil; et, par conséquent, la lutte
du Tueur de Vritras (sansc. Vritra-hâ) ou d’Indras contre ce monstre
est une lutte de la lumière contre l’obscurité. D’un autre côté , Ashi
dahaka (le Serpent pernicieux) est un dragon brûlant qui veut dévorer
les nuages fécondateurs de la terre, et Féridoun, son adversaire,
est le Dieu de l’orage qui arrose le sol ; sa lutte contre le Dragon
est donc une lutte de l’humidité contre la sécheresse.
b. Le Dieu de l’Océan dans la religion des peuples de la branche gète.
§ i «»'*. lies Héritiers «le Tlmmi-masadas.'—Les peuples
de la branche gèle changèrent le mot Tamis (scytho-gr. Thami, Effrayant,
Océan) en Samis (norr. cf. Samr, Effrayant, Océan ; samleitr,
visage effrayant) et en Tomis (norr. tomr, désert). Le bourg principal
des Gèles, qui était situé près de la mer, portait le nom de Tomeis
(Maritime), que les Grecs changèrent-en Tomis et plus tard en
Tomoi, pour pouvoir y rattacher, par l’étymologie, le mythe sur
Médée (gr. Medeïa, Maîtresse, la personnification de la lune, cf.
p. 207). Le nom propre scythe de Tom-bagos (Bceckh, Corp. Inscr.
gr., nos2061,2071) signifiait sans doute Servant l’océan ou la mer (cf.
langob. mar-pah , Soigne-chevaux). Dans la suite le mot lomi (effrayant)
prit de plus en plus la signification de trouble, obscur, désert,
vide, et il perdit celle de mer ou océan, à mesure que les
peuples gèles, s’étant familiarisés avec la mer, ne la considéraient
plus comme redoutable. Dès lors, pour désigner le Dieu de l’océan redoutable,
le nom propre de Tami fut remplacé par le nom plus expressif
de Agis (norr. OEgir ; sansc. Ahis ; gr. Echis) qui signifiait
le Serpent océanique, dont le vaste anneau entourait la terre. La
Cosmogonie s’étant développée dans cette période (v. p. 24.1), 1 o-
céan, symbolisé sous le nom de Gumis (norr. Gymir, Entourant,
Protégeant), fut considéré comme le Père de la Terre (cf. Apia, la
fille de l’Eau, v. p. 169). Gumis (Gymir) devint même alors le Père de
Tius [Ciel; norr.Tyr), comme dans la Cosmogonie hindoue Indras,
sous le nom de Aptyas (Issu des Eaux), était fils des Eaux célestes.
C’est alors que se formèrent, chez les peuples gètes, les mythes
sur l’inimitié et la lutte entre le Serpent Agis et le dieu Thonars
qui avait été substitué au Dieu du soleil (y. p. 204). Gumis, la personnification
de la mer primitive, et Agis, le symbole de là mer redoutable,
différaient complètement de l’Ase Hagunis (Hoenir), le Dieu
bienfaisant et bienveillant des Eaux. Aussi, dans la tradition cosmogonique
, assignait-on à Gumis et à Agis une origine iotnique (v.
p. 256). Bien qu’ils fussent, déjà par leur origine, les ennemis des
Dieux, Gumis, le père de Tius, et Agis (l’Océan) se trouvaient cependant,
dans certaines circonstances, en rapport d’amitié avec eux. En
effet, la Mer iotnique (Gumis) était aussi le réceptacle des eaux fécondantes
qui, sous forme d’exhalaisons, étaient aspirées par les Célestes
(norr. Tîvar, Dieux). C’est pourquoi il est dit que les Ases tenaient
en hiver leurs compotations chez Agis ou Gumis; et comme le Soleil,
dont les rayons étaient d’or, se couchait chaque soir dans la mer,
l’Océan, ainsi enrichi, passait pour avoir toutes choses en or. Enfin,
comme la mer était le symbole de la Science, de la Prescience et
même de la Poésie (v. p. 238), ITolne Agis passait pour un Beaucoup-
sachant ou Magicien, et, dans les compotations, il aimait à s’entretenir
surtout avec l’Ase Bragi, le Dieu de la poésie (v. Braga-roedur).