
surtout adorateurs de Vodins (Odinn), le dieu de l’orage et de la
guerre, et qui, en cette qualité, prit le dessus sur le dieu de l’orage
Firgunis (Aime-pluie; norr. Fiôrgynn), dont il s’était formé par
dédoublement, comme Firgunis, le dieu de l’orage, s’était formé
antérieurement de Tius (Ciel; norr. Tyr), considéré comme dieu
de l’orage et de la pluie (v. § 94). Lorsque les Svies eurent appris
de leurs voisins les Yanes et les Finnes la magie (v. p. 58),
ils considéraient aussi Odinn, leur dieu suprême, comme le dieu
de la magie, et c’est pourquoi ils lui donnèrent le nom épithétique
deSviha (Fascination), nom formé d’un thème primitif signifiant
lier, fasciner, tromper. Or, les peuples de l’Antiquité, mais surtout
les peuples scytho-gètes, avaient l’habitude de se désigner eux-
mêmes par le nom du dieu dont ils avaient institué le culte, et
dont ils se disaient les prêtres et les fils (v.-p. 25). Aussi, de même
que les G'etes, les Daves, les Goies, s’étaient nommés d’après leurs
dieux, considérés comme leurs éponymes et leurs ancêtres, de
même les Svîes se sont aussi donné, d’après leur dieu et leur
ancêtre Odinn-Svîa, le nom de Svias (norr. Sviar, golh. Sveans,
.anglos. Sveon). Ensuite, de même que les Goies s’appelaient le
Peuple de Got (goth. gul-thiulha, v. p. -43), de même les Svies
se sont aussi appelés le Peuple de Svî (norr. Svî-thiod), ou les Compagnons
de Svî (norr. Svî-yanir, lat. Sviones', voy. Germ., 4 3 1). Plus
tard, du verbe svîa (fasciner) s’est formé le participe présent svîands
(norr. svinnr ou svidr; cf. sannr ou sadr de esands), signifiant
fascinant, trompant. Dès lors Odinn, au lieu d’être appelé Svîa,
eut les épithètes de Svinnr (Trompeur, Rusé) et de Svidrir (Fascinateur,
Magicien), et, par conséquent, le nom de Sviones (Compa1
Dans les auteurs latins on rencontre un grand nombre de noms de peuples
goto-germaniques se terminant eu ônes: Gothônes, Deukiônes, Irminônes, etc.
Cette terminaison ne saurait être une désinence latine provenant de ce que ces
auteurs auraient exprimé par d la terminaison des noms germaniques en a ou o
et auraient décliné cés noms comme des mots latins en d (on). Cela ne s’est pas
fait ainsi, car, par exemple, le nom propre transcrit en latin sous la forme de
Fricco (génit. Fricconis) ne dérive pas d’un nom germanique Frikko ou Frikka,
mais d’une forme Frikkun qu’on a rendu en latin par Friceo. La terminaison
ônes n’est donc pas simplement une désinence grammaticale latine, mais elle
dérive d’un mot germanique. Elle représente sans doute le pluriel de v an (norr.
vanr, habitué, compagnon), terme par lequel on désignait les parents, les fils
qui accompagnaient le chef de la famille et combattaient à ses côtés. Irminônes
signifie donc Fils d’Irmin, et Sviones, Fils de Svî.
gnons de Svî) put aussi se changer en Svithônes (Compagnons de
Svid), et le nom de Svî-thiod en celui de Svilh-lhiod. Ces Svithônes
ne doivent pas être confondus avec un peuple d’origine
keltique qui est resté en Scandinavie, et que Tacite appelle les
Silônes, et Pline les Sithônn (v. p. 57). Le nom de Svithônes était
connu, au sixième siècle, de Jornandès (chap. 3) et de Venantius
Fortmalus (Poëm., X, 7, 50). Enfin, comme un grand nombre de
noms ethniques des peuples germaniques avaient la terminaison en
isteq u i exprimait la descendance (ex. Cheru-skes,descendants de
Cheru*), au lieu de Svith-thiod (Peuple de Svith) , ou de Svithônes
(Compagnons de Svilh), on disait aussi Svidiskes (vieux franç. Sue-
-diskes) ou Svinniskes (Descendants de Svid), et c’est de là que dérivé
le nom de Svenskar que se donnent encore aujourd’hui les
Suédois.-
6) Les Gantes.
§ 36. Origine des O au te s. — Pendant que des tribus gèles
ou gotes, sorties de la branche gèle, allaient sous Je nom de Svies-
s’établir d’abord sur les bords septentrionaux de la mer Baltique,
et ensuite en Scandinavie, d’autres trib u s, soeurs de celles-là ou
sorties de la même branche, se dirigèrent également, et au moins
dès le quatrième siècle avant notre è re , vers le Nord ou vers la
1 Le thème Se (ce", être), combiné-avec le thème Ke (là, mouvement; sansc.
ga, gr. kiô) a formé le thème S-Ke (aller-être, devenir) ; Ex. gr. kuiskô (devenir
enceinte), gêraskô (devenir vieux), lat. senesco (devenir vieux). La forme êka (p.
; êska), le parfait de esko., se retrouve en grec dans le parfait de beaucoup de
verbes. Ex. dedôka (ayant donné-je. suis devenu). Escô changé en esio a formé
en latin le subjonctif présent siêm (p. esiêm).' Ex. possîm (p. pot-siêm ; voy.
Théorie de la quantité prosodique, p. 46). En grec, -sk (qui devient, futur) est
: une terminaison exprimant l’état d’enfance, de petitesse. Ex. asteriskos ( astre-
; enfant), nèaniskos (jouvenceau-enfant). <La même terminaison exprimant l’état
é’enfant, au point de vue de la petitesse, peut aussi exprimer l’état d’enfance au
point de vue de Vextraction. En vieux allemand, Tiuiskus (Issu du Ciel ou de
Tiu) désigne le Soleil, et Tiuiscon (p. Tiuisk-van) signifie Compagnon ou Fils du
I Soleil (voy. p. 60) ; cf. Cheru-skés (Fils de Cheru), Svinn-skes (Fils de Svinn), etc.
| La terminaison sk-, sy, exprimant le rapport de descendance ou de génération, pouvait
aussi exprimer le rapport grammatical du génitif. Ex. sansc. vrikasya (pro-
[ venant du loup), grec lukou (p. lukosio, lukoio), lat. lupî (p. lupeiei). Ces génitifs
sont des adjectifs indéclinables, correspondant exactement aux adjectifs déclinables
si fréquents dans les langues germaniques et slaves et qui désignent
une relation avec l’idée exprimée par le substantif dont ils sont dérivés ; Ex. ail.
wölfisch (tenant du loup), vieux all. walahisk (all. welsch, tenant de l’étranger,
fr. weichet,1 etc., etc.