
pellent également la pluie les larmes de Zeos, Freyia, l’Amante
d’Odr, est encore substituée à Frigg (Pluie), quand elle est représentée
comme la Mère de Hnoss (Joyau); car les riches récoltes et
les moissons dorées, symbolisés dans Hnoss, sont la production ou
la Fille de l’action fécondante de I9 pluie (personnifiée dans Frigg)
et de l’orage (personnifié dans Odr, cf. p. 166); et elles sont gardées
par Fulla (Abonde, Abondance), qui est considérée comme la Suivante
de la déesse Frigg (Pluie fécondante) ou bien de la déesse
Freyia substituée à Frigg.
C’est aussi en sa qualité d’héritière de l’ancienne Déesse de la
lune que Freyia possède le collier nommé Bijou des Fils de Brîsi
(norr. Brisinga-men), lequel est, en quelque sorte, le pendant de
Hnoss (Joyau), la fille de Frigg. Car si Joyau désigne symboliquement
les moissons et la récolte de l’été, le Brisinga-men, l’ornement
de Freyia, désigne l’éclat de la lune, dont l’influence fécondante
mûrit les productions de la terre et fomente dans les êtres
vivants l’instinct chaleureux de la reproduction. Cet éclat et cette
chaleur de la lune sont symbolisés dans les Fils de Brisir; et Brisir
(Chaleureux; cf. norr. brusir, bouc) était sans doute un Alfe ténébreux
(norr. dockalfr), symbole de la Chaleur humide de la terre.
De même que le Soleil Fécondateur a été appelé le Sanglier (Ifur,
v. p. 193) et que Freyr a eu pour symbole le verrat (norr. ihrândr),
de même Freyia,'comme Déesse de la Fécondité, a eu pour symbole
la truie, et a eu elle-même le nom de Truie (norr. Syr). Freyia préside
à l’Amour, au Mariage et à la Famille; elle protège les Jeunes
gens en tant que futurs époux; elle aime les chants d’amour; et les
amants, ou ceux qui poursuivent des filles en mariage, lui adressent
leurs prières et leurs voeux. Comme Déesse de l’Amour, Freyia a
pu être rapprochée de Vénus; et c’est pourquoi les peuples germaniques
ont tràduit le nom latin Veneris dies (Vendredi, jour de
Vénus) par Freïa-dag (jour de Freyia).
§ 138. Freyia Déesse tïes Faux. — Non-seulement le
soleil et la lune, mais aussi les eaux et la mer passaient dans l’Antiquité
pour des principes de fécondité. Aussi, chez les Scythes,
le dieu et la déesse Vrindus (v. p. 237), qui présidaient aux Eaux,
étaient-ils également le Dieu et la Déesse de la Production. C’est
pourquoi Pravys (Freyr) et Pravaia (Freyia), en leur qualité de Soleil
et de Lune, sources de fécondité, devinrent aussi, dans la mythologie
du Nord, le fils et la fille du dieu et de la déesse Vrindus; et, par
suite, quelques-unes des attributions du père et de la mère Vrindus
passèrent à leurs enfants. Voilà pourquoi Freyia est devenue également
Déesse des Eaux. Sans doute, déjà chez les Scythes, le dieu
et la déesse Vrindus portaient, comme divinités des rivières et des
lacs, le nom épithétique de Aime-submersion (Taupana). Ce nom a
dû prendre, chez les peuples de la branche gèle, la forme de Dau-
pana (goth. daupian, submerger), et chez les Germains celle de Tau-
fana ou Tavfana, nom propre que les Grecs et Tacite f Annales, 1, 51)
ont rendu par Tamfana. Ce nom désignait , chez quelques tribus
germaniques, la déesse Nertlius, qui, ainsi que Derkelo (Atergatis)
chez les Phéniciens, Isis chez les Égyptiens et la Vénus maritime
chez les Grecs, était la Déesse de la mer et des eaux fécondantes.
Aussi est-il probable que la déesse adorée chez les Svêves, et que
Tacite a comparée à Isis, était la même que Taufana. \Chez les
Slaves, la déesse Nenhus avait sans doute le nom de Topien, qui correspondait
à celui de Taufana; du moins ce nom paraît avoir été
donné aux deux enfants du dieu slave Nirdus, à Pravys (Freyr) et à
Pravaia (Freyia). Lorsque les divinités vanes (slaves) Pravys et Pravaia
eurent passé, sous les noms de Freyr et de Freyia, dans la
Mythologie Scandinave, le nom slave de Topien fut aussi remplacé par
le nom correspondant norrain de Gefn (anglos. geofon, gebhan; cf.
dvairgs et qverch; Thalès et Vali). Ce nom de Gefn désignait, dans
l’origine, une divinité aquatique ; mais, dans la suite, il devint simplement
un nom poétique abstrait signifiant la mer. Gefn est resté dans
la mythologie norraine un nom épithétique pour désigner Freyia,
considérée comme Déesse de la mer. Dans la religion des habitants
de l’île de Séeland, Gefn, identique avec Freyia, se sépara de cette
déesse et se constitua comme une divinité distincte, sous le nom
quelque peu modifié de Gefion. Mais ce qui prouve l’identité primitive
de Gefion avec Freyia, c’est qu’elle était, comme cette
déesse, la protectrice des Vierges, et qu’elle passait pour l’Épouse de
Skioldr, qui, ainsi que Freyr, était un nom épique désignant le Soleil,
le frère ou l’époux de la Lune (Freyia). La déesse maritime Gefn avait
pour symbole un navire et pouvait, par conséquent, être représentée
symboliquement, ainsi que Isis, par une barque ou un navire
(Tacite, Gerrn., 9). Aussi pouvait-on lui donner, comme nom
épithétique un nom de navire. Or, comme les anciens Scandinaves