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reposent sur la craie ou dans le sable qui en est mêlé,
restent dépourvues de patine. Celles du sable aigre ou
gris-blanc en présentent aussi assez peu. Mais celles du
sable ferrugineux acquièrent une teinte jaune plus ou
moins foncée, selon que le sable est coloré lui-même.
Dans l’argile pure, les silex deviennent d’un blanc mat
qui rappelle la porcelaine. A. Menchecourt, on ne trouve
pas de haches dans cette couche, mais à une époque
quelconque, ces haches porcelanisées doivent avoir été
en contact avec l’argile.
La patine d’un blanc sale ou terreux qui en recouvre
d’autres, aurait une origine différente: elle ne proviendrait
pas du banc où elles ont été enfouies, mais d’un
effet atmosphérique et du long séjour qu’elles ont fait
sur la superficie avant d’être ramassées par le torrent
et enterrées dans la gangue où on les trouve (1). En
effet, sur ces haches d’un blanc douteux, on aperçoit
souvent des traces d’un frottement, qui est postérieur
à leur enduit. Elles diffèrent aussi de celles que l’on
recueille aujourd’hui sur le sol, en ce qu’elles n’offrent
pas, comme celles-ci, des taches de rouille provenant
du contact d’instruments de fer, socs de charrue, fers
de chevaux, etc., preuve que, dans la période antérieure
à leur enfouissement, on ne connaissait pas encore
l’emploi des métaux ; tandis que celles qui ont séjourné
sur ce sol à une époque plus récente, ou depuis la civili-
(1) Il ne faut pas confondre avec la patine une teinte blanchâtre
que les silex obtiennent dans un temps assez limite'; par l’effet
alternatif du soleil et de la pluie. Cette nuance n’est pas une coloration
du silex , mais une décoloration qui, peut-être, précède
ce vernis que nous avons nommé patine.
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sation, sont rarement exemptes de ces taches de rouille.
La patine blanche qui recouvre les haches recueillies
sur la superficie et qui leur est commune avec des
silex brisés, parmi lesquels elles sont et avec lesquels
on les retrouve dans les bancs, annonce toujours, quand
cette patine a pénétré dans la pâte ou a acquis, si elle
vient de dépôts extérieurs, une certaine épaisseur, un
long séjour à l’air. Ainsi, celles que nous trouvons couvertes
de ce vernis atmosphérique étaient déjà bien
vieilles quand elles furent saisies et entraînées par le
torrent diluvien (1).
Qu’on accorde maintenant ceci avec la nouveauté de
l’homme et celle des grands pachydermes parmi lesquels
reposent ses oeuvres, car on ne peut scinder la question :
le même cataclysme les apporta, le même terrain les
enveloppe, le seul aspect des bancs lève tous les doutes
à cet égard. On ne peut donc rajeunir les uns sans
rajeunir les autres : si les haches ne sont pas antédiluviennes
, ces races éteintes ne le sont pas non plus.
Cuvier, revenant au monde, serait bien étonné d’apprendre
que son éléphant primigenius, son rhinocéros
tichorinus sont devenus modernes.
Que dirait-on si ces haches étaient bien plus vieilles
encore que nous-mêmes n’avons osé le dire? et pourtant
la chose est possible. Déjà M. J. Prestwich, le savant
(1) Plusieurs géologues considèrent comme une des preuves
matérielles de l’extrême vie ille sse des haches du diluvium, les
dendrites et surtout une couche de carbonate de chaux déposée
par sublimation qu’on y retrouve, et qu’on rencontre également
sur les cailloux roulés et les silex brisés qui composent, en
partie, le terrain. (Actes du Muséum d'histoire naturelle de Rouen.
Rapport de M. George Pouchet. 1860.)