
autant éloigné de cette langue-souche1. De même qu’en sanscrit,
à côté de la forme primitive svarias, existait aussi la forme
quelque peu modifiée de sourias, de même dans l’idiome scythe,
à côté de la forme svalius, éxislait encore la forme de saulius. En
effet, de svalius dérive, p. ex., le nom des Slaves (p. Svales), et Saulius
(Céleste) était le nom d’un roi scythe, du frère d’Anacharsis
(Hérod., IV, 76). Dans l’origine, Céleste (Saulius), le nom du Soleil,
signifiait, en scythe ainsi que dans les autres langues iafétiques,
non pas Fils du Ciel, mais simplement Dieu qui parcourt la voûte
céleste.
§ 107. lie Soleil divinité zoomorplie. — Dans l’origine,
lorsque le soleil fut considéré comme une divinité, il fut
conçu comme un être vivant ayant une puissance surhumaine ; mais
comme il n’y avait rien dans sa forme ronde qui pût être rapporté
par l’imagination à la forme humaine, ce dieu fut conçu primitivement
comme étant un animal divin ou une divinité zoomorphe. A
cause de la chaleur fécondante et de la course rapide et frémissante
qu’on attribuait au Soleil, l’imagination des peuples primitifs iafétiques
se figurait cette divinité zoomorphe comme un animal mâle, en
chaleur, soit un taureau, un étalon, un bélier, un verrat, un renne,
un cerf, etc., v. p. 190. Aussi donnait-on au Soleil zoomorphe, dans
les religions primitives, des noms épithétiques tirés de ces animaux;
et bien que plus lard il fût devenu anthropomorphe, ces
anciens noms d’animaux se sont cependant encore maintenus dans !a
tradition mythologique, et le dieu du soleil a toujours eu pour emblèmes
ces animaux dont on le disait le protecteur et qui lui étaient
particulièrement consacrés. C'est ainsi, par exemple, que, d’après le
mythe hindou, le dieu Vichnous substitué au Soleil s’est incarné dans
le Verrat et a soulevé, avec ses défenses (ses rayons), la terre du fond de
l’Océan (cf. apia, p. 169). Le dieu du ciel Indras, qui fut aussi substitué
à l’ancien dieu Soleil (Sourias), et considéré comme un cheval, portait,
1 La fo rm e svarius o u svalius e s t u n a d j e c t if d é r iv é d e svar o u sval m o y en n a n t
l e d é r iv a t if ia (iu) . E n s a n s c r i t , sourias p r o v ien t d e svarias. D a n s la la n g u e p é -
l a s g e o u k im m é r o - t h r â k e , q u i a p p a r t e n a it à la b r a n c h e kamare, svalius s ’est
c h a n g é e n safeliôs, et c e m o t s ’e s t e n s u it e c h a n g é , d a n s l e c r é t o i s - d o r i e n , en
habelios e t d a n s l ’io n ie n e n hêlios ( p . hahéliosf D a n s l ’é t r u s q u e , q u i appartient
a u s s i à la b r a n c h e kamare, l e n om d u s o le il hafluns e s t u n a d j e c t if fo rm é d e hafl
(z^ sval) m o y e n n a n t l e d é r iv a t if un (in ). A la fo rm e p r im itiv e d o n t d é r iv e hafluns,
l e s H e llè n e s o n t em p r u n té l e n om d e Apollon (p. apoliun-s).
comme tel, les noms épithétiques de Ailé(samsc. vâdjin) etde Coursier
(sansc. arvan). Dans le chant théogonique de Dîrghàtamas il est dit :
« Du soleil, ô dieux brillants i,vous avez fait un cheval —
, «Lorsque d’abord tu hennis,,après ta naissance,
« Étant sorti de l’Océan des eaux et des airsj *
« Avec des' ailes de faucon et dès'cuisses de cerf,
« Alors', ô Coursier ! s’élèva à toi une grande louange: » * *
Les peuples scythes voyaient aussi primitivement dans le Soleil
(Svalius) un étalon (scyth. ihvus), ou un bélier (scylb. vriskus), ou un
verrat (scyth. aiprus), ou un renne (scyth. tarandus) ou un cerf (scyth.
vrindus ; pélasge brendos); et l’on ne saurait douter que ce dieu
zoomorphe n’ait porté anciennement les noms épithétiques de Ihvus,
de Vriskus, de Aiprus, de Tarandus, de Vrinc/i/.?, etc. Les Scythes
guerriers aimaient surtout à considérer le Soleil comme un Etalon
fougueux, parcourant rapidement les espaces célestes et répandant
ses rayons de lumière et de chaleur par ses yeux, ses naseaux, sa
crinière luisante et sa queue flamboyante.1 Voilà pourquoi i 1 est dit
{Hérod., 1,1216) que les Massa-Gètes, même à une époque où ils adoraient
déjà le Soleil comme un dieu anthropomorphe, lui donnaient
cependant encore l’ancien nom traditionnel de Cheval, le plus rapide
des animaux. De tout temps les Scythes aussi bien que les Hindous,
les Perses, lesRhodiëns, lés Lacédémoniens, etc., immolaient
au Soleil le cheval, parce qu’il lui était particulièrement consacré.
C était aussi au dieu Soleil qu’étaient consacrés les chevaux blancs
qu’on entretenait, en Scythie, pour le culte dè celte divinité, dans
les gras pâturages, sur les bords du lac Hypanis (Hérod., IV, 52).
§ 108. «lieu du soleil V a itu -s liu ru s . — Plus tard
Svalius (le Soleil) ne fut plus considéré comme une divinité zoo-
tnorphe, mais comme un dieu anthropomorphe, présidant à l’astre
du soleil zoomorphe. Par ce changement, qui s’opéra dans la conception
du dieu, il arriva qu’à la place d’un seid être divin, savoir
le dieu Soleil zoomorphe, il y en eut deux distincts l’un de l’autre,
savoir l’astre, le divin soleil zoomorphe, et le dieu anthropomorphe
qui y présidait. Svalius s’étant ainsi dédoublé, le soleil zoomorphe
resta à peu près ce qu’il avait été antérièurement; mais la divinité
anthropomorphe, nouvellement conçue, dut revêtir un personnage
humain particulier. Or, l’homme n’attribue à ses dieux d’autres ca