
souvent faite : pourquoi ne voit-on de vos haches qu’à
Abbeville et à Amiens?
Quelques-uns même ajoutaient : comment se fait-il
que ces haches que, selon vous, on doit trouver partout,
il n’y ait que vous qui les trouviez?
En effet, avant les recherches faites à Amiens en 1853
par le docteur Rigollot, personne, pas même les ouvriers,
n’en avaient aperçu une seule, même à Saint-Acheul, où
elles ne sont pas rares.
C’est aussi ce qui était arrivé à ceux d’Abbeville, quinze
ans avant: ils n’en virent que lorsque je leur appris à
en voir. 11 en est encore ainsi des nouveaux terrassiers,
qui ne les découvrent que du jour où ils ont intérêt à
le faire.
Toujours infatigable, M. Prestwich fit à Abbeville et
à Amiens une troisième excursion ; il étudia non seulement
les bancs, mais la vallée entière. C’est à la suite
de ce dernier voyage qu’il lut à la Société Royale (1 ) un
nouveau rapport où il s’exprime ainsi :
« La non existence de l’homme sur la terre jusqu’après
« les derniers changements géologiques et l’extinction
« des mammouths et autres mammifères gigantesques,
« était presque considérée comme une chose manifeste
« et un fait établi. Mais maintenant cet article de foi de
« la science doit être révisé, et voici des instruments
« trouvés de main d’homme, découverts dans les pro-
« fondeurs du globe. »
M. Prestwich, rectifiant les faits en conséquences,
prend les conclusions suivantes :
(1 ) V o ir le s jo u rn a u x a n g la is d u m o is d e sep tem b r e 1859,
n o tam m en t le Gateshead observer du 10
yjo £e.s in s tr u m e n ts en s i l e x so n t l’oe u v r e d e s h om m e s ;
2 ° I l s o n t été tr o u v é s d a n s d e s te r r a in s v ie r g e s ;
3 ° I l s é ta ien t j o in t s à d e s d é b r is de ra c e s é te in te s ;
4° Cette p é r io d e é ta it u n e d e s d e rn iè r e s d e s tem p s g éo lo giques
e t a n té r ie u r s au tem p s où la s u r fa c e de la te r r e a v a it
reçu sa c o n f ig u r a tio n a c tu e lle (1 ).
Mon procès était gagné en Angleterre, comme il l’avait
été en Amérique, grâce aux publications de MM. L.
Agassiz, W. Usher, H.-S. Patterson (2); mais il fallait
le gagner en France. Plusieurs difficultés étaient aplanies
: M. I. Geoffroy Saint-Hilaire qui, depuis plusieurs
années, avait cru à mes découvertes, et qui, plus hardi
que d’autres professeurs, n’avait pas craint de les citer
dans ses cours, demanda que, de son côté, Paris fit une
vérification. M. Albert Gaudry, naturaliste attaché au
Muséum d’histoire naturelle et déjà connu par des travaux
paléontologiques fort estimés, fut désigné. Ce jeune
savant se rendit donc le 7 août 1859 à Amiens et le 9 à
(1) Aux n om s d e s sa v a n ts a n g la is déjà c ité s q u i, d an s c e s derniers
tem p s, o n t c o n tr ib u é à rép an d r e du jo u r su r c e tte q u e s tio n ,
nous d e v o n s a jou te r c eu x du r év é r en d A. H um e, d e L iv e rp o o l; d e
MM. Ch. Roach S m ith , l ’a u teu r d e Collectanea antiqua; Miles
Gerald Keon, s o u s -g o u v é rn eu r d e s B e rm u d e s; James W y a tt , d o n t
on a remarqué le s a r tic le s d an s les jo u rn a u x a n g la is de 18 5 9 e t
1860; T .-Y . A k e rm a n , Clarkson N e a le , Alfred D u n k in , James
Yates, John T h u rn am , W .-M . W y lie , W a r n e , H.-C. S o rb y . Je d o is
aussi des r em cr c îm en ts à M. F e r g u so n q u i, par d e s tr a d u c tio n s
aussi é lé g a n te s q u e fid èles d e s a r tic le s a n g la i s , a g r a n d em en t
contribué, en 1859 e t 1 8 6 0 , à p o p u la r ise r en Fran c e c e tte g ran d e
question g é o lo g iq u e .
(2) Voyez Types ofmankind, by j . c . N o tt and g e o . R. G lid d o n ,
Pages 327 à 3 7 3 . P h ila d e lp h ie , 185 4 .