
Olaf surnommé le Paon (non*. Pâ) avait orné les parois en planches
(■veggthiliar) de son habitation.
La musique, dans sa forme primitive, comme musique instrumentale,
ne semble pas encore avoir existé chez les Scythes; du moins
Aihêas, roi des Scythes, après avoir entendu le Grec Isménias,
célèbre joueur de flûte, et pour lors son prisonnier, jouer de cet
instrument, assura par serment qu’il éprouvait plus de plaisir aux
hennissements de son cheval qu’aux sons harmonieux de la flûte
[Plutarch., Apopth.). La musique instrumentale naquit sans doute
chez les Gètes par l’exemple et sous l’influence des Keltes-Kimmé-
j jesqui, ainsi que les Kimro-ihràkes, préféraient l’instrument à
corde appelé L’Hirondelle (Kruzda, chrotta), ou la lyre (cf. Orphée,
Apollon) à la flûte des anciens Grecs asiatiques. Aussi les Gètes
adoptèrent-ils de préférence la cithare (brunchos, Hésych., I, 775;
norr. harpa; slav. guzla), qui resta également le principal instrument
de musique chez les Scandinav.es et chez les Germains. Le jeu
de la cithare servait surtout d’accompagnement àu chant (goth.
sangus) ; et le chant était une modulation déclamatoire (cf. singgvan,
déclamer, lire, chanter), qui n’avait pas autant pour but de flatter
l’oreille sous le rapport musical, que de servir de rhythme à la
poésie sous le rapport oratoire. C’est pourquoi on appelait Chanteurs
(goth. liuthareis) ceux qui savaient déclamer ou chanter les
poésies religieuses ou héroïques avec accompagnement de la cithare.
Tels étaient, déjà au quatrième siècle avant notre ère, les
prêtres citharistes chez les Gètes (Athcn., XIV, 24; Steph. de Byz.,
s. v. Getia) ; tels étaient, selon la tradition, le prince goth Gelimer
(vers533), et le roi danois Ragnar Braie-velue, qui, avant de mourir,
chantèrent leurs propres éxploits, en s’accompagnant de la
cithare. La musique instrumentale ne servait qu’indirectemenl
d’accompagnement à la danse. Car les danses guerrières (goth.
laiks, v. p. 111) et, plus lard, les autres espèces de danses s’exécutaient,
comme cela se pratique encore aujourd’hui en Suède et
en Norvège, avec accompagnement de chants rhylhmiqucs ou
de ballades (lat. ballistea; Vopisc., Aurel., C; prov. ballala, chant
de bal), lesquelles, en tant que poésies, étaient quelquefois encore
accompagnées de musique instrumentale (norr. leikr).
§ 'S'tt. Origine «le la jioï-Hie s le eliant de guerre. —
La forme la plus ancienne de la poésie chez les peuples scythcs
était le chant de guerre, déclamé en choeur par les guerriers avant le
combat. Tel était, chez les Germains, encore du temps de Tacite
(Germ.., chap. 3), le bardilus (chant du bouclier), ainsi appelé parce
qu’on le chantait à la guerre en tenant le bouclier (norr. bardi)
devant la bouche. Après le chant de guerre vint le chant guerrier,
qui portait par excellence le nom de chant (goth. sangusnorr.
lioth), parce qu’on y célébrait, surtout aux festins des Grands
(v. p. 112), les exploits des héros et des guerriers, qui étaient le
sujet principal et le plus honorable de la poésie. Aussi la poésie
épique, toujours intimement unie, à cette époque, à la poésie lyrique
et à la musique instrumentale, portait-elle également le nom
de chant (v. Les Chants de Sol, p. 27). Aux fêtes nationales
(v. § 178) et dans les cérémonies religieuses, on chantait les
actions des dieux, des demi-dieux et des anciens héros. Ces poésies,
qui avaient pour sujet la tradition mythologique et épique,
portaient le nom de Chants de la tradition (norr. sôgu-liôth, mâl).
La poésie des peuples gètes était donc, comme en général
loute poésie primitive, une espèce de poésie lyrico-épique; elle
était essentiellement épique ou narrative, parce, qu’elle racontait
les actions traditionnelles des dieux ou les hauts faits des guerriers;
elle était en même temps essentiellement lyrique, parce
qu’elle chantait ce qu’elle racontait, avec la passion et l’enthousiasme
du sentiment lyrique. Quelquefois cette poésie se rapprochait
du genre dramatique, toutes les fois qu’elle était accompagnée
d’ime danse guerrière et d’une représentation mimique (cf. to go-
thikon, p. H l)1. Dans l’origine, la poésie était improvisée sur un
sujet fourni par la tradition ou par l’événement réel, et elle se servait
de formes rhythmiques et d’expressions lyrico-épiques, consacrées
par l’usage, et pour ainsi dire stéréotypes. L’individualité,
‘ En Espagne,'la danse mimique paraît avoir été introduite par les Goths
chrétiens dans les cérémonies du culte. « Pendant l’octave qui précède l’anni-
«versairc de la conception de Notre-Dame, du 1er au S décembre, le service du
* soir dans la cathédrale de Séville est suivi d’une singulière-cérémonie; Six en-
« fants habillés trôs-riehement, avec les costumes des seigneurs du dix-septième
«siècle, viennent chanter devant le grand-autel dans le choeur de l’église et
« Unissent par une danse grave, en s’accompagnant des castagnettes. Cette figure
«chorégraphique, qui s’est transmise jusqu’à nos jours, remonte, dit-on, au
«quatrième ou cinquième siècle, et se célèbre, selon l'usage antique des Goths,
* telle qu’elle fut réglée par eux. L’archevèque assiste à cette cérémonie, qui se
«fait lo soir. » (L'Illustration, numéro du 11 décembre 1858.)